Cogitations 

 

François Brooks

2022-09-13

Essais personnels

 

Raël, réel, raëlisme

SOMMAIRE

Introduction

Raël, réel, raëlisme, Israël, he is real

Christ — Maitreya — Maitraya

Coup de théâtre ! Claude Vorilhon est mythomane

La foi de Raël

Les gens heureux n'ont pas besoin de Dieu

Les adeptes sont-ils vraiment dupes ?

Pourquoi le Mouvement raëlien persiste-t-il ?

Aujourd'hui, 2022

Introduction

« D'où venez-vous ? »
Il me répondit d'une voix puissante, très bien articulée, mais légèrement nasillarde :
« De très loin...
— Vous parlez le français ?
— Je parle toutes les langues du monde.
— Vous venez d'une autre planète ?
— Oui ».

Claude Vorilhon, Le Livre qui dit la Vérité, 1974.

Claude Vorilhon fonde la religion raëlienne en 1974 en publiant Le Livre qui dit la Vérité. Il raconte avoir été contacté par les Élohim (ceux venus du ciel) descendus en soucoupe volante le rencontrer personnellement, en France, avec l'intention de lui confier une mission extraordinaire : révéler à l'humanité la vérité sur l'apparition de toute vie sur Terre, incluant la fabrication de l'humain en laboratoire extra-terrestre pour ensuite l'implanter sur la planète.

Les Élohim rebaptisent Claude du nom de Raël — dernier prophète — et le chargent de répandre la bonne nouvelle à l'humanité entière. Non, l'humanité n'a pas été créée de façon magique par un Dieu immatériel, mais en vérité, la Genèse biblique raconte l'histoire des Élohim — humains comme nous — ayant 25 000 ans d'avance technologique. Ils maîtrisent parfaitement la biogenèse en laboratoire. Ce sont eux qui nous ont créés après avoir aménagé sur terre l'environnement nécessaire à notre survie.

L'année suivante, en 1975, Vorilhon publie Les Extra-terrestres m'ont emmené sur leur planète. Il poursuit le récit en affirmant que les Élohim reviennent le visiter, mais cette fois, ils l'emmènent sur leur planète pour visiter le paradis et lui prouver ce qu'ils avancent en le clonant lui-même sous ses propres yeux. Dans la théologie raëlienne, il est un clone réincarné de Jésus qui était une réincarnation du Bouddha qui était une réincarnation de Moïse et ainsi de suite, incluant tous les prophètes majeurs.

Le récit de Vorilhon donne une interprétation réaliste de la Bible très plaisante à l'esprit. Inutile de croire ; il n'y a qu'à comprendre tous les mystères du Saint-Livre par des explications scientifiques.

En cette époque de progrès technologiques matérialistes et de conquête spatiale, le monde entier avait les yeux braqués sur le ciel, et les journaux rapportaient chaque semaine le témoignage de gens qui observaient des OVNIs, y compris celui du président Jimmy Carter [1]. Raël surgit pour confirmer les hypothèses de Jean Sendy dans Ces dieux qui firent le ciel et la terre, publié en 1968. Tous les mystères célestes s'expliquent avec la présence des extra-terrestres.

Depuis l'enfance, nous avions cru sincèrement les extravagances miraculeuses des mystifications bibliques ; les Élohim apportent maintenant la validation de ces croyances par la technologie. Désormais, inutile de croire, il n'y a qu'à savoir. La science délivre de la foi. Mais peut-on accorder le bénéfice du doute à quelqu'un qui affirme quelque chose d'aussi extraordinaire, et dont il est le seul à pouvoir témoigner ?

Raël, réel, raëlisme, Israël, he is real

Le raëlisme de Raël est un réalisme ancré dans la vérité du peuple du Livre : Israël. Consonance évocatrice autoréalisatrice engageant spontanément la foi, le raëlisme se réalise chaque fois que l'on prononce le nom du prophète. Ingénieux patronyme aussi efficace que le cogito de Descartes où le philosophe postule deux fois sa propre personne dans la formule tautologique : « Je pense, donc je suis », qui fonde doublement l'individu avant d'identifier l'existence à la pensée.

Reformulé autrement, le philosophe dit : « Je suis " Je " qui est l'être qui pense. » Descartes s'hypnotise lui-même en élaborant une formule qui fonde la totalité du monde sur son ego doublement postulé qu'il identifie à la pensée. Descartes n'explique rien ; il postule son existence dans une boucle autoréférentielle. Comme par magie, tout le reste s'en suit. De même, Raël est réel. Abracadabra, le langage produit la consistance de la réalité de Raël dans le raëlisme qui est « réaliste ». Quadruple boucle autoréférentielle où Raël s'identifie à la réalité.

Les mots agissent comme un effet d'optique mental incontournable. On aurait beau savoir que la chose provoque une illusion ; impossible d'y échapper. Plus encore, nous sollicitons délibérément l'illusion qui confère le sens recherché.

