Féminisme-Masculisme 

 

François Brooks

2004-11-24
rev. 2022-07-21

Essais personnels

 

Féminisme triomphant

 

Aujourd'hui, la femme est un homme comme un autre. Mais pourquoi le féminisme s'acharne-t-il à faire croire aux femmes que vivre en homme est la vie idéale ?

L'image utilisée par la Ville de Montréal pour illustrer son Rapport d'activité 2003-2004 de l'arrondissement Ville-Marie est frappante. Elle montre sans vergogne les stéréotypes féministes que l'on renforce sans arrêt. Curieusement, elle ne choque personne. Mais qu'en serait-il si l'on avait choisi d'illustrer le rapport au moyen des stéréotypes précédant la Révolution tranquille ? Imaginez un assemblage où l'on verrait l'homme d'affaires prospère au centre et, en retrait, une femme poussant un couffin à roulettes, et une autre s'adonnant à un hobby féminin. Quel tollé c'eut été !

À vrai dire, peu importe les activités, je n'ai jamais été en faveur des stéréotypes. C'est d'ailleurs pourquoi j'appuyais jadis la cause féministe. Mais si le féminisme ne consistait qu'à les substituer, c'est le retour à la case Départ. Je ne vois pas pourquoi les combattre pour ensuite les réinstaurer triomphalement au nom de la libération. Le stéréotype est le contraire de la liberté.

Au Québec, de toute évidence, la femme domine. Elle remplace maintenant l'homme, et elle le fait bien. C'est-à-dire, exactement comme l'homme dominait : aveuglément, sans se soucier des écueils engendrés par la rigidité des rôles. Aujourd'hui, ces femmes fortes dominent sans se soucier du peu d'aide accordée aux hommes désoeuvrés qui se suicident à un taux effarant depuis la Révolution tranquille. Au Canada comme au Québec, les hommes se suicident 3 fois plus que les femmes.[1].

Assises sur le confortable support de près de 4 000 organismes de femmes subventionnés par un État séduit par l'idée qu'une moitié de la population est plus importante que l'autre, elles cherchent encore un moyen d'améliorer leur situation alors que les organismes d'aide aux hommes en détresse sont à peu près inexistants, et survivent péniblement par sous-financement chronique.

L'idée initiale du féminisme des années '70 était que la manière « homme » comportait des lacunes que les femmes allaient corriger. Trente ans plus tard, on est forcé de conclure que tout ceci n'était qu'un bluff consistant à tasser les hommes pour prendre le pouvoir.

Bravo mesdames ! Votre domination se confirme. Voici des statistiques qui vont vous plaire :[2]

Proportion des femmes dans différents domaines d'étude universitaire en 2002

Art : 64 %

Administration/gestion : 51 %

Science de l'éducation : 80 %

Droit : 61 %

Lettres : 72 %

Sciences sociales : 64 %

Sciences appliquées : 27 %

Sciences pures : 51 %

Sciences de la santé : 75 %

Source : Régie régionale de la santé et des services sociaux de la Montérégie

Taux d'obtention des diplômes au Québec 1998-2000

SECONDAIRE :     adolescents : 76,8 % —— adolescentes : 90,4 %
COLLÉGIAL : jeunes hommes : 29,7 % — jeunes femmes : 49,4 %
BACCALAURÉAT :   hommes : 21,7 % ———— femmes : 33,0 %

En bref le 1/4 des garçons n'obtiendront pas leur diplôme secondaire, comparativement à 1/10 pour les filles.

Source : Revue des sciences de l'éducation, Vol. XXVI, n.1, p. 35 à 54.

L'équité en emploi

ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DE LA FONCTION PUBLIQUE QUÉBÉCOISE DE 1997 À 2001
                     1997         2001
Femmes  :  50,5 % — 54,5 %
Hommes :  49,5 % — 45,5 %
 

La pauvreté chez les femmes

COMPOSITION FAMILIALE DES MÉNAGES VIVANT D'AIDE SOCIALE

Hommes seuls : 42 %
Femmes seules : 30 %
Mères + enfants : 14 %
Pères + enfants : 1 %
Couples avec enfants : 7 %
Couples sans enfant : 6 %

Source : Gouv. du Québec, janvier 2003

Itinérance au Canada

Entre 150 et 250 milles itinérants au Canada dont 85 % sont des hommes.
   (Statique Canada)

83,5 à 89,1 % des plus pauvres au Québec sont des hommes.
   (Institut de la statistique, Gouv. du Québec)

71 à 75 % des itinérants de Montréal et des environs sont des hommes.
   (Collectif de Recherche sur l'Itinérance)

94,7 % des itinérants au centre-ville de Montréal sont des hommes.

