Spéculations philosophiques 

 

François Brooks

2006-01-27
rev. 2022-11-11

Essais personnels

 

Preuve scientifique
de l'existence de Dieu [1]

SOMMAIRE

Peut-on démontrer « scientifiquement » l'existence de Dieu ?

Preuve statistique

Appuyé par Kant, Gödel et Popper

La science est une religion comme une autre

Où voulez-vous en venir ?

Peut-on démontrer « scientifiquement » l'existence de Dieu ?

Dieu est un être exceptionnel qui possède tous les attributs, y compris celui de ne pas exister.

F. B.

Commençons par écarter une conception erronée. Dieu n'est pas une personne physique susceptible d'apparaître matériellement à quelques privilégiés. Comme le Père Noël, c'est un personnage conceptuel. En tant que réalité matérielle, toute représentation de Dieu serait une imposture. Autrement dit, si quelque chose d'observable immédiatement par les sens se présentait comme « Dieu en personne » ce ne serait évidemment pas Dieu puisque, par définition, l'Être Suprême est illimité et infini. Quelque chose de fini — en l'occurrence, l'humain — ne peut évidemment pas percevoir l'infini directement. Or donc, si Dieu peut être perçu, ce n'est jamais que partiellement. Il n'est donc pas accessible dans son entièreté.

Maintenant, la science peut-elle démontrer l'existence de Dieu, ne serait-ce que partiellement ? Essayons. Définissons d'abord ce que l'on entend par « scientifique ». Sommes-nous d'accord pour englober les trois critères suivants ? :
      1. Observable
      2. Mesurable
      3. Reproductible
Ce sont les critères fondamentaux généralement admis en épistémologie des sciences, formulés par Francis Bacon. OK ? ... Bon.

Bref, si j'arrive à montrer qu'il existe quelque chose d'observable, de mesurable et de reproductible qui ne soit pas accessible directement en personne, mais qui se manifeste par un phénomène répondant à la conception générale de la bonté divine, on pourra dire que l'existence de Dieu est prouvée scientifiquement. Allons-y !

Preuve statistique

C'est bien connu, ceux qui croient en Dieu, statistiquement, vivent plus vieux et en meilleure santé que les non-croyants.[2] Ce fait, on l'a observé, mesuré, et l'on peut répéter l'observation dans une variété de cultures, et dans tous les pays. C'est une réalité pratique factuelle incontournable telle que William James le montre par le pragmatisme dynamique.

Mais j'entends déjà les objections. Comment peut-on conclure à l'existence de Dieu avec cette observation ? Comment affirmer que c'est vraiment le Bon Dieu qui cause l'effet ? Je répondrai par une autre question. On a démontré scientifiquement l'existence de l'atome (la plus petite partie insécable de la matière), n'a-t-on pourtant jamais vu un atome ? Si l'on considère « scientifique » l'existence des atomes sur la seule observation des effets que la théorie atomique avait prévu, pourquoi devrions-nous réfuter l'existence de Dieu alors que l'on peut parfaitement observer, mesurer et répéter les effets positifs de la foi sur les humains ?

Mais, me direz-vous, comment pouvons-nous prétendre que c'est Dieu, tel que défini dans la Bible, qui en est la cause ? Je répondrai encore par une question analogue. L'atome, tel que défini étymologiquement, devrait être la plus petite partie insécable de la matière. Chacun sait pourtant que l'atome se divise en sous-composants dont la fission provoque la libération d'une immense quantité d'énergie. Les accélérateurs de particules nous ont d'ailleurs permis d'observer des phénomènes dans l'infiniment petit dont nous ne savons plus trop si les particules subatomiques sont une onde ou de la matière. En définitive, on ne sait plus vraiment ce qu'est la matière. De plus, l'atome n'est plus atome puisqu'il est composé de particules qui rendent donc son appellation erronée. De quoi est donc composée la matière ? Peut-on véritablement dire que l'atome, tel que défini, existe scientifiquement ? Mais à cette échelle, on ne sait plus trop ce que l'on observe, même si l'on prétend que nos observations sont « scientifiques ». Pourquoi ne pourrait-il pas en être de même pour Dieu et la foi ? — Une chose impossible à observer directement, mais dont l'existence est indéniable en vertu des effets observés sur la réalité.