Christ — Maitreya — Maitraya

La croyance messianique existe aussi dans la tradition bouddhiste. Le Christ bouddhiste est appelé Maitreya.

Le Maitreya bouddhiste est, tout comme le messie judéo-chrétien, un personnage attendu par les croyants pour sauver le monde. À titre de Raël, Claude Vorilhon affirme qu'il est le dernier Messie universel, le prophète de l'ultime Révélation, il est donc aussi le Maitreya (réorthographié Maitraya[2]).

Le Maîtreya incarne la divinité de l'espérance. Quand tout va mal, il est réconfortant de croire que l'avenir nous réserve la possibilité que ça aille mieux. C'est un principe émotionnel opératoire personnifié par le messie. S'il arrive, c'est-à-dire s'il s'incarne véritablement, c'est alors que le monde entier entre dans l'ère où tout va bien.

En 2002, Claude Vorilhon, qui s'est, depuis 1974, identifié à son personnage Raël, publie Le Maitraya sous le nom de plume Raël. Il explique la philosophie raëlienne en 20 chapitres.

Le Maitraya est réédité en 2017 dans un style expurgé de 111 pages où la doctrine est présentée sous forme de glossaire alphabétique comprenant 133 termes :
1. ADN, 2. Ambassade, 3. Amis, ... 131. Vibration, 132. Vie, 133. Violence.
Le contenu condense les écrits antérieurs de Raël en précisant les références d'origine. Sous le même titre, la forme diffère sensiblement de l'édition de 2002.

Inquiétante spiritualité de Raël

Dans La Maitraya de Raël, on retrouve un amalgame de pensées éparses qui sont parfois plaisantes, mais souvent inquiétantes :

L'article Spiritualité nous interloque (p. 101) :

« La science sans conscience est dangereuse. (Pantagruel de Rabelais sans le mentionner.)

« Tout ce qui est véridique et réel vient de l'intérieur, jamais de l'extérieur.

« Les enseignements des Élohim sont un enseignement d'un haut niveau de spiritualité et ils sont 100 % matérialistes. (Spiritualité matérialiste !?!)

« Toutes les religions primitives, chrétienne, catholique, bouddhiste, musulmane, juive, sont toutes affublées de péchés, de culpabilité, la plupart du temps sur la sexualité ; parce que quand vous basez votre spiritualité sur les choses surnaturelles, qui n'existent pas, vous développez la culpabilité et les craintes, l'anxiété, voire des attaques de panique et même des maladies psychiatriques.

« Pour avoir une spiritualité, il suffit de se sentir connecté avec nous même, connecté aux autres, connecté à ceux et celles qui ne sont pas raëliens, connecté avec les gens qui nous haïssent, connecté aux Élohim, connecté à l'infini. Il n'y a pas besoin de Dieu pour cela !

« Qu'est-ce que la spiritualité raëlienne ? Elle est basée à 100 % sur des faits scientifiques.

L'article Supraconscience nous trouble (p. 102) :

« Pour atteindre la supraconscience, il faut rire.

« Pour être heureux, parfois, il est très important de penser avec son orteil.

« Pensez avec votre anus, mais pas avec votre cerveau.

L'article Surpopulation EFFRAIE (p. 103) :

« Chaque fois que vous donnez naissance à un bébé, vous créez davantage de morts dans le futur, car ils auront besoin d'électricité.

« Donc, la seule politique mondiale intelligente serait de dire à tout le monde " Cessez de faire des enfants "

L'article Symbole intrigue (p. 104) :

« Il ne peut pas y avoir de science plus avancée que celle qui nous permet de comprendre et de ressentir l'infini.

L'article Temps contredit l'éternité (p. 105) :

« Nous avons un capital temps, ne le gaspillons pas. Chaque minute de notre vie est précieuse, notre temps est compté sur cette planète.

(Si chacun obtient la vie éternelle par le clonage, comme Raël le prétend, le temps de chacun devient infini. Ainsi éternels, l'abondance du temps lui enlève sa rareté. Alors, pourquoi l'économiser ?)

L'article Troupeau déconcerte (p. 106) :

« Si la majorité nous rejoignait, le Mouvement ne serait plus du tout intéressant et pour éviter que ça arrive, je ferai toujours tout pour que nos valeurs soient suffisamment révolutionnaires, en avance sur leur temps, et donc dérangeantes, en un mot, prophétiques, ou messianiques, pour que nous restions une minorité consciente et soyons rejetés par la majorité imbécile ; ce qui est un signe de santé mentale. (...), je fais tout, à travers des communiqués de presse, pour que les médias publient mes positions dérangeantes sur tous les sujets, afin que le troupeau nous y déteste aussi et que seuls les êtres brillants qui n'aiment pas le troupeau nous rejoignent.

