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Détournement du féminin

par François Brooks

Nous devons éduquer le peuple de sorte qu'il ne nous saute pas à la gorge.

Emerson (Cité dans le film Chomsky & Cie)

Au nom de l'égalité, le lobby féministe met encore des efforts pour éradiquer la dernière taverne [1], seul lieu public exclusivement masculin. Curieusement, personne ne s'offusque lorsque les clubs de conditionnement physique pour femmes se multiplient. Tandis qu'elles sont bienvenues dans les YMCA, les YWCA découragent la présence des hommes. Pourquoi les femmes échappent-elles à l'article 10 de la Charte des droits et libertés ? Sont-elles également citoyennes ?

Quand Stéphane Gendron se fait rappeler à l'ordre par le Comité de discipline du barreau pour avoir émis publiquement ses opinions personnelles sur un jugement avec lequel il n'était pas d'accord, Me Anne-France Goldwater parade impunément dans les médias pour promouvoir sa cause. On rappelle au premier la responsabilité qui engage son devoir de réserve, tandis que la seconde y échappe sans que personne ne s'inquiète.

L'idéologie féministe est difficile à comprendre. Le concept d'égalité semble se résumer à ceci : « En tant que femme, j'ai le droit de faire tout ce que les hommes font, aller partout où ils vont, et j'ai aussi le droit à mes institutions proprement féminines excluant les hommes quand je le juge nécessaire. J'ai aussi le droit de me soustraire impunément à mes responsabilités judiciaires et de frapper mon conjoint sans que personne ne s'en mêle. » Quiconque s'oppose à ces droits acquis devient la cible à abattre. Le féminisme a donné à la femme des privilèges uniques au nom de l'égalité. C'est à n'y rien comprendre. La femme subjugue partout plus que jamais. Pourquoi ?

Michel Onfray, sympathisant pourtant ouvert au féminisme, avait quand même dénoncé l'arnaque lors des élections françaises où l'on avait avancé l'idée qu'il fallait voter pour Ségolène Royal parce qu'elle était une femme. Où serait la valeur d'une candidate élue si on lui accordait de devenir ministre par une sélection qui la privilégie en tant que femme ? disait-il en substance. Mais l'idée nous est martelée sans cesse qu'en politique, la femme ne sera bien représentée que le jour où il y aura (au moins) autant de femmes élues que d'hommes.

Tout être humain cherche à profiter au maximum de ses prérogatives, c'est bien normal. Le féminisme a mis de l'avant l'idée que, formée comme les mâles, dans les mêmes collèges, les femmes seraient tout aussi géniales. Mais celle-ci prend le modèle mâle comme référence, comme si ce modèle était supérieur. Où est la spécificité féminine dans cette conquête ? Pourtant, depuis qu'on a donné la chance à la coureuse, les génies féminins se font attendre. Bien sûr, il y en a ici et là une ou deux qui se distinguent mais où sont les Einstein promises ? Ainsi donc, depuis que la diplomation universitaire féminine dépasse les 60%, on se demande si Esther Vilar avait vraiment tout faux dans L'homme subjugué (Stock © 1972) où elle présentait la femme comme irrémédiablement inférieure. Mais pourquoi comparer des choses différentes ? Le fait est que si c'est une femme qui est géniale, le prodige n'excite aujourd'hui plus personne à part quelques féministes qui pensent encore que la femme doit montrer sa supériorité. Cette attitude paradoxale nous fait voir comment, le féminisme lui-même dénigre celles qu'il prétend défendre. En effet, si la femme est l'égale de l'homme en intelligence, pourquoi s'exciter davantage que pour lui lorsqu'elle parvient à une maîtrise exceptionnelle ?

Bien sûr, avant l'avènement d'un féminisme égalitaire, on pouvait penser que les femmes, privées de chances égales, n'avaient aucun moyen de montrer leurs talents, mais depuis quarante ans qu'elles affluent en nombre croissant dans les hautes facultés universitaires, j'entends bien le moulin, mais ne vois point la farine. D'aucuns s'accordent pour avancer que la planète n'a jamais été en si mauvais état. On se demande si l'instruction des femmes et leur arrivée massive sur le marché du travail n'y seraient pas pour quelque chose ? Quand les femmes seront au pouvoir, si la planète s'effondre, comme on l'annonce de toutes parts, n'auront-elles pas à en porter le blâme ? Où est l'intérêt de cette course au pouvoir pour les femmes ?