Ne pourrions-nous pas reconnaître que la science et la foi nous mènent toutes deux à explorer des mystères qui s'approfondissent graduellement à mesure que progressent nos recherches, mais que ni Dieu (symbole suprême de l'esprit) ni l'atome (symbole suprême de la matière) ne peuvent véritablement être observés parce que l'un et l'autre sont des concepts. C'est-à-dire que l'on postule leur existence par la foi (l'hypothèse), et que nous produisons des recherches scientifiques pour essayer de les comprendre tout en sachant à l'avance que des concepts aussi épurés ne pourront jamais être observés directement puisqu'ils indiquent une direction (une représentation) et non la chose en soi.

Nous tendons vers Dieu et l'atome (le spirituel et le matériel) par la foi en des concepts. La foi est à la religion ce que l'hypothèse est à la science. Et nous utilisons une méthode scientifique pour évaluer, mesurer, à quel point l'on s'en approche. Les progrès obtenus témoignent scientifiquement de l'avancement des recherches, mais prétendre que l'on a touché au but serait une hérésie de la même manière qu'une preuve scientifique n'apporte jamais une certitude plus absolue que la faiblesse des instruments qui mesurent l'hypothèse qui la supporte. D'ailleurs, une preuve scientifique n'a pas plus de valeur hors du contexte de l'hypothèse qui la commande, que la foi dans un concept erroné.

Qu'y a-t-il donc de sacrilège à faire la démonstration scientifique de l'existence de Dieu ? On sait pourtant que la science procède d'hypothèses et de certitudes relatives, alors que l'on refuse carrément l'incertitude sur Dieu : il faut savoir ! Les croyants assurent que Dieu existe et les athées demandent des preuves irréfutables pour y croire. Mais la science procède du doute ; pourquoi la foi se l'interdirait-elle ?

Toute foi ne comporte-t-elle pas sa part de doute ? La foi n'est-elle pas un pari de confiance envers une incertitude (Pascal) ? Pourtant, religieux et scientifiques sont aussi croyants les uns que les autres. Le sacrilège relève d'une indignation ressentie comme légitime dès que l'on contrarie notre croyance ; et sur ce terrain, religieux et scientifiques logent à la même enseigne. Ce qui choque l'athée c'est de voir la confiance des autres dans des choses où il en serait incapable. L'athée refuse les risques ; il ne veut compter que sur les choses qu'il contrôle. Pourtant, comme pour tout le monde, tant de choses lui échappent, et génèrent l'angoisse qui mine sa santé.

Appuyé par Kant, Gödel et Popper

Aidons-nous de Kant, Gödel et Karl Popper pour approfondir la question.

Kant a établi en quoi la science véritable relève d'un domaine que nous ne pouvons confondre avec la foi. Il montre dans la Critique de la preuve ontologique de Dieu et dans L'idée de Dieu : Idéal suprême de la raison que la réalité objective de Dieu ne peut être ni démontrée ni réfutée. Dieu n'existe donc qu'en vertu de la foi ; c'est-à-dire de la confiance qu'on y investit.

Gödel, pour sa part, a formulé le Théorème d'incomplétude[3] qui montre que, d'aussi loin que l'on puisse approfondir nos connaissances, tout système relève nécessairement d'au moins un élément sur lequel il va falloir parier : un indécidable. C'est-à-dire que la science relève en quelque sorte d'une foi — aussi minime soit-elle — et que le scientifique qui pense détenir une vérité empirique absolue oublie qu'il fait lui-même partie d'un système qu'il influence en l'étudiant (cf. Chat de Schrödinger). Il doit décider, c'est-à-dire parier sur au moins un élément incertain pour que la magie de sa science opère. Parier n'est pas savoir ; c'est croire (cf. le beau pari de Pascal).

Enfin, Karl Popper a montré par la Théorie de la Réfutabilité que l'essence même de ce qui est scientifique implique la falsifiabilité. Autrement dit, si une théorie n'admet aucune réfutation, elle ne relève pas de la science, mais de la foi. Pourtant, toutes les sciences sont basées sur des postulats et des axiomes non démontrés qui engagent la foi des scientifiques.

Ainsi, pour démontrer « scientifiquement » l'existence de Dieu, nous devons passer du champ de la foi au champ de la science. Kant a montré l'irréconciliabilité des deux domaines. Mais puisque la science n'est science que dans le doute (avec Popper) et que Gödel montre son incertitude, la science relève donc finalement de la foi.