(Posture paradoxale : Ailleurs, Raël cherche à gagner le maximum d'adeptes — c'est d'ailleurs la mission que lui auraient confiée les Élohim — mais il affirme ici qu'il fait tout pour être détesté de la majorité. Il dit aussi ailleurs qu'il faut aimer ses ennemis. Pourquoi multiplier les ennemis à aimer plutôt que de se faire aimer ? En fait, il dit que seuls les plus intelligents sont aimables. Mais comment peut-on juger intelligents les gens qui adhèrent à un projet aussi contre-productif ?)

L'article Unité rappelle Nietzsche, Plotin, Leibniz, etc. (p. 106) :

« Il n'y a pas une partie de l'univers infini ou chaque partie de votre corps ne voyagera, encore et encore et encore. Combien de fois ? Un nombre infini, parce que c'est l'infini. Donc, nous sommes de l'infini. Nous ne sommes pas quelque chose qui regarde l'infini. Nous faisons partie de l'infini. Nous ne pouvons pas être séparés, et c'est pourquoi nous sommes UN, nous sommes UN.

« Nous avons été TOUT, partout, et nous serons TOUT à jamais. C'est pourquoi nous sommes UN, avec le ciel, avec les étoiles, avec le sol, les plantes, avec les autres personnes autour de nous. La séparation entre nous est une illusion.

(On aperçoit ici à l'éternel retour de Nietzsche, l'UN de Plotin, la conception de Dieu de Nicolas de Cues, l'univers infini de Bruno, la monade de Leibniz et tant d'autres philosophes dont l'esprit a surchauffé en tentant de joindre l'unité à l'infini.)

L'article Utopie montre la triste ignorance et l'incohérence de Vorilhon (p. 108) :

« Qu'est-ce qu'une utopie ? C'est quelque chose qui ne fonctionne pas. (...) Certains utilisent le mot "utopie" pour désigner des idées qui sont irrationnelles ou irréalistes. Dans ce cas, la société capitaliste actuelle où 1 % des individus possèdent 99 % des richesses, où des millions sont sans abri tandis que quelques milliers de personnes possèdent de nombreuses maisons vides, où nous dépensons des milliards de dollars tous les jours en armements et en guerres, alors que chaque jour des milliers d'enfants meurent de faim ; ça c'est une véritable utopie et il est temps qu'advienne une révolution mondiale pour qu'on utilise un système plus rationnel et réaliste, comme le Paradisme.

(Utopie est un mot forgé par Thomas More, du grec, non, et, lieu, c'est-à-dire chose qui ne se rencontre en aucun lieu. (Le Littré, 1880).
La profession d'altruisme faite ici par Raël est dure à avaler quand on pense qu'il a ramassé des millions pour construire une Ambassade pour des Élohim utopiques (voir plus bas), et que ces millions dorment inutilement en banque. D'autre part, pourquoi s'inquiète-t-il maintenant pour la masse des infortunés alors que dans l'article Troupeau (plus haut), il déclare son mépris pour la majorité imbécile ?)

L'article Paradisme révèle une naïveté déconcertante (p. 74) :

« Tout ce que peut faire un être humain peut être mieux fait par un robot. Dans ces conditions, au lieu de ne faire que travailler pour amasser de l'argent, les humains peuvent laisser les robots accomplir tout le travail à leur place et consacrer leur vie à faire ce qui leur fait plaisir : créer, faire de la recherche, des études, pratiquer un art, ou encore méditer et consacrer du temps à leur développement personnel. C'est alors que le monde deviendra un paradis terrestre. C'est la raison pour laquelle ce système se nomme Paradisme.

« Le Paradisme c'est le communisme, sans prolétariat, où tous peuvent bénéficier de la technologie et de la science, sans banque, sans argent, où chacun peut partager tout ce qui existe sur terre.

« Le Paradisme est la clé essentielle pour l'avenir de l'humanité. Et c'est possible dès maintenant. Si le monde entier se révolte en même temps, ça peut être fait en quelques semaines ; et pas en quelques années... juste quelques semaines !

« La véritable démocratie, ce n'est pas tant 1 personne / 1 vote, mais plutôt 1 personne / 1 part égale de la richesse mondiale. La meilleure solution, c'est le Paradisme, un développement naturel du communisme, sans conflit de classes, puisque le prolétariat disparaît pour être remplacé par des robots et des ordinateurs et où toute la population vit dans un monde sans argent.

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En somme, la spiritualité de Raël fait penser au délire du cerveau d'un jeune adulte confronté aux incohérences et à la rudesse de la vie qui commence, et qui essaie de fuir la réalité inacceptable d'un monde incohérent et en déconfiture pour en formuler un Idéal avec quelques matériaux scientifico-religieux glanés ici et là dans le tissu culturel qui l'a fait naître. Il fonde alors un club sélect où il essaie de diffuser sa maigre conception de la perfection et où les élus autoproclamés se rencontrent dans une salle d'écho qui résonne d'un discours qui les oblige à y croire à force de l'entendre.