* * *

Quand je travaillais comme technicien au contrôle de la qualité chez Philips Transformateur en 1977, je m'étais étonné que le service des Ressources Humaines n'engage pratiquement que des femmes sur les lignes d'assemblage. On m'avait alors expliqué que, malgré le taux d'absentéisme plus élevé que celui des hommes, comme il est plus facile d'obtenir sa docilité à effectuer un travail répétitif sans créativité, on préférait engager des femmes. Je m'étais à l'époque insurgé contre ce jugement manifestement sexiste mais quand je constate les résultats, je me demande si certains fondements de l'antisexisme ne sont pas en train de se fissurer ?

Remontons à 1929, au moment où Edward Bernays avait trouvé le moyen de développer le marché de la cigarette en misant sur la naïveté de l'idéologie féministe pour vendre un produit qui s'est avéré plus tard mortel.

Cette réalité n'est-elle pas frappante ? On peut se demander si le flambeau de la liberté féministe n'est pas, à l'image du tabagisme, un poison mortel qu'on demande aux femmes d'avaler. Pourquoi les femmes qui s'agitent dans ce mouvement n'ont-elles, comme principal objectif, que les standards masculins ? N'existe-t-il pas une voie féminine qui offrirait une alternative originale ? Si la femme est un être humain comme l'homme, en poursuivant les mêmes objectifs, ne va-t-elle pas faire les mêmes erreurs ? Après quarante ans de féminisme aveugle nous fermons toujours les yeux sur les immenses dégâts sociaux occasionnés par une idéologie consumériste dans laquelle l'aile politique la plus virulente de ce mouvement s'entête à garder le cap et, par les moyens les plus tordus, justifie sans cesse l'injustifiable.

On a beaucoup critiqué Léo Ferré qui a pourtant chanté l'amour de la femme avec une dévotion rendue pour l'homme par peu de chanteuses, pour avoir dit que le génie de celle-ci est dans ses ovaires. Pourtant, si certaines féministes ont mis au rancart leur « génie reproductif », on attend toujours la manifestation évidente du génie beauvoirien qui aurait donné à la femme le pouvoir de devenir autre chose que ce dont « elle n'était pas née pour être ». Bref, la femme reste toujours à définir et son génie à démontrer.

Aurions-nous pris un chemin qui ne mène nulle part ? Nous avons deux groupes, hommes et femmes, qui, après avoir déserté le terrain familial, compétitionnent sur le marché du travail où, galanterie oblige, l'homme cède aux femmes les métiers qu'elles affectionnent et se retrouvent majoritairement dans les domaines traditionnels où la force physique et le courage prédominent. Le féminisme crie « en avant les troupes ! ». Christiane Pelchat veut maintenant qu'elles occupent la moitié des effectifs sur les chantiers de construction [2] (on voit bien qu'elle ignore tout des exigences physiques des métiers). L'égalité qui, dans les débuts du féminisme, revendiquait la libération de la femme, l'égalité en droits et le respect de la spécificité féminine est devenu un féminisme politique de conquête qui s'éloigne chaque jour davantage de la réalité féminine. À porter tous les chapeaux de travailleuses, génitrices, séductrices, consommatrices, etc., plusieurs déchantent quand la quarantaine approche et qu'elles se retrouvent seules, sans famille ou divorcées avec une carrière éreintante qui leur a bouffé la moitié de leur vie sans leur apporter le bonheur promis par les féministes. Les mœurs tant décriées de leurs mères laissaient pourtant jadis à la femme le privilège du partage des rôles. Aujourd'hui les carriéristes sont essoufflées. Et pour quoi donc ? Elles ne peuvent quand même pas blâmer l'homme qui ne fait plus partie de sa vie. Il s'avère que l'épanouissement promis, comme pour le communisme soviétique, commence à virer au cauchemar. Quelque chose n'a pas marché. Mais quoi donc ?

Cet idéal qui pousse la femme à toujours plus n'est-il pas un piège ? Schématiquement, on nous fait croire que l'homme régnait jadis sans partage. Que nous sommes ensuite passés par une égalité brève qui a conduit à un univers où la femme a maintenant prépondérance. On pense alors que la femme règne en maître et domine triomphalement le vilain mâle qui jadis la dominait. Sont-elles plus heureuses ? Pourquoi l'équilibre n'est-il pas possible ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Ce modèle du retour de balancier ne tient pas. On a cherché l'égalité alors qu'on avait besoin de l'harmonie. L'idéologie féministe de revendication cherche le litige, la confrontation, la domination, la conquête, pas l'harmonie. D'autre part, le masculisme n'est pas la voie s'il ne fait que renvoyer l'image miroir d'un féminisme qui nous garde captifs.

