Bienvenue au 73e

« Philo sans fumée »

de juin 2006

Bonjour à tous!

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1.     NOUVELLES DE PHILO5 Ê :

*     Texte original de Kierkegaard Ê

*     Trois nouveaux philosophes s'ajoutent : Lucrèce, Saussure et Lamarck Ê

*     Une page de foire aux questions (FAQ) ð

*     Vous affectionnez un philosophe absent de Philo5? Collaborez en proposant votre philosophe ð

*     Le Dr. Oscar Brenifier nous propose un séminaire de consultation philosophique cet été. Si vous êtes intéressé, veillez me contacter. Si nous arrivons à former un groupe suffisamment important, il est prêt à traverser l'Atlantique pour venir à nouveau nous instruire de son art.

2.     SUJET DU MOIS Ê : COMMENT ÊTRE HEUREUX?

3.     PHILOSOPHE DU MOIS Ê : BERKELEY

4.     LES QUESTIONS PHILOSOPHIQUES Ê : QUESTIONS TYPIQUES : « Ou bien... Ou bien? »

5.     QUELQUES LIVRES REMARQUABLES Ê : 5 livres pour savoir comment réussir notre vie

6.     MAGAZINE Ê : MAGAZINE LITTÉRAIRE : « Le Siècle des Lumières » et SCIENCE & VIE : « Le monde existe-t-il vraiment? »

7.     RIRE ET S'ATTENDRIR Ê : CALVIN et HOBBES : « Le sens de la vie »

8.     PENSÉES DU MOIS Ê : Chamfort, Ferré, Freud, Huxley et Schopenhauer

9.     POUR LES NOUVEAUX PARTICIPANTS... Ê : Écrivez nous pour participer...

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1 – N O U V E L L E S   D E P H I L O 5

Textes originaux des philosophes

* Je vous offre ce mois-ci les textes fondateurs de la pensée philosopĥique de Kierkegaard : Trois stades de l'existence &. Ce philosophe inaugure une conception tout à fait nouvelle de la philosophie. En effet, ce fut le premier à attirer notre attention sur le fait que l'acte d'« exister », pour l'être humain, ne peut se réduire aux abstraites métaphysiques que les idéalistes nous proposent ni à la sèche matérialité des empiristes. C'est à partir de ses réflexions qu'il nous a fallu reconnaître qu'existe une troisième voie philosophique : l'existentialisme.

Trois nouveaux philosophes s'ajoutent : Lucrèce, Saussure et Lacan

* Lucrèce m'avait échappé. C'est grâce à Michel Onfray que j'ai pu saisir son importance. En effet, si on regroupe les philosophes de l'Antiquité dans le tandem spiritualistes-matérialistes, Lucrèce occupe une position incontournable puisqu'il arrive en dernier pour nous apporter une synthèse très accomplie sur le matérialisme, en général, et l'épicurisme en particulier. Depuis Onfray, nous avons appris comment les matérialistes de l'Antiquité n'ont cessé de se faire expulser de l'arène pensante philosophique. Mais, avant que le XIXe siècle leur donne à nouveau droit aux chapitre, des recherches nous révèlent qu'ils n'ont cessé d'exister sous toutes sortes de manifestations souterraines. Lucrèce nous fait cadeau de la notion de Clinamen & pour expliquer les déviations infimes des atomes qui expliquent que nous ne sommes pas entièrement livrés à la tyrannie du destin.

J'ai enfin compris Jacques Lacan! ... enfin... je l'espère. Bon. Pour ceux qui lui sont familiers, cette affirmation relève évidemment du non-sens. Alors, conformément aux consignes de ce philosophe-psychanalyste, c'est bien parce que je ne le comprenais pas que j'ai entrepris de l'expliquer [1]. Le Lacanisme & est une philosophie si rébarbative que plusieurs se demandent si son auteur n'était pas en réalité un charlacan. En fait, à la suite de Freud, Lacan a essayé de se trouver un accès direct à l'inconscient en l'appréhendant sous la forme d'une structure langagière, mais, un langage ayant ses propres règles. Il est donc évident que pour le comprendre, nous dussions accepter l'inconfort de nos références langagières habituelles pour pénétrer dans cet étrange monde régi par des règles qui relèvent d'une autre rationalité. Quel vertige! Mais si vous aimez « tripper » et que vous détestez la drogue, Lacan est tout indiqué. Aurez-vous la hardiesse de souffrir l'insécurité de perdre tous vos repères pour mieux vous comprendre? Je vous y invite... attachez vos tuques.