Formulations nébuleuses, français lacunaire, incohérences troublantes, croyances inquiétantes et assertions incongrues (« penser avec son anus » !?!) ; comment Raël a-t-il pu garder des adeptes après la publication d'un tel discours ? Claude Vorilhon interprète un personnage dont rien n'est à la mesure de l'édifiant Messie attendu. Le clown se démaquille après le travail ; Vorilhon garde le costume et persiste à affirmer qu'il est le véritable Messie, le Maitreya des Saintes Écritures.

Et s'il était, comme le Christ, le véritable Messie — incompris, méprisé et bafoué — ne faudrait-il pas prendre sa défense ? Quelle chance d'être le contemporain d'un personnage aussi illustre ! Mais le Christ n'a jamais affirmé que son monde était matériel. Son royaume était strictement spirituel. Ieschoua — ou à tout le moins, le personnage décrit dans les Évangiles — revendiquait la foi en l'Esprit. Raël balaye la foi pour affirmer la réalité. Il ne demande pas de croire, mais de comprendre. Mais justement, la somme de ses incohérences nous amène à comprendre qu'il n'est pas celui qu'il prétend. Qui est-il donc ?

Coup de théâtre ! Claude Vorilhon est mythomane

Fin 2009, le chat sort du sac. Jean-Denis Saint-Cyr, jadis organisateur en chef du Mouvement raëlien au Canada, maintenant âgé de 71 ans, est rongé par le remords. Il publie un troublant témoignage : Confessions de Raël à son ex-bras droit. (Il s'éteindra quatre ans plus tard, à 75 ans.)

Visiblement mal à l'aise, il raconte avec force détails que Claude Vorilhon est un imposteur qui a tout inventé. Les extraterrestres, la mission du prophète Raël, la transmission télépathique du plan cellulaire, la construction de l'Ambassade, l'insémination de sa mère par les Élohim, tout ça, c'est du pipeau. Saint-Cyr recoupe trois événements qui ne laissent aucun doute sur l'affabulation de Vorilhon : deux aveux de Claude lui-même et une rencontre personnelle avec la mère du « prophète ».

1.

En juillet 1984, dans un moment dépressif, Vorilhon avoue l'arnaque à Jean-Denis. L'épouse de Claude est excédée ; elle refuse de jouer le jeu. (p. 175) Elle demande le divorce. Raël sent sa carrière de prophète s'effondrer. Il se demande s'il devrait choisir de revenir à son ancienne carrière de chanteur ou de journaliste de sport automobile.

Jean-Denis témoigne (p. 106)

« Mille idées me trottaient dans la tête. Devais-je comprendre et m'avouer qu'il voulait que j'ouvre les yeux sur le prophète qu'il n'était pas ? Voulait-il que mes yeux se dessillent, c'est-à-dire que je connaisse la vérité ? J'osais croire que oui... et en même temps non. Alors, j'ajoutai :

— Claude, est-ce que... est-ce que les extraterrestres, ce ne serait pas...

« Avant même que je n'eusse prononcé le mot " vrai ", il utilisa le ton que l'on emploie pour parler à l'oreille d'un confident...

— Ne m'en parle pas, Jean-Denis. C'était populaire dans les années soixante-dix, mais... ai-je bien eu... des contacts ?

[…]

— Claude, […] tu veux dire que tu n'as pas été contacté !

— Voilà ! ... interjecta-t-il, l'air défait, je n'ai pas été contacté... Tu as tout compris !

Saint-Cyr réconforte alors son ami Claude dépressif, le réinstalle, et supporte l'embarras de poursuivre sa mission de  second dans une hiérarchie dont il affirme ne pouvoir se déloger.

2.

En juillet 1988, Raël-Vorilhon réaffirme l'aveu de 1984 lors d'une balade nocturne sur un chemin de campagne à Drummondville. Les deux hommes s'émerveillent à la vue du ciel étoilé qui charme leurs compagnes. Jean-Denis s'exclame : (p. 162-163)

— Ce serait trop beau... ah oui, vraiment... de voir apparaître des extraterrestres ! ?

[…]

— Et toi ? demanda Raël à la compagne qui se pressait contre moi.

— J'aurais peur, mais j'aimerais cela, répondit-elle, car...

« [...] Avant même que ma compagne n'eût le temps de terminer sa phrase, Vorilhon me chuchota à mi-voix, les lèvres plaquées contre mon oreille :

— Mais on sait bien nous deux que ça ne se produira pas !

— C'est vrai ! lui ai-je bêtement murmuré, à mon tour, au creux de l'oreille...

— Tu sais pourquoi, Jean-Denis ?

Abasourdi, je n'ai trouvé d'autre réponse qu'un absurde :

— Tu n'as pas été contac...

— Voilà ! [...]

« Je demeurai quand même pantois et interloqué d'ainsi l'entendre... et d'ainsi constater, à mon grand étonnement, qu'il me confirmait sans aucune équivoque par son petit jeu n'avoir jamais rencontré d'extraterrestres.