* * *

Essayons une analyse qui permette d'apercevoir notre société moderne et égalitaire autrement qu'avec les seules lunettes féministes aujourd'hui permises.

Jusqu'en 1967, les écoles enseignaient aux garçons et aux filles dans des classes séparées. On préparait alors les enfants à une complémentarité familiale où les rôles masculins et féminins étaient définis en fonction des tâches propres à la nature de chacun. La famille consistait à produire un maximum d'enfants pour éventuellement offrir au pays de nombreux soldats pour défendre la patrie. Après la Révolution tranquille, les ovaires féminins ont chuté dans les cours des valeurs nationales. On a persuadé les populations, au nom d'un égalitarisme que d'aucun ne savait alors que faire, de doubler la classe laborieuse. On a d'abord institué les écoles mixtes pour former les futures travailleuses dans le même moule que leurs compagnons. On a ensuite envoyé massivement les femmes sur le marché du travail. Le prince charmant et la princesse, remplis des nobles qualités propices à l'éclosion du nid familial ont peu à peu été remplacés par le couple de conquérants intrépides dans l'iconographie cinématographique. Une propagande digne du grand Bernays, a martelé l'esprit de la population avec l'idée qu'il fallait libérer la femme alors que l'industrie marchande avait simplement décidé de récupérer l'esclavage domestique pour le mettre au service de la société de consommation.

À l'instar des idéologies marxistes soviétiques, quarante ans plus tard, les femmes attendent toujours le bonheur promis. Le fait est que si elles doivent toujours enfanter et tenir maison, elles doivent aujourd'hui en plus travailler quarante heures par semaines dans un marché très compétitif. Et l'endoctrinement idéologique est si puissant (merci Beauvoir) qu'elles en redemandent. On leur a inventé une fête du 8 mars juste pour elles. Juste pour dire aux femmes combien on apprécie qu'elles se laissent embobiner aussi facilement, et elles sont tout heureuses de prendre le volant de ce véhicule dans lequel elles se croient libres alors qu'elles sont encore plus enchaînées que jamais dans un asservissement qui les mène hors de leur nature féminine, si tant est que lorsque l'on est né doté d'un accessoire utérin, on a la possibilité de faire des bébés alors qu'autrement, c'est impossible, sauf dans les amusants délires science-fiction comme Le meilleur des mondes.

Si j'étais femme, je commencerais par faire taire toutes celles (et ceux) qui, en mon nom, au nom de mon sexe, me promettent une idéologie appropriée à mon bonheur. L'idéologue ne pense jamais qu'à lui-même. Je ferais taire, une bonne fois pour toutes Simone de Beauvoir qui, ne parlant que pour elle-même, avec son dédain des bébés et de l'enfantement [3] avait proposé à la nation féminine le programme de se construire « femme » soi-même. Je ferais taire aussi les Bernays opportunistes géniaux qui arrivent à me détruire les poumons en me vantant l'idée que ma liberté tient au « bonheur » d'arriver à faire les mêmes bêtises que les hommes.

Le féminisme d'aujourd'hui pose aux femmes un dilemme inextricable. Il agit comme si, pour se libérer de l'attraction terrestre l'astronaute se contentait de la nier. L'astronaute de génie s'en est pourtant servi pour se propulser vers la lune. Je m'explique. Revoyons trois des postulats féministes fondamentaux :

1. « On ne naît pas femme, on le devient. »

Ce postulat de Beauvoir — sans grande originalité d'ailleurs puisque Tertullien affirmait déjà On ne naît pas chrétien, on le devient, deux siècles après J.-C. — suggère que la femme n'a pas d'autre nature propre que celle qu'elle peut librement se constituer par elle-même — autre idée qui n'est pas d'elle mais de Sartre qui l'appliquait à l'humanité entière. À partir de là, c'est comme si la philosophe avait donné la liberté totale et entière à toutes les femmes ; elle les a libérées de tout, même de leur nature fondamentale. Mais si la femme est libre totalement, elle devient donc hautement influençable. Le premier venu assez brillant pour lui faire miroiter quelque bonheur possible pourra l'enguirlander, jusqu'à même lui faire nier sa propre nature. Ainsi donc, en libérant la femme nous la rendions plus vulnérable que jamais. Pire, cette liberté contient en plus le poison de la responsabilité subséquente. En déclarant la femme « libre » chacune devient alors pleinement responsable de tous ses choix puisque la liberté la prive de la possibilité de blâmer les autres pour les écueils conséquents à ses propres choix. La femme n'a donc jamais été davantage livrée à elle-même qu'à notre époque puisque, paradoxalement, l'idéologie beauvoirienne l'enfermait dans une responsabilité dont elle ne cesse de vouloir s'évader depuis quarante ans. Avant le féminisme, elle pouvait toujours se cacher derrière sa faiblesse subjuguante et adorable. Mais depuis que le chaton est devenu lionne, elle a perdu cette prérogative.