En somme, en approfondissant nos raisonnements, on s'aperçoit que la statistique prouvant l'existence de Dieu est peut-être scientifique, mais elle repose, comme toute science, sur des hypothèses qui nécessitent le recours à la foi. La science n'a rien d'absolu ; elle ne fournit que des contextes d'observation qui font apparaître les phénomènes recherchés. Et elle se prête même parfois à des hypothèses vraies, mais absurdes, par exemple en postulant que nous sommes statistiquement confortables avec le derrière dans le four et la tête dans le congélateur.

La science est une religion comme une autre

Dans le Wedge Document, l'administration George Bush annonce le projet de démontrer « scientifiquement» le créationnisme. Aussi louable que puisse être le projet sur le plan moral, il est clair qu'il n'est qu'un subterfuge pour contourner la Constitution états-unienne qui statue que le pays est laïque et reconnaît la liberté de culte. Si cette entreprise réussissait, la science dans ce pays deviendrait alors la foi dominante. Ceci consacrerait un état de fait qui est à mon sens assez général : la science est une religion parmi d'autres.

Mais comment la science pourrait-elle progresser si elle devenait un dogme de Vérités révélées ? C'est ici que la science se distingue. C'est une religion qui admet que ses dogmes — ses hypothèses — soient erronés. C'est-à-dire qu'elle se réserve le droit de réexaminer à tout moment les preuves qui les supportent.

On reconnaît le scientifique chevronné aux précautions qui s'ajoutent à chacune de ses affirmations. Il prend toujours la peine — au risque de saouler l'auditoire — d'ajouter mille détails pour préciser le contexte de ses observations. On s'attend à des propositions générales fermes, des conclusions irréfutables, mais il ne décrit que des situations particulières en soulignant les limites au-delà desquelles ses recherches seraient erronées. Si bien qu'au sortir de la conférence, on n'en sait pas plus. On était venu chercher des certitudes ; on repart avec le doute. En fait, toute situation est entourée de si nombreuses circonstances qu'il reste toujours des incertitudes, des imprévus, des contingences qui changent la donne. La vérité scientifique se mesure toujours en termes de statistiques et de pourcentage d'erreur. Bref, la science c'est le doute ; la preuve scientifique n'apporte aucune certitude absolue. Le terme « preuve scientifique » est un oxymore.

Où voulez-vous en venir ?

2007-07-22

Bonjour, je me présente, je m'appelle Margaux Delplanque et suis tombée par hasard sur votre site : « Preuve scientifique de l'existence de Dieu » J'aurais aimé vous poser une question... Votre but dans cette réflexion est-il de prouver l'existence de Dieu, ou de prouver l'appellation erronée de l'atome ? Je ne suis pas sûre d'avoir bien saisi le rapprochement...

* * *

2007-07-23

Bonjour chère Margaux Delplanque,

Votre question est pertinente puisque je n'ai pas annoncé explicitement le but de ma démarche, et votre intuition est juste : il manque quelque chose à ce texte.

Mon but réel est le suivant :

Enthousiaste de philosophie depuis 20 ans, il m'est arrivé de constater à maintes reprises que, dans tout raisonnement rationnel, il existe un point sensible où, si l'on est un peu malin, on peut mettre le grain de sable qui fait voler en éclat la cohérence. Schopenhauer l'a montré dans L'art d'avoir toujours raison. Tout argument rationnel ne tient qu'en vertu d'une illusion opérante selon le contexte où il apparaît. Berkeley a pour sa part montré dans sa thèse immatérialiste qu'il est illusoire de croire que nous vivons dans un monde matériel. Gödel a aussi montré qu'il y a toujours quelque chose sur quoi la science ne sera jamais complète, et où la foi lui devient nécessaire. Nietzsche l'a résumé ainsi : « Dans toute philosophie, il y a un point où la « conviction » du philosophe entre en scène. » C'est ce que j'appelle le mensonge fondateur. La foi est partout, tapie sous la forme scientifique des belles propositions qui contiennent toujours des présupposés sans lesquels elles n'auraient aucun sens. Elle est aussi présente que l'air, mais, absorbés par nos besognes, nous oublions que l'on respire. (Et pendant que je vous écris, je suis parfaitement conscient de l'ambiguïté de mon propos puisqu'il est construit aussi sur des arguments rationnels réfutables.)