Cette fois-ci, Claude n'était pas dépressif, mais plutôt enjoué.

3.

Cependant, Jean-Denis Saint-Cyr le savait déjà depuis 1980 par Colette Vorilhon qu'il avait rencontrée à l'occasion de son pèlerinage en France sur les lieux de « l'apparition ». Croisée par hasard, la mère de Claude ne pouvait pas être plus explicite : (p. 70-71)

« Il ne faut pas en vouloir à Claude pour les histoires qu'il a toujours aimé raconter. […] Il n'est pas méchant. C'est un petit garçon très gentil. Il apporte aux gens ce qu'il leur faut. Il est très psychologue et très bon conteur, vous savez ! »

Est-ce que Jean-Denis Saint-Cyr a démissionné ? Pas avant 1990. Et le départ fut déclenché par rien qui ressemble à de la probité. Le Mouvement affirme plutôt l'avoir expulsé pour « fraude ».

Jean-Denis avait emprunté une somme appréciable à un raëlien qui était décédé par la suite. Le règlement interne stipule qu'en cas de décès, tout raëlien concède son héritage au Mouvement, sauf sa maison familiale. Il aurait normalement dû rembourser le prêt à la succession, et l'exécuteur testamentaire aurait dû remettre la somme au Mouvement raëlien. Raël le lui a reproché. Saint-Cyr « démissionna » la conscience tranquille en pensant qu'il en était quitte pour toutes les heures de bénévolat, et que, de toute façon, la fortune des raëliens est destinée à construire une ambassade bidon.

La foi de Raël

Il est difficile de faire comprendre une chose à un homme si son salaire dépend de ce qu'il ne la comprenne pas.

Upton Sinclair, cité par Al Gore dans le film Une vérité qui dérange, (1h16:40).

Je peux croire n'importe quoi, pourvu que ce soit absolument incroyable.

Oscar Wilde, Aphorismes, Mille et une nuits © 1995, p. 66.

Si l'on déteste Raël, c'est parce que l'on s'en veut d'avoir cru au jeu d'un mauvais comédien dans le rôle d'une fable aussi abracadabrante. Peut-être aussi parce que l'on jalouse Claude Vorilhon pour son harem, son argent et sa gloriole. On lui en veut aussi pour le succès obtenu en s'appropriant effrontément les éléments culturels sur lesquels il édifie son dogme. Il agit comme un faussaire. Autrefois, on l'aurait accusé de sacrilège. Mais faut-il s'en prendre à lui où à nous ?

Comme le garçon de café de Sartre

Louis-Josée Houde donne la première clef :
« On dirait que j'y crois pas. Je me dis " ben non ! il s'appelle Claude pis il a un bungalow à Rawdon ". (...) Je vois ça comme une semi-comédie. Je ne comprends pas comment ça peut être vrai (...) Dans les faits, je ne comprends pas où il vit. (...) Je ne peux pas dire. Je me sens mal de l'engueuler parce que j'y crois pas vraiment. C'est comme engueuler un film : " Ah ben tsé, fait pas ça ! — C'est un film !!! " » (Tout le monde en parle, Radio-Canada, 2004, 39m32s.)

Houde sait qu'il appartient à un monde où la réalité est fabriquée : le monde du spectacle. Raël n'est qu'une expression de plus du cirque médiatique auquel il appartient.

Est-ce que Raël croit aux sornettes qu'il raconte ? Bien sûr que non. Il sait pertinemment qu'il n'a jamais rencontré d'extra-terrestre et jamais vu le logo raëlien sur la carlingue de la soucoupe volante parce que ce logo, il l'a trouvé sur la revue occultiste Le Symbolisme co-fondée par Oswald Wirth, et qui est parue jusqu'en 1970. Vorilhon se l'est approprié comme Hitler s'était approprié le svastika oriental. Mais il y croit dans la mesure où la foi du boulanger en son rôle social de boulanger est nécessaire à sa survie, comme chacun croit au rôle social qu'il a choisi — ou est obligé de jouer — pour assurer sa survie. C'est comme le garçon de café de Sartre.

Tout est du cinéma. Faut-il s'en étonner ? C'est comme si, sur le plateau de tournage, les comédiens commençaient à se traiter mutuellement de menteurs. Ça n'aurait aucun sens. Sur le plateau, les acteurs savent qu'ils mentent. Et, paradoxalement, dans ce jeu de miroirs menteurs, le réalisateur joue le rôle d'arbitre de crédibilité où il est nécessaire que le comédien bascule continuellement entre les deux mondes de la réalité et de la fiction. Le spectacle ne se soucie pas de vérité, mais de crédibilité.