D'autre part, quelles sont les alternatives ? Si la femme est un être culturel, quelles formes peut-elle prendre ? Le féminisme a réingénié trois modèles de femmes : la soumise, la pute et la religieuse. A) La soumise est un objet assujetti à l'homme qui la cache et se la garde pour l'exploiter lui-même. L'épouse musulmane est présentée comme l'archétype à combattre. B) La pute est la femme aguichante qui est toujours soumise aux désirs de l'homme. Les jeunes déesses qui ne cessent de se mettre en marché en étalant publiquement avec toujours plus d'insistance leurs affriolantes formes irrésistibles représentent le deuxième archétype à rejeter. C) La religieuse est une sainte qui ne donne ni son corps ni son ventre mais soumet son esprit à un Dieu paternel qui la dépossède encore d'elle-même. Cet archétype est à combattre plus que tout autre. En posant la femme comme un être de triple soumission le féminisme lui promet la liberté, mais, ce faisant, ne cesse de lui rappeler les rôles proscrits en lui attribuant une identité négative. Le premier devoir de la femme « libre » est de rejeter une triple identité plusieurs fois millénaire. Sans cesse hantée par l'obsédant devoir de reprise de possession d'elle-même, la femme est toute prête pour entrer dans le consumérisme libérateur qui, paradoxalement, lui impose une autre forme de soumission qui la transforme en travailleuse consommatrice. Où est la libération ? La mère de famille traditionnelle était peut-être vouée à sa famille, mais son mari et ses enfants lui créaient une identité où elle avait une influence considérablement plus importante que dans le système idéologique féministe qui la dépersonnalise et l'asservit comme jamais en lui attribuant un rôle que toute autre personne, homme ou femme, peut aussi bien remplir.

2. Le victimisme de Benoîte Groult

Benoîte Groult arrive après Beauvoir pour rectifier le tir. Mais en posant la femme comme victime, elle plonge le mouvement dans le paradoxe inverse et ramène le féminisme à la case départ. En effet, si la femme est victime, c'est donc qu'elle n'est plus libre, qu'elle est faible, tributaire d'une nature sotte et influençable. Qui donc saura la protéger ? Elle se tourne alors vers l'État qui ne cesse d'imposer des lois qui s'appliquent à soutenir cette petite chose fragile sans autonomie. Mais protège-t-on la femme, qu'elle tombe sous le joug de l'État qui régule sa vie d'une manière administrative et aveugle non moins asservissante que la famille traditionnelle dont elle a voulu se libérer. Mariée, maîtresse de maison et ménagère au service d'un mari pourvoyeur, elle n'en avait pas moins un pouvoir immense sur l'époux et sa descendance. Elle était près du centre de décision alors qu'elle a aujourd'hui très peu d'influence sur le pouvoir qui organise sa vie dans les moindres détails, à commencer par les quarante heures de travail hebdomadaire qu'elle doit à la société pour se permettre d'affirmer sa liberté de payer une importante partie de ses gains en impôts qui l'asservissent comme jamais. L'État féministe « libérateur » a refermé sur la femme ses puissants tentacules et transformé chacun des membres de sa famille en générateur de salaire. L'appareil étatique administre désormais la naissance, la petite enfance, la scolarisation, la reconnaissance professionnelle, les soins de santé, la sécurité au travail, la sécurité de la vieillesse, et touche d'importants dividendes de toutes ces opérations. Elle a bien raison de se sentir victime mais le « mâle dominateur » n'y est pour rien puisqu'il est également soumis au même régime, comme les deux rats en cage de Laborit dans le film Mon oncle d'Amérique [1h26]. On la laisse cependant s'attaquer au bouc émissaire impunément. Elle se maintient ainsi à flot et peut continuer à besogner pendant que son mec ne comprend plus rien.