Mais avant Lacan, je sous suggère un petit détour par Ferdinand de Saussure. On entend souvent parler de la philosophie de la langue sans jamais comprendre exactement de quoi il s'agit. Saussure nous explique que la Linguistique &, est un système symbolique de signes dont on se sert pour communiquer (ça, on le savait) mais il distingue « ce qui est dit » de « ce que ça veut dire ». Cette distinction peut sembler banale quand on s'imagine que tout le monde pense la même chose quand on dit, par exemple, le mot « table », mais si on s'arrête un peu pour y penser, ceci n'est pas du tout évident. Quand vous pensez « table » qu'est-ce qui est vraiment dans votre tête? Saussure le nomme « signifiant » et le distingue du « signifié », la table elle-même, ou encore le symbole graphique qui la représente. Mais pour quoi faire? Hé bien ! entre autre, quand on comprend que le seul lieu où on habite est le langage et que chacun vit dans une maison ordonnée différemment, on comprend mieux les difficultés de communication et on cherche un moyen de les contourner plutôt que d'accuser l'autre de méchanceté, d'imbécillité ou autres qualificatifs désobligeant.

 

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2 S U J E T   D U   M O I S   :

COMMENT ÊTRE HEUREUX?

Cette question est peut-être celle qui revient avec le plus d'insistance tout au long de notre vie. Et lorsqu'on y a répondu on cherche à propager notre recette de bonheur au maximum dans notre entourage. Qui ne rêve pas de changer le monde pour que tous deviennent enfin heureux avec nous-mêmes? Le style littéraire de l'essai n'a-t-il d'ailleurs pas été créé pour ça : donner à l'écrivain un espace où il peut réfléchir et réorganiser l'univers à sa convenance?

Curieusement, si la recherche du bonheur semble occuper tout le monde, on est surpris d'entendre tout un chacun y aller de ses conseils alors que très peu de gens respirent le bonheur. En fait, puisque nous sommes en vie, cet état n'est jamais une position stable. À peine quelques heures de notre journée se sont-elles écoulées, nous avons déjà faim. Ensuite c'est la fatigue qui s'oppose à notre bonheur, etc. Bref, au fil des heures et des jours, nous devons sans cesse maintenir un équilibre de base pour simplement chasser l'inconfort de vivre.

Je vous propose ce mois-ci une réflexion accompagnée de 5 livres (voir plus bas).

Au-delà de nos besoins fondamentaux, Stephen R. Covey, Luc Ferry, Yvon Dallaire, Schopenhauer et Dominique Noguez nous promettent le bonheur, chacun à sa façon.

Mais avant, je vous propose un texte remarquable de Megan Easton, professeur de philosophie qui a été publié l'année dernière dans le magazine de l'Université de Toronto. : « Se sentir bien vs. bien faire ».

(For my English fellows, if you follow this link, you can read the original version...)

 

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3 L E   P H I L O S O P H E   D U   M O I S   :

Berkeley

Depuis plus de six ans je vous présente méthodiquement tous les philosophes depuis l'antiquité. Aujourd'hui, c'est le tour de mon préféré. Pourquoi j'aime Berkeley? Parce qu'il est comme un magicien. Au bout d'une simple réflexion, il arrive à faire disparaître l'univers entier avec toute la matière qu'il contient. C'est lui qui nous explique pourquoi un arbre qui tombe dans la forêt ne fait pas de bruit s'il n'y a aucune oreille humaine pour l'entendre. J'entends déjà les objections. Vous êtes parfaitement libre de croire ce que vous voulez mais laissez-vous enchanter un moment par ce évêque irlandais sans qui la philosophie ne serait pas la même. Le plus rigolo avec Berkeley, c'est qu'il a réussi le tour de force d'être malgré tout classé parmi les empiristes... vous savez, les philosophes qui ne jurent que par les sens et l'expérience...

 

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4 – L E S   Q U E S T I O N S   P H I L O S O P H I Q U E S

Ou bien... Ou bien?