Le problème, avec Claude Vorilhon, vient du fait qu'il est mauvais comédien ; c'est un comédien qui a besoin de se faire croire à lui-même qu'il EST réellement son personnage pour y croire ; au point de l'appeler Raël (Réel). Mais le scénario est si peu crédible, les incohérences si flagrantes, les contresens si nombreux, les emprunts si évidents que personne n'y croit, et l'on s'étonne que Claude persiste à faire croire qu'il y croit lui-même. Pourtant, il reste tout à fait lucide sur les réalités factuelles ; il agit volontiers en cohérence avec les exigences de la situation ; il est conscient de son espace, mange, dort, baise, gère sa popularité et administre ses comptes en banque normalement comme chacun le fait dans sa propre vie. Pourquoi ne voit-il pas le piège où il s'est pris ?

Il n'y a pas de peur plus grande que la folie. On a moins peur de mourir que de passer pour fou. La folie c'est l'isolement total hors de la communauté humaine. C'est l'antithèse absolue de la popularité. Tant que Claude trouvera des crédules pour croire en Raël, il maintiendra son équilibre psychique. Inutile d'essayer de le réveiller, il sait qu'il dort, mais il a besoin de somnambulisme pour exister. La réalité du monde commun ne lui convient pas. Est-il si différent de nous tous ? Nous nous inventons des personnages que nous jouons maladroitement, mais par considération pour l'ego, pour ne pas blesser, nous faisons semblant de nous croire mutuellement. Est-ce si répréhensible ?

D'ailleurs, comment Vorilhon pourrait-il « suicider » le personnage qui le fait vivre si confortablement ? Aucune vérité ne peut écraser les mensonges qui nous maintiennent en vie.

Les gens heureux n'ont pas besoin de Dieu

Les Élohim sont arrivés dans la vie de Claude Vorilhon au moment où il affrontait d'immenses déceptions. À 27 ans, marié, deux enfants (deux filles), sa vie érotique s'effondrait dans un couple qui commençait à ronronner. Chanteur peu populaire (le public n'étant pas très entiché d'un imitateur de Jacques Brel) ; coureur automobile médiocre et éditeur d'Auto Pop au moment où le gouvernement décide d'interdire la course automobile ; décidément, c'est pas de chance. Mais il est charmant bel homme. À la recherche d'une carrière, il se prend au jeu de l'écriture d'une vérité que tout le monde demande à croire.

C'est alors que Dieu arrive dans sa vie sous la forme d'extra-terrestres en soucoupe volante pour lui assigner la tâche de dernier Messie, Raël, avec l'opportunité d'une notoriété universelle et d'un emploi permanent. Commence alors pour Claude le travail colossal de rassembler, dans le tissu culturel à sa portée, les matériaux d'une courtepointe bigarrée, mais séduisante, qui va plaire aux défroqués du christianisme catholique et à quelques athées nostalgiques en mal de religion nouvelle. À l'issue de sa dépression, l'entreprise aura un certain succès ; il a trouvé un sens à son existence : une mission, un emploi à vie : Prophète Raël.

Son histoire laisse songeur. Combien y a-t-il eu de messies dans le monde ? Comment naissent les messies ? Sur ce point, les Évangiles sont très bien ficelés. Les apôtres mettent en garde contre les faux messies. Mais au fait, qui était Ieschoua ? N'oublions pas que sans la résurrection, le Christ aussi serait un raté.

Les adeptes sont-ils vraiment dupes ?

L'ex-femme de Raël affirme qu'au début, il n'y croyait pas trop, mais peu à peu il est entré totalement dans son rôle jusqu'à exiger qu'on l'appelle Raël à la maison. Pourtant, on fait tous un peu la même chose. Au début, on n'y croit pas vraiment que nous sommes garçon de café, boulanger ou psychologue. Mais nous jouons le rôle parce que nous avons tous besoin d'un emploi pour vivre. Nous avons suivi une formation, un apprentissage. Avec le temps, si l'on joue bien le rôle, on gagne sa vie. C'est-à-dire que l'on est payé par la société qui confirme ainsi que nous sommes de bons acteurs ; des acteurs efficaces, convaincants, productifs. On finit par s'identifier au rôle alors que nous savons très bien que nous aurions pu exercer une autre profession, et que c'est le renforcement social qui nous fait croire que nous sommes véritablement l'acteur de notre profession. On se prend au jeu.

La crise existentielle de Raël en 1973 montre l'homme traversant une crise identitaire. Il a choisi de s'identifier au Messie dont les Évangiles attendent le retour. Beaucoup l'ont confirmé en le payant pour tenir le rôle. Les gratifications intimes (sexuelles), sociales (notoriété), et monétaires (cotisations) ont renforcé sa croyance en son propre rôle à un point tel qu'il ne pourrait plus défroquer. Comment le pourrait-il ? Raël ne va certainement pas reconnaître publiquement qu'il a inventé son rôle de toutes pièces. Que diraient les adeptes ? Pourquoi décevoir l'employeur satisfait de nos performances, et qui le prouve en nous payant grassement pour tenir le rôle ?

