050426

Qui est violent?

par Serge Ferrand

Auteur, réalisateur et journaliste.

Dimanche 24 avril, une vingtaine de féministes radicales (parmi lesquelles deux ou trois hommes) sont montées sur ma terrasse, un homme et une fille masqués ont sonné à ma porte et ont lancé des boules puantes chez moi. Les intrus(e)s sont alors restés sur ma terrasse pour scander des slogans « À mort les masculinistes ». Ils et elles continuaient ainsi leur manifestation et leur tapage entamés au Congrès Paroles d'hommes, vendredi 22 avril à l'Université de Montréal.

Ce dimanche après-midi, j'avais invité une dizaine d'amis et d'intervenants québécois, français, belges et suisses à une projection privée de mon documentaire LA MACHINE À BROYER LES HOMMES, présenté à ENJEUX, sur les ondes de la Société Radio-Canada, le 8 février dernier puis à RDI, le 12 février.

Pour que ma conjointe puisse entrer avec mon fils et pour qu'aucun incident regrettable ne survienne, j'ai téléphoné au service d'ordre, poste 38 afin de faire évacuer les intrus(e)s. Trois voitures de police sont intervenues. Parmi mes invités, des psychologues, deux avocats, deux écrivains, des hommes et des femmes qui n'avaient pas vu mon documentaire. Alors, je me demande qui est violent?

À ma connaissance aucun radical d'un groupement masculin n'est encore allé au domicile d'une féministe pour y proférer des menaces ; encore moins au domicile d'une auteure, journaliste et réalisatrice qui a écrit un documentaire sur la souffrance des femmes! Qui est violent?

Mon documentaire LA MACHINE À BROYER LES HOMMES est passé à une émission importante d'affaires publiques sur la chaîne d'état, pas en catimini sur une chaîne révolutionnaire. En tant qu'individu, auteur et journaliste, cet événement est au mieux de l'intimidation, au pire des menaces contre ma personne et la vie de mes proches. Qui est violent?

Mais le plus impressionnant dans cette affaire, c'est la désinvolture avec laquelle les forces de police traitent cet événement. N'ayant pas voulu porter plainte au moment de la manifestation, je me suis aperçu que si je laissais n'importe qui menacer ma conjointe, mon fils, mes amis et m'intimider cette fois-ci, qu'est-ce que ce serait la prochaine fois?

J'ai donc décidé de porter plainte. Mais en dépit du fait qu'il y ait eu violation de la paix et de domicile, un constable du poste 38 a indiqué au téléphone ce matin à ma compagne qui avec mon fils n'a pas pu rentrer chez elle dimanche 24 avril, qu'il n'y avait pas matière à plainte au criminel. Donc, si je comprends bien, n'importe qui peut venir chez moi, hurler des slogans « mort à... », empêcher ma femme et mon fils d'entrer par leur agissements dangereux, manifester sans permis SUR ma propriété sans être inquiété? C'est rassurant!

À tous ceux et toutes celles qui croient encore à la liberté d'expression, à tous nos défenseurs du droit à l'information et à la justice, je vous invite à dénoncer cet événement.

La violence, c'est le mot qui manque.

Philo5
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