Dans les types de questions possibles, nous avions choisi le mois dernier de les examiner sous l'angle théologique :

 Les types de questions sur Dieu

Je vous avais prévenu. Il y en a un qui est tombé dans le panneau. L'important dans cette réflexion n'est pas le sujet « Dieu » mais l'objet « types de questions ». Merci à ceux qui ont su éviter le piège et qui ont compris que pour comprendre véritablement une question, il faut d'abord savoir la questionner dans sa forme. C'est là tout le travail philosophique.

 

Nous allons aborder ce mois-ci la deuxième question philosophique type. Celle-ci ouvre sur plusieurs réponses explicites :

Dieu existe-t-il dans la réalité, ou seulement dans la tête des hommes? (Ici, deux réponses contradictoires sont suggérées.)

 

Dans ce type de question, on propose un choix : Ou bien il existe, ou bien il n'existe pas. À la différence du mois passé où on posait une question très générale : « Dieu existe-t-il? », qui permettait un vaste champ de réponses, la question comportant un choix de réponse est beaucoup plus limitative. Elle révèle plus précisément l'intention du questionneur qui cherche à nous faire entrer dans un contexte particulier. Vous avez sans doute remarqué que, telle que posée, cette question ne nous laisse pas le choix de la négation. La réponse implique donc une existence positive mais soumise à seulement deux conditions proposées. D'ailleurs, elle implique aussi que nous soyons d'accord sur le concept de réalité comme si celui-ci était une évidence communément acceptée. De même, elle implique que nous sachions tous, d'un commun accord, ce qu'est le lieu de « la tête des hommes ».

 

Compte tenu de ces précisions, je vous demande à nouveau de jouer le jeu. Quelle serait votre réponse?

 

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5 – Q U E L Q U E S L I V R E S   R E M A R Q U A B L E S

 

Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu'ils entreprennentStephen R. Covey

Éditions First © 1996

Stephen Covey, dans le plus pur style états-unien, nous propose une recette de réussite, parce que le bonheur, pour les pragmatiques consiste d'abord à réussir. La vie est conçue comme quelque chose à réaliser par delà les obstacles qu'elle nous présente. L'embêtant pour nous autres latins c'est de devoir reconnaître que ça marche. En appliquant cette recette, ça ne peut pas ne pas réussir. 1. Agir, 2. Planifier, 3. Agir d'abord sur les priorités, 4. Penser gagnant-gagnant, 5. D'abord comprendre pour ensuite être compris, 6. Penser synergie et 7. Aiguiser ses facultés. Si vous êtes Français vous n'allez pas aimer : il va même jusqu'à citer George Bush. Mais ça marche! Tellement qu'il a écrit un nouveau livre intitulé la 8e habitude. Je vous la donne en mille... hé oui!... devenir guide.

 

Qu'est-ce qu'une vie réussie ?, Luc Ferry

Grasset © 2002

Avec Luc Ferry, on est déjà en terrain plus familier. Loin des recettes toutes faites, il nous offre un panorama complet de ce que peut représenter une vie réussie à travers l'histoire de la philosophie. Saviez-vous que le bonheur est une notion relativement récente ? En effet, elle est apparue avec le mouvement romantique qui, avec la mort de Dieu a remplacé la notion de la bonne vie par celle de la vie bonne. Traditionnellement, ça n'avait aucun sens de chercher son bonheur personnel. La vie était inévitablement rude, pénible et douloureuse. Réussir sa vie voulait dire avoir vécu en accord avec des lois transcendantes qui, si on les observait, nous promettaient une récompense : le paradis à la fin de nos jours ou, pour le moins, une notoriété enviable et une vieillesse sans tourments spirituels. C'est seulement avec les progrès techniques, particulièrement en médecine et en santé publique, qu'on a commencé à s'apercevoir qu'il était possible de vivre sans toujours devoir souffrir. On a alors pu compter davantage sur nos propres moyens que sur ceux d'une divinité consolatrice. La mort de Dieu a ainsi apporté une autre conception du bonheur. Ferry explique en détail cette métamorphose avec ses avantages et ses inconvénients. Peut être d'ailleurs un peu trop dans le détail... 481 pages. On aurait aimé qu'il se résume en 200 pages. Mais il est cependant très instructif, surtout dans Le moment nietzschéen (1ere moitié du livre). Œuvre parfaitement inaccessible à qui n'a pas une connaissance minimale de nombreux philosophes.