Les adeptes sont-ils vraiment dupes ? L'affabulation est si grossière ; comment leur foi pourrait-elle être entière ? Ils obtiennent de Raël ce qu'ils cherchent : des expériences de groupe gratifiantes, une communauté qui partage leurs valeurs, un cocon spirituel plaisant. Raël leur fournit une raison d'être satisfaisante. Que demander de plus ? La vérité ? Mais les dogmes chrétiens ne sont-ils pas encore plus extravagants ?

Quelques-uns s'inquiètent des dérives potentielles de la secte. Certains avaient même peur d'un second Jonestown. D'abord, Raël prône l'anti-violence absolue. Il a ensuite condamné les dérives pédophiles de certains membres du Mouvement. Et puis la secte est assez peu populaire. En 40 ans il n'a pas fait plus de 100 000 sympathisants dans le monde entier avec seulement 2 000 apôtres actifs. Encore que les chiffres soient difficiles à vérifier. Les raëliens sont inoffensifs ; ils se bercent de douces illusions comme l'on fait son propre cinéma.

En somme, le Mouvement est né du besoin d'une époque, et il va probablement s'évanouir à la mort du gourou, comme s'évanouissent tant d'idéologies désuètes avec la disparition de l'instigateur. Raël a proposé une mutation qui satisfait l'époque Techno-Nouvel-Âge. D'autres cycles et d'autres gourous viendront proposer de nouvelles mutations s'inspirant du christianisme.

L'ambassade pour l'accueil des extra-terrestres ne sera probablement jamais construite. Pour trois raisons. 1. Comme Raël sait qu'il a tout inventé, pourquoi dépenserait-il pour construire une ambassade inutile ? 2. Les fonds accumulés suffiraient-ils pour réaliser un projet aussi ambitieux ? 3. La construction de l'ambassade mettrait un point final à l'espérance qui fonde tout messianisme.

L'ambassade de Raël n'est pas un lieu de culte comme une église où l'on va prier un Dieu invisible que l'on ne s'attend pas à rencontrer matériellement. Une fois construite, elle serait le témoin permanent de l'inexistence effective des extra-terrestres puisqu'elle est la seule condition de leur visite.

Comme tout comédien, Raël aura vendu du rêve à un public qui ne demandait rien d'autre. D'ailleurs, il n'est jamais sorti de son rôle initial d'artiste-chanteur-comédien-journaliste apportant la bonne nouvelle.

Nous avions besoin d'un rassembleur pour cristalliser la pensée hippie, pour que la communauté des jeunes du peace and love se rencontre ; pour qu'ils se reconnaissent et vivent ensemble les valeurs de leur folle jeunesse utopique. Raël a été créé par l'époque.

Pourquoi le Mouvement raëlien persiste-t-il ?

Dans son témoignage, Jean-Denis Saint-Cyr mentionne avec justesse que « le monde imaginaire existe dès l'instant où l'on commence à y croire » (p. 162). « Les raëliens se sont construit de Raël une image parfaite de prophète dont ils sont tombés amoureux. » (p. 114). Mais ils détiennent un argument encore plus puissant. Pour verrouiller la foi des hautes instances de la hiérarchie, les raëliens pratiquent ce qu'ils appellent l'épreuve du Diable. Celle-ci consiste à échafauder une mise en scène où l'on affirme à celui qui passe le test, que Raël est effectivement un imposteur, qu'il n'a jamais été amené sur la planète des Élohim, ni même jamais vu une soucoupe volante. S'il passe le test, il prouve la solidité de sa foi et reste en fonction. Sinon, il est compromis. Les raëliens peuvent donc invalider le témoignage de Jean-Denis Saint-Cyr en prétendant qu'il a échoué le test que Raël lui a fait passer personnellement.

Mais il y a aussi plusieurs autres raisons. En fait, extra-terrestres ou non, le Mouvement raëlien présente des bénéfices importants.

1. Il crée un pôle rassembleur pour tous ceux qui cherchent une cohérence réaliste aux thèses bibliques mystérieuses alors que la chrétienté ne répond plus aux exigences matérialistes de l'époque.

2. Il relance la foi chrétienne sans rien changer au récit des Saintes Écritures ; juste une réinterprétation factuelle par l'affirmation d'un contact avec les Élohim (ceux venus du ciel) crédibilisée par les récents exploits techniques des cosmonautes ayant débarqué sur la lune en 1969 et les nombreux témoignages publiés fréquemment dans les médias affirmant l'observation de soucoupes volantes. En logique, il est difficile de prouver que quelque chose n'existe pas. Le seul fait d'y penser fait naître une hypothèse. Une hypothèse, ce n'est pas rien. Même si Claude Vorilhon n'a jamais rencontré d'extra-terrestre, ça ne prouve pas leur inexistence.

3. La perte de la foi en la vie spirituelle autonome de l'individu ouvre une béance vertigineuse. Le Mouvement raëlien nourrit l'espérance du prolongement effectif de la vie corporelle après la mort à une époque matérialiste où l'on craint l'anéantissement plus que jamais.

