NAISSANCE DE LA CHRÉTIENTÉ 

Ieschoua de Nazareth

 

Texte fondateur

~ 70, ~ 95

Dieu, amour et pardon [1]

SOMMAIRE

Jésus de Nazareth (Zeffirelli)

Père

Aimez vos ennemis

La femme adultère

Vous êtes des dieux

Jésus de Nazareth (Zeffirelli) [2]

Père [3]

Un jour, Jésus priait en un certain lieu. Quand il eut fini, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean l'a appris à ses disciples. » Jésus leur déclara :
« Quand vous priez, dites : " Père, que tous reconnaissent que tu es le Dieu saint ; que ton Règne vienne. Donne-nous chaque jour le pain nécessaire. Pardonne-nous nos péchés, car nous pardonnons nous-mêmes à tous ceux qui nous ont fait du tort. Et ne nous expose pas à la tentation. " »

Jésus leur dit encore : « Supposons ceci : l'un d'entre vous a un ami qu'il s'en va trouver chez lui à minuit pour lui dire : " Mon ami, prête-moi trois pains. Un de mes amis qui est en voyage vient d'arriver chez moi et je n'ai rien à lui offrir. " Et supposons que l'autre lui réponde de l'intérieur de la maison : " Laisse-moi tranquille ! La porte est déjà fermée à clé, mes enfants et moi sommes au lit ; je ne peux pas me lever pour te donner des pains. " Eh bien, je vous l'affirme, même s'il ne se lève pas par amitié pour les lui donner, il se lèvera pourtant et lui donnera tout ce dont il a besoin parce que son ami insiste sans se gêner. Et moi, je vous dis : demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira la porte. Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve et l'on ouvrira la porte à qui frappe. Si l'un d'entre vous est père, donnera-t-il un serpent à son fils alors que celui-ci lui demande un poisson ? Ou bien lui donnera-t-il un scorpion s'il demande un oeuf ? Tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants. À combien plus forte raison, donc, le Père qui est au ciel donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ! »

Aimez vos ennemis [4]

Mais je vous dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l'autre. Si quelqu'un prend ton manteau, ne l'empêche pas de prendre encore ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas ton bien à celui qui s'en empare. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi agissent de même. Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi prêtent aux pécheurs, afin de recevoir la pareille. Mais aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Et votre récompense sera grande, et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants.

Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; absolvez, et vous serez absous. Donnez, et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis.

Il leur dit aussi cette parabole : Un aveugle peut-il conduire un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse ? Le disciple n'est pas plus que le maître ; mais tout disciple accompli sera comme son maître. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : « Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton oeil », toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l'oeil de ton frère.

La femme adultère [5]

Jésus se rendit à la montagne des oliviers. Mais, dès le matin, il alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S'étant assis, il les enseignait. Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère, et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes, toi donc, que dis-tu ? » Ils disaient cela pour l'éprouver, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre.

Comme ils continuaient à l 'interroger, il se releva et leur dit : « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. » Et, s'étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers ; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors s'étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit : « Femme, où sont ceux qui t'accusaient ? Personne ne t'a-t-il condamnée ? » Elle répondit : « Non, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Je ne te condamne pas non plus : va, et ne pèche plus. »

Vous êtes des dieux [6]

C'était l'hiver et l'on célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace. Jésus allait et venait dans la galerie à colonnes de Salomon, au temple. Les Juifs se rassemblèrent alors autour de lui et lui dirent : « Jusqu'à quand vas-tu nous maintenir dans l'incertitude ? Si tu es le Messie, dis-le-nous franchement. » Jésus leur répondit : « Je vous l'ai déjà dit, mais vous ne me croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père témoignent en ma faveur. Mais vous ne croyez pas, parce que vous ne faites pas partie de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix ; je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle, elles ne seront jamais perdues et personne ne les arrachera de ma main. Ce que mon Père m'a donné est plus grand que tout et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes un. »

Les Juifs ramassèrent de nouveau des pierres pour les jeter contre lui. Jésus leur dit alors : « Je vous ai fait voir beaucoup d'oeuvres bonnes de la part du Père. Pour laquelle de ces oeuvres voulez-vous me tuer à coups de pierres ? » Les Juifs lui répondirent : « Nous ne voulons pas te tuer à coups de pierres pour une oeuvre bonne, mais parce que tu fais insulte à Dieu : tu n'es qu'un homme et tu veux te faire Dieu ! » Jésus répondit : « Il est écrit dans votre loi que Dieu a dit : « Vous êtes des dieux. (Ps. 82,6.) » Nous savons qu'on ne peut pas supprimer ce qu'affirme l'Écriture. Or, Dieu a appelé dieux ceux auxquels s'adressait sa parole. Et moi, le Père m'a choisi et envoyé dans le monde. Comment donc pouvez-vous dire que je fais insulte à Dieu parce que j'ai déclaré que je suis le Fils de Dieu ? Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand même vous ne me croiriez pas, croyez au moins à ces oeuvres afin que vous sachiez une fois pour toutes que le Père vit en moi et que je vis dans le Père. »

[1] Comme Pythagore, Socrate et Pyrrhon d'Élis, Ieschoua de Nazareth n'a rien écrit.
Pour l'origine historique des textes, voir Émilie Rauscher, Les quatre évangiles.

[2] Extraits du film Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli © 1977.

[3] Luc 11, 1-13 ( Jésus et la prière ), Bible en français courant, Société biblique française © 1997.

[4] Luc, 6, 27-42, Bible de Louis Segond, Société biblique © 1910, pp. 1026-1027.

[5] Jean, 8, 1-11, Ibid., pp. 1071-1072.

[6] Jean 10, 22-38 ( Jésus est-il Dieu ? ), Bible en français courant, Société biblique française © 1997.

Philo5
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