 

Qui sont ces couples heureux, Yvon Dallaire

Option Santé © 2006

Yvon Dallaire est psychologue et sexologue. Il passe sa vie à aider les couples à chercher le bonheur dans leur relation. Par les temps qui courent, sauf conflit d'intérêt, on pourrait croire qu'il perd son temps, mais on est surpris de constater que malgré tout, comme Robert Charlebois le chantait : « ...des couples heureux, y'en a ; cachez-vous pas! ». Fidèle à sa devise d'arroser d'abord les fleurs et fort de son expérience professionnelle, l'auteur a inversé les rôles pour se mettre en situation d'apprentissage : les couples heureux, c'est à eux de nous apprendre comment l'être. Il les a observés. On y découvre d'abord que les couples fusionnels sont les plus conflictuels.

Ensuite, il nous livre les 15 principales raisons qui fondent le bonheur conjugal : 1. Ils ne croient pas en la toute puissance de la communication, 2. Ils ne mettent pas en doute la bonne foi de leur partenaire, 3. Ils respectent la susceptibilité et les sentiments de leur partenaire, 4. Ils acceptent d'être incompris par l'autre, 5. Ne cherchent pas à trouver le coupable, 6. Ne forcent pas la communication, 7. Attendent le moment propice pour échanger, 8. Ils respectent les différences, 9. Communiquent souvent en silence, 10. Communiquent leurs besoins plutôt que leurs griefs, 11. Expriment leurs émotions de façon positive, 12. Ne critiquent jamais, même « constructivement », 13. Ils savent que pour contrebalancer les effets d'une critique qui leur a échappée, il leur faut dire dix compliments à leur partenaire, 14. Ils sélectionnent ce qu'ils veulent communiquer à leur partenaire, 15. Ils savent qu'ils vont récolter ce qu'ils sèment. Bref, ils s'aiment et savent se taire.

Étonnamment, Yvon Dallaire brise une notion taboue. Alors que le fonds de commerce des psychothérapeutes est basé sur la parlotte, il a l'audace de faire des couples heureux ses maîtres et reconnaître la sagesse ancienne qui nous avait jadis appris que le silence est d'or. Son livre est serti de nombreuses citations que je me suis empressé de lui chiper pour augmenter ma collection (merci M. Dallaire) dont celle-ci de Francis O'Walsh : « Certains cherchent la faute comme si c'était un trésor caché. »

 

L'art d'être heureux, Arthur Schopenhauer

Éditions du Seuil © 2001

Étonnant titre me direz-vous pour Schopenhauer! Iriez-vous consulter un philosophe pessimiste pour vous conseiller sur l'art d'être heureux! Sûrement pas. Pourtant, c'est suite à une consultation auprès d'un optométriste qui m'avait jadis écouté dans un moment fort pénible de ma vie que j'ai connu ce philosophe. Il m'avait alors conseillé de lire Métaphysique de l'amour – Métaphysique de la mort. (merci à vous Dr. Victor Azerad). Mais après tout, même un dépressif chronique n'a-t-il pas le droit d'être heureux? Au fil de la lecture de cet opuscule, (119 pages) Schopenhauer nous dévoile 50 règles de vie par lesquelles un pessimiste peut malgré tout prétendre au bonheur. En voici quelques unes :

1. « Le sage n'aspire pas au plaisir mais à l'absence de souffrance » (citation d'Aristote), 2. Éviter la jalousie, 3. Croire que c'est la faute du destin, 4. Éviter de désirer des objets qu'on n'a pas, 5. Savoir qu'il n'y a pas plus de gens heureux parmi les riches que les pauvres, 6. Faire de bon cœur ce qu'on peut et souffrir de bon cœur ce qu'on doit, 8. Limiter le cercle de ses relations, 10. Se soumettre à la raison, 12. Être discret et parler très peu avec autrui, 13. Ouvrir portes et fenêtres à la bonne humeur, 15. Rester serein, 18. Brider son imagination, 19. Profiter en tout temps du présent aussi gaiement que possible, 23. Améliorer le hasard par l'art, 25. Considérer ce que nous possédons avec le regard que nous aurions si ça nous était arraché, 27. Contempler ceux qui vont plus mal que nous, 28. Accueillir la vieillesse avec joie puisqu'elle émousse les désirs et particulièrement celui des femmes, 30. Faire quelque chose ou simplement apprendre ; avoir un but, franchir des obstacles, 32. Mettre la santé en tête de nos priorités puisqu'elle compte pour 90% de notre bonheur, 34. Éviter de ressasser nos vieilles erreurs, 36. Se contenter de peu, 42. Ne pas prendre des dispositions à long terme pour la vie, 43. Trouver le temps libre pour disposer de nos richesses intérieures, 44. Jouir de ce que l'on est davantage de ce que l'on a, 46. « La vie philosophique est la plus heureuse » (Aristote), 47. Entretenir l'amitié, 50. Le bonheur dépend de ce que nous sommes ; « Le bonheur suprême est la personnalité » (Goethe).