4. Il permet le regroupement périodique d'hédonistes qui célèbrent les valeurs d'une époque de libéralisation des moeurs, notamment l'ouverture à la sensualité et à la liberté sexuelle.

5. C'est un mouvement ouvert non coercitif auquel on adhère librement, et qui laisse libre d'en sortir à tout moment. Les cotisations sont raisonnables, et il est même possible de s'y soustraire.

6. Comme Martin Scorsese l'a montré dans le film La Dernière tentation du Christ, le christianisme peut parfaitement se passer de Jésus. Une fois le mème lancé, il se propage par lui-même dans le cerveau des croyants qui y trouvent leur avantage. L'humain n'est qu'un véhicule qui porte une idée autonome qui a du succès dans la mesure où elle bénéficie au porteur.

Aujourd'hui, 2022

Le mème est toujours vivant. Claude Vorilhon a 75 ans. Il est un romancier dont le récit met en avant un personnage héroïque : Raël. Comme dans les livres dont vous êtes le héros, Claude a entrepris de devenir lui-même, dans la vie quotidienne, le prophète qu'il incarne à plein temps, à l'instar des youtubeurs qui entretiennent leur auditoire en exhibant leur personnalité narcissique dans une suite de vidéos mettant en scène leur propre personnage moyennant rétribution.

Guy Debord a montré en 1967 que « Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation. » La vérité factuelle est aujourd'hui secondaire, seule compte la vérité émotionnelle, unique ancrage au monde des corps sensuels qui ne pensent plus, mais ressentent.

En langage courant, on qualifie un tel auteur de mythomane. Le romancier ordinaire s'identifie aussi au héros de ses romans, mais il décroche dans sa vie de tous les jours. En s'identifiant à Raël, Vorilhon a choisi une vie beaucoup plus exaltante. Une double exaltation. 1. Comme la foule faisant de Brian «  le Christ », son public de croyants crée la vérité qui actualise le héros qu'il incarne. 2. Il éprouve l'excitation de l'enfant tapi qui joue à cache-cache, et dont les camarades qui le cherchent passent tout près sans le découvrir. Il est Clark dans Superman ; il est le Christ, sauveur de l'humanité, qui vit comme le surhumain de Nietzsche.

Mais la sauce ne dure qu'un temps. Le prophète commet toujours une bourde qui le disqualifie. Le parcours international de Vorilhon-Raël ressemble à celui du roi sur l'échiquier qui se pousse d'une case à l'autre chaque fois qu'il est mis en échec. Europe, Canada, États-Unis, Burkina Faso, Brésil, Taïwan, il n'a jamais pu s'implanter à demeure. Il prophétise maintenant au Japon où la barrière de la langue le protège. Mais pourquoi les Japonais l'accueillent-ils avec tant de sympathie ? Parce que le Japonais aime s'émerveiller. La foi est un jeu qu'ils aiment jouer en riant.

Aucune loi n'interdit la mythomanie. Au contraire, c'est une activité artistique encouragée. Elle est considérée, au pire, comme une déconnexion de la réalité ; et au mieux, comme l'expression artistique d'un esprit fécond. Si le mensonge sert à l'évasion, au divertissement, il est accueilli avec grâce. On paye les comédiens pour mentir ; c'est leur profession.

Que pourrait-on reprocher à Raël ? Pour le moment, rien. Mais s'il désavouait son personnage publiquement, je craindrais pour sa vie. Les gens adorent que l'on introduise dans leur esprit un rêve fantastique, ils s'en bercent délicieusement. Mais si l'on retire le jouet onirique, ils se rebiffent ; ils refusent catégoriquement de s'en extraire pour affronter la réalité. La seule liberté qu'ils réclament est celle de persister dans leurs croyances. Marcel Béliveau l'a montré cent fois dans Surprise sur prise ! : le choc d'une autre réalité que celle à laquelle on croit est insupportable. Il ne faut pas réveiller brusquement le somnambule.

D'ailleurs, la réalité, qu'est-ce que c'est, sinon ce en quoi l'on croit ? Raël n'a rien à craindre tant qu'il reste prisonnier du personnage qu'il s'est créé. Et ça, il l'a compris dès 1984 ; l'année où il supplia Jean-Denis Saint-Cyr de l'aider à se restructurer mentalement après que son épouse rejeta définitivement le Raël qui avala Claude Vorilhon dans le vortex de l'irréalité.

[1] Voir l'article Jimmy Carter sur Wikipédia sous Observation d'un OVNI.

[2] Claude Vorilhon modifie légèrement l'orthographe de Maitreya, remplaçant le e par un a : Maitraya. Aucune occurrence de Maitreya dans l'édition de 2002, et seulement 3 occurrences de Maitreya dans l'édition de 2017 (p. 8), contre 186 occurrences de Maitraya.

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