Notre rationalité n'a cessé depuis Nietzsche de trouver des arguments qui réfutent l'existence de Dieu, hochet métaphysique avec lequel j'aime bien jouer quand je le considère sous son seul aspect philosophique. La rationalité française se plaît souvent à désavouer l'existence de Dieu ; il m'a paru un défi intéressant de trouver des arguments rationnels pour en démontrer l'existence, et ainsi montrer une fois de plus que dans le cas « Dieu », il est impossible de trancher, puisque les arguments des autres valent bien les miens. N'est-ce pas ?

L'atome est aussi un jouet métaphysique. Personne n'en a jamais vu un seul sinon que par déduction logique d'observations d'expériences de laboratoire. Pour commencer, comme vous l'évoquez, l'atome porte-t-il bien son nom ? Ce que nous appelons l'atome aujourd'hui est-il véritablement la plus petite partie insécable de la matière ? Comme nous n'en savons rien, les spéculations sont ouvertes. Du plus profond que nous sommes allés dans la matière en termes de « zoom in », la plus petite partie insécable nous apparaît tantôt comme une onde (énergie) tantôt comme de la matière (une particule), selon le point de vue où l'on se place pour l'observer, mais jamais les deux à la fois (voir Heisenberg et La relation d'incertitude). Ceci ne vous rappelle-t-il pas la sempiternelle question philosophique à savoir si l'humain est corps ou esprit ?

Ce que j'en pense ? C'est que l'existence de Dieu n'a pas besoin d'être démontrée puisqu'Il est une entité nécessaire. Dieu n'existe pas par quelque démonstration rationnelle qui pourrait d'ailleurs voler facilement en éclat. Il existe parce que nous ne pouvons philosophiquement pas nous en passer. C'est, dans de nombreux domaines, l'autorité suprême (peut-être illusoire, mais là n'est pas la question) à laquelle il est commode de se référer parce que nous n'avons jamais trouvé rien de mieux pour boucler notre compréhension l'Univers.

Par exemple, dans le monde humain, où chacun y va de son propre point de vue, quelle est la référence ultime ? Si vous étudiez auprès d'un maître, qui donc lui a enseigné ? Et à ce maître de votre maître, qui encore ? Et ainsi de suite... jusqu'à l'Être suprême, référence floue, mais toutefois nécessaire. Quand vous jurez à la cour, si vous refusez de le faire sur la Bible, vous le ferez sur votre honneur. Mais quelle est la définition de l'honneur ? Qui donc garantit cet honneur ? Et qui nous garantit l'honneur de cet honneur ? Et ainsi de suite... Du plus loin que notre réflexion se projette, on se rend vite compte qu'on a besoin d'un appui. En philosophie, l'appui ultime, le « premier moteur immobile », comme le nomme Aristote, c'est Dieu. Non pas un Dieu rempli des humeurs d'Homère ou d'Abraham, et encore moins un Dieu bon puisque le monde créé est rempli de souffrances infinies, mais un Dieu qui garantit l'Univers. L'incertitude chronique universelle dans laquelle baigne l'humain en général l'a amené à forger un concept de garantie de l'Univers qu'il appelle Dieu. C'est la référence ultime qui nous garde de la folie. C'est peu de chose, mais nous n'avons rien d'autre que la foi en cet Être pour stopper le cirque interminable des pourquoi qui troublent l'esprit.

Mais encore là, cette construction philosophique rationnelle a ses limites. La Perfection, l'Infini, la Vérité ne peuvent qu'être évoqués, et seul un Dieu infini (et donc indéfinissable) peut les garantir. Mais, me direz-vous, à quoi sert une référence absolue inaccessible ? Je répondrai par la science de Socrate. Comme il savait qu'il était ignorant, ceci en faisait le plus sage des hommes. Ainsi donc, comme nous savons que Dieu est indéfinissable, nous savons donc que celui qui ose en parler est très loin de ce qu'on pourrait désigner comme le véritable Dieu. Autrement dit, quoi que l'on puisse dire sur Dieu, on se trompe. Lao-tseu avait formulé quelque chose d'analogue dans le Tao te king : « Le Tao dont on peut parler n'est pas le Tao Éternel ».