 

Comment rater complètement sa vie en onze leçons, Dominique Noguez

Éditions Payot & Rivages © 2002

Le tour d'horizon d'une vie réussie ne pouvait pas se terminer sans considérer l'antinomie. En effet, qu'en est-il de ceux qui considèrent qu'une vie réussie doit être complètement ratée? Si vous avez été élevé par des parents exigeants et que votre réussite ne vous appartient plus, vous serez peut-être tenté de réussir à leur imposer votre échec. Mais ceci constituerait alors une réussite. La 1ere leçon consiste à bien comprendre qu'une vie volontairement ratée n'est pas vraiment ratée. Dominique Noguez écarte d'emblée dans sa 2e leçon ce genre de réussite en se montrant d'une rigueur logique exemplaire : « Une vraie vie ratée, vraiment ratée, doit être une vie sans compensation, une vie où il n'y a aucune branche à laquelle se raccrocher. » (p. 23) ... « Il ne suffit pas de rater sa vie, il faut la rater de façon inintéressante!»... « ce n'est pas tout d'être malheureux, il faut encore que ce malheur ne serve à rien » (p. 25). La 3e leçon consiste à un exercice théorique où il nous propose des formules mathématiques (!) pour nous exercer à la ratologie, comme il dit. C'est réussi : je n'ai rien compris. La 4e leçon est plus rigolote ; elle consiste à réfuter quelques objections. Il nous sert entre autres l'exemple du chaudron de Freud : « Ce n'est pas moi qui ai troué le chaudron : d'abord, je ne l'ai jamais emprunté ; ensuite il était déjà troué au moment de l'emprunt ; enfin je l'ai rendu intact.»

Je passe les leçons 5 et 6 pour sauter tout de suite au plat de résistance : La leçon 7 comporte 43 principes infaillibles. 1. Plaignez-vous tout le temps, 2. Faites le vide autour de vous, 3. Rien à foutre des autres, 4. Trouvez-vous des boucs émissaires, 5. Faites à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fasse, 6. Pratiquez la loi du talion, 7. Donne-vous toujours raison, 8. Ressassez, 9. Ne tirez jamais de leçon d'un échec, 10. Soyez un donneur de leçons impénitent, 11. Sentez-vous au-dessus des lois, 12. Choisissez la facilité, 13. Choisissez la difficulté, 14. Respectez scrupuleusement les lois, 15. Ne cédez jamais, 16. Ne tenez pas votre langue, 17. Dites ce que vous pensez, 18. Mêlez-vous de ce qui ne vous regarde pas, 19. Soyez là où il ne le faut pas (et inversement), 20. Cherchez à savoir ce que l'on pense de vous, 21. Interprétez tout de travers, 22. Prenez tout à cœur, ... 27. Précipitez-vous et soyez péremptoire, 29. Soyez huileux, 30. Soyez incapable d'une décision, 31. Soyez soupe au lait, 32. Soyez un jeune emmerdeur puis un vieux con, 36. Ne vous intéressez à rien, ne faites rien, ne soyez bon à rien, 37. Travaillez sans méthode ; agitez-vous en tout sens, 38. Soyez inconséquent, 41. Laissez-vous déborder, 43. Rongez-vous bien les sangs.

On peut constater que ce livre reprend, en plus explicite, l'inverse des recettes des autres. Son avantage est incontestablement humoristique. Est-ce qu'on réussit sa vie lorsqu'on arrive à rire de nos travers?