3. Élisabeth Badinter

Badinter arrive bientôt au secours du féminisme pour avertir de la fausse route dans laquelle il s'est engagé. Elle montre comment la liberté est inséparable de la responsabilité ; comment on ne peut pas demander en même temps l'égalité et refuser aux hommes la contrepartie raisonnable de cette idéologie. Mais la femme enchaînée au consumérisme n'est pas très séduite par cette idée qui lui fait perdre tous les bénéfices de la séduction, de la soumission et du victimisme. La liberté devient un cadeau empoisonné puisqu'elle implique la responsabilité. Entraînée malgré elle dans un système qui la floue, elle a perdu ses repères ancestraux et refuse évidemment d'assumer la responsabilité pour un type de liberté qu'elle n'a pas demandé et qui la prive de ses moyens de défense naturels. En dernier lieu, on lui permet de se raccrocher désespérément à la féminisation de la langue française, piètre consolation pour être devenue un homme comme tout le monde dans une société égalitaire qui lui demande de répondre à des exigences d'homme, avec un cœur, un corps et un esprit de femme. Si le féminisme a bouleversé le monde des hommes en les obligeant à céder toujours plus de place, il n'en a pas moins bouleversé celui des femmes dont les repères doivent être reconstruits de toutes pièces alors qu'on les incite avec acharnement à occuper des emplois qui ne leur sont pas traditionnellement familiers.

* * *

Au final, la Révolution tranquille a produit plus de deux générations de femmes « libres », plus dépendantes que jamais d'une culture qui les a enchaînées toujours davantage. À quarante ans, la femme mesure le prix de cette idéologie alors que son horloge biologique l'avertit que l'heure de l'enfantement va bientôt se terminer et la priver à jamais de la seule chose qu'un homme ne peut véritablement pas faire. L'idéologie tarde toujours à nous montrer les génies promises. Ni mère ni génie, le féminisme aura gâché deux générations de femmes qui n'ont fait que compétitionner pour conquérir le terrain des hommes et s'asservir au dieu Consommation. La Révolution tranquille qui avait exalté les visées nationalistes se sera effondrée pitoyablement en concédant la nécessité du renouvellement de la population aux immigrants. L'égalité revendiquée s'est transformée en féminisme politique de conquête où l'homme dévalué n'a plus qu'un rôle secondaire mineur et où la femme s'essouffle à porter tous les chapeaux. Le patriarche déchu ne vaut pas plus que Louis XVI après la Révolution française. L'homme n'a plus de rôle, il ne sait plus ce qu'être père veut dire ; l'État et le consumérisme se sont emparés d'une famille qui lui a échappé sans qu'il n'ait rien compris à l'arnaque. Il était là pour protéger sa famille, voilà qu'elle se retourne contre lui au bénéfice de l'idéologie qui la domine.

D'aucuns prétendent au contraire que quarante ans c'est très jeune pour une idéologie mais je me demande si les fissures du féminisme n'annoncent pas au contraire son effondrement éminent. Comme l'URSS avait fini par se dissoudre sous le poids d'une administration universelle qui n'arrivait même plus à produire le pain quotidien.

Un an après la parution de 300 000 femmes battues, y avez-vous cru ? aucune réfutation sérieuse n'est parvenue des ténors féministes universitaires sinon quelques attaques ad hominem, des dénonciations idéologiques instables et simplistes (on l'a accusé d'être réactionnaire), quand ce n'est pas la simple négation irresponsable pure et simple des faits.

À l'heure où la planète a besoin plus que jamais du consensus des moins bien nantis contre l'exploitation dévastatrice d'un capitalisme marchand qui transforme rapidement la planète en rebuts, les mieux nantis jettent au peuple l'idéologie consumériste comme un os à ronger pour lequel hommes et femmes se battent en partage. Et pendant que nos énergies sont employées dans la lutte féministe-masculiste, les riches prospèrent et assurent leur sécurité en respectant, dans leurs clans, l'ordre naturel où homme et femme ont conservé les rôles naturels. Si j'étais riche et voulais m'assurer la prospérité je n'aurais pas agi autrement. Comme le torero agite la cape rouge pour exciter la bête stupide, la bourgeoisie a agité le féminisme pour attiser la zizanie dans les couples, créer la division si rentable à l'économie marchande et détourner l'attention du petit peuple qui s'échine en perte d'énergie inutile. Nous sommes tous asservis. Hommes et femmes, nous dévastons notre seule planète pour travailler à l'enrichissement de ceux qui auront toujours les moyens de fuir vers les dernières contrées vertes.

[1] Il existe une toute dernière taverne au Québec, sur la Rive-Sud qui résiste malgré les pressions féministes. Voir l'article d'Alexandre Geoffrion-McInnis, Taverne interdite aux femmes, Journal de Montréal, 17 juin 2008, (page consultée le 2 avril 2011).

[2] Christiane Pelchat, NousFemmes.org, 15 mars 2011 (page consultée le 3 avril 2011)

[3] Écoutez ce témoignage de Claude Lévi-Strauss qui dévoile une anecdote très significative sur les sentiments de Simone de Beauvoir à l'égard des bébés :

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