L'enseignement biblique montre qu'il est impossible (interdit) de nommer Dieu. Ainsi, le Livre le désigne donc par ses attributs et le nomme « l'Innommable », « l'Éternel » et tant d'autres termes qui illustrent notre fondamentale incapacité à le saisir, à l'enfermer dans un petit vocable de quatre lettres. Cette sagesse, le philosophe doit la retrouver sinon toute sa philosophie n'est que vaines arguties. Mais les vaines argumentations sont parfois amusantes, et mon texte n'a été écrit que pour le simple plaisir de raisonner. Je l'ai écrit pour vous aussi peut-être qui avez eu l'audace d'essayer d'aller un peu plus loin, et d'essayer de comprendre.

« Peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science en rapproche », disait Pascal. Et plus proche encore est celui qui sait qu'il en est infiniment loin, disait en substance Nicolas de Cues. Socrate était le plus savant des hommes parce qu'il était conscient de son ignorance. Ces formules disent essentiellement la même chose. Voilà où se rencontrent toutes les sagesses et les plus grandes philosophies : un lieu où les sagesses orientales, occidentales et théologiques s'entendent sur le même point, à savoir qu'il faut approcher Dieu et les notions qui l'entourent avec la plus grande circonspection. De là peut-être vient le besoin du respect pour Dieu ; devant l'inconnaissable, il est bon d'être méfiant de soi et des tergiversations intellectuelles qui nous entraînent dans des chausse-trappes amusantes.

C'est pourquoi l'Orient rigole beaucoup en philosophie ; pensons au bouddha rieur bon vivant et insouciant. Un philosophe qui est austère, sévère et sentencieux, comme c'est trop souvent le cas en Occident, n'est pas sérieux. « Si l'on ne rit pas, ce n'est pas de la philosophie », disait mon ami Guy Tétreault qui a passé 20 ans à étudier la sagesse indienne, et qui tente de l'enseigner aujourd'hui au Québec. Bien sûr, il ne s'agit pas d'un rire sardonique, sarcastique, cynique ou ironique. C'est le rire de l'illumination, celui de l'humain qui a compris soudainement dans sa méditation qu'il n'y avait rien à comprendre et qui s'était imaginé vainement que son esprit limité pouvait faire le tour de l'univers et l'enfermer dans sa petite boîte crânienne, y compris Dieu.

Formé à la sublimation de la rationalisation occidentale, pour m'en guérir, j'essaie désormais de trouver les failles dans les raisonnements. Cette logique peut d'ailleurs s'appliquer dans de nombreux domaines. Quand le discoureur trouve des formules bien roulées pour enchanter votre esprit, parle-t-il de la Vérité (d'ailleurs, qu'est-ce que la Vérité ?) ou bien ne cherche-t-il pas à se convaincre lui-même de la validité de son raisonnement en l'exposant à votre jugement ? Et plus vous vous y opposerez, plus il enchérira d'arguments pour affermir sa conviction.

Mais dites-moi, Margaux, qu'est-ce qui vous intéresse chez Dieu ? Quel usage en faites-vous personnellement ?

Merci pour l'occasion de cette réflexion.

Amicales salutations.

F. B.

[1] Suite à la parution du numéro hors série du Nouvel Observateur en réaction au Wedge Document parrainée par le Président des États-Unis George Bush, j'ai voulu participer en rédigeant ce texte qui expose un point de vue absent du débat : l'agnosticisme.

[2] « Un nombre accru d'études démontre les bienfaits des croyances et des pratiques religieuses sur la santé. Une méta-analyse récente provenant de 42 études rendues publiques qui porte sur environ 126 000 participants révèle que les malades qui sont de fervents pratiquants sont aptes à vivre plus longtemps que ceux qui le sont moins (McCullough, Hoyt, Larson, Koenig et Thoresen, 2000). » Association des intervenantes et intervenants en soins spirituels du Québec (AIISSQ), Livre blanc sur la pastorale, 2000, page 11.

[3] Énoncé simplifié du théorème d'incomplétude : « Dans toute branche des mathématiques suffisamment complexe (par exemple l'arithmétique), il existe une infinité de faits vrais qu'il est impossible de prouver en utilisant la branche des mathématiques en question. » En d'autres mots, on ne peut prouver quoi que ce soit sur un système en utilisant des termes qui font partie du système dont on cherche à prouver les éléments. Ce serait comme définir un terme en bouclant la définition sur le terme en question : la tautologie n'explique rien ; elle mène à l'impasse de l'ouroboros.

Philo5
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