 

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6 – M A G A Z I N E

 

Le siècle des lumières, un art de vivre et de penser, Le magazine littéraire - No. 450 Février 2006

Cette livraison du Magazine littéraire vient nous rappeler l'énorme bouillonnement intellectuel qui agissait au XVIIIe siècle, celui connu sous le nom du Siècle des Lumières. On y trouve un dossier complet avec la chronologie des événements importants, et des articles traitant de La gloire du philosophe, L'esprit du temps qui est le temps de l'esprit, La naissance du libéralisme économique, Les anti-lumières, Une société de savants, Le roman libertin et Les enjeux de la mondanité. C'est le siècle où on a domestiqué la foudre, et où on a tué le roi. Mais c'est aussi le siècle qui nous a fait cadeau d'une liberté bien encombrante dont souvent nous ne savons pas encore aujourd'hui quoi faire. Lecture passionnante!

 

 

Le monde existe-t-il vraiment, Science & Vie – No. 1057 octobre 2005

La science se pose maintenant la question philosophique la plus fondamentale qui soit : celle de l'existence du monde. On s'aperçoit que ce que nous pensons être le monde réel pourrait n'être que chiffres. Pythagore avait-il déjà tout compris?

« D'audacieux physiciens l'affirment aujourd'hui : ce que nous prenons pour la réalité n'est en fait que l'information que nous avons sur elle. Et cela change tout : non seulement les lois de l'infiniment petit deviennent enfin compréhensibles, mais les notions de temps, de matière et d'espace sont à réinterpréter en termes informationnels. » (page 70).  Ceci ne vous rappelle-t-il pas Berkeley? Notre réalité se réduit à l'information que l'on a sur la réalité... cette information qui n'est que signes, langage, renvoi, référence. Kant le disait déjà : « Nous ne voyons pas le monde tel qu'il est mais tel que nous sommes ». Une théorie qui décrit le comportement des informations, c'est une théorie qui parle seulement d'elle-même. Elle se regarde dans le miroir qu'elle est. Troublant! Vertigineux! Le monde existe-t-il en dehors de ce que nous en percevons?

 

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7 – R I R E   E T   S ' A T T E N D R I R

 Calvin et Hobbes nous donnent le

LE SENS DE LA VIE

 

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8 – P E N S É E S   D U   M O I S

& & &

Le bonheur n'est pas chose aisée, il est très difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs.

Sébastien Chamfort (Citation No. 209)

¯ ¯ ¯

Le désespoir est une forme supérieure de la critique. Pour le moment, nous l'appellerons « bonheur » ; les mots que vous employez n'étant plus les mots mais une sorte de conduit à travers lequel les analphabètes se font bonne conscience.

Léo Ferré (Citation No. 64)

Ψ Ψ Ψ

L'analyse ne se laisse pas employer comme une arme de polémique ; elle suppose le consentement de la personne dont on veut faire l'analyse et, entre l'analyste et l'analysé, des rapports de supérieur à subordonné.

Sigmund Freud (Citation No. 319)

& & &

Le secret du bonheur et de la vertu, c'est d'aimer ce qu'on est obligé de faire.

Aldous Huxley, Le meilleur des mondes (Spinoza) (Citation No. 4)

Φ Φ Φ

L'unique bonheur consiste à ne pas naître.

Schopenhauer (Citation No. 223)

 

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9 P O U R   L E S   N O U V E A U X   P A R T I C I P A N T S

 « Philo sans fumée » est le bulletin mensuel de Philo5.com mais c'est aussi une rencontre mensuelle organisée le premier vendredi de chaque mois. Vous êtes cordialement invité à y participer. Pour être invité, écrivez-nous.

Si vous n'habitez pas Montréal et que nos rencontres vous intéressent, vous pouvez encore nous écrire vos réflexions. Elles seront communiquées au groupe et viendront enrichir notre échange. Qu'elle soit épistolaire ou en personne, nous vous remercions de votre présence.

 

François Brooks

 

 www.philo5.com

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[1] Lacann nous dit dans sa Postface au Séminaire, (livre XI) : « Vous ne comprenez pas stécriture. Tant mieux, ce vous sera raison de l'expliquer. Et si ça reste en plan, vous en serez quitte pour l'embarras. Voyez, pour ce qui m'en reste, moi j'y survis.»