   (Étude sur la mendicité et l'itinérance au centre-ville de Montréal)

Pensions alimentaires

(96 %) de 1 milliard (962 200 000 $) de dollars (d'argent taxé) en 5 ans (connus dans le système collecteur de pensions), a été payé par les hommes pour les femmes et leurs enfants au Québec seulement (entre le 1er décembre 1995 et le 31 mars 2000), sans tenir compte des argents qui transitent directement du père à la mère en dehors du système de collecte.

Gouvernement du Québec, Programme de perception des pensions alimentaires, 2000.

Et la « pauvreté » des organismes de femmes...

Près de 4 000 organismes de femmes ou dirigés par des femmes qui reçoivent bon
an mal an quelque 450 millions de subventions provinciale, et quelques organismes d'hommes, majoritairement des organismes pour contrer la violence faite aux femmes qui reçoivent quelques millions.
 

 
Tableau du déclin démographique

Population par groupe d'âge, Canada et régions, 2003

 

Gr.

Provinces

 

Québec

 

Ontario

 

Provinces

 

Canada1

d'âge

maritimes

 

 

 

 

 

 

 

de l'ouest

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

n

%

 

n

%

 

n

%

 

n

%

 

n

%

 

0-4

114 314

6,7

 

368 920

21,5

 

691 806

40,4

 

530 967

31,0

 

1 714 302

100

5-9

130 738

6,7

 

432 325

22,2

 

788 138

40,4

 

589 148

30,2

 

1 949 702

100

10-14

151 594

7,2

 

482 830

22,8

 

827 183

39,1

 

646 609

30,5

 

2 117 613

100

15-19

160 701

7,6

 

456 116

21,5

 

821 462

38,7

 

673 537

31,8

 

2 120 545

100

20-24

157 934

7,2

 

515 411

23,6

 

825 197

37,7

 

682 048

31,2

 

2 188 501

100

25-29

145 650

6,9

 

501 793

23,7

 

820 414

38,7

 

642 388

30,3

 

2 118 132

100

30-34

157 738

7,1

 

491 516

22,1

 

900 929

40,4

 

669 992

30,1

 

2 228 713

100

35-39

180 455

7,3

 

575 098

23,2

 

1 002 796

40,4

 

714 274

28,8

 

2 481 199

100

40-44

198 706

7,3

 

653 035

24,0

 

1 057 075

38,9

 

802 183

29,5

 

2 719 324

100

45-49

192 171

7,6

 

621 487

24,7

 

938 320

37,3

 

756 339

30,1

 

2 515 743

100

50-54

174 879

8,0

 

545 407

25,1

 

807 996

37,1

 

642 104

29,5

 

2 176 497

100

55-59

150 924

8,2

 

476 301

25,9

 

687 504

37,3

 

523 072

28,4

 

1 842 459

100

60-64

111 851

8,0

 

365 844

26,2

 

523 585

37,5

 

392 810

28,1

 

1 396 800

100

65-69

89 982

7,8

 

289 181

25,2

 

440 103

38,3

 

326 910

28,5

 

1 147 902

100

70-74

77 898

7,5

 

264 471

25,5

 

398 290

38,3

 

297 243

28,6

 

1 039 113

100

75-79

62 803

7,5

 

207 425

24,7

 

325 357

38,8

 

243 095

29,0

 

839 427

100

80-84

46 952

8,0

 

135 781

23,3

 

221 705

38,0

 

178 796

30,6

 

583 656

100

85-89

25 294

8,5

 

69 101

23,3

 

106 217

35,8

 

96 164

32,4

 

296 953

100

90 +

13 386

8,7

 

35 127

22,9

 

54 223

35,4

 

50 243

32,8

 

153 096

100

 

Total

2 343 970

7,4

 

7 487 169

23,7

 

12 238 300

38,7

 

9 457 922

29,9

 

31 629 677

100

 

1. Y compris le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut.

Source : Statistique Canada, Division de la démographie, Estimations de la population, 31 mars 2004.


  * * *

Depuis vingt-cinq ans, la chute des naissances correspond à la montée du féminisme. Le Québec est la région la plus touchée au Canada. Le groupe 0-4 an est remarquable. Les femmes ont tout fait pour devenir de meilleurs hommes que les hommes. Les familles ont éclaté. En se détournant de leur nature — qui était aussi leur premier rôle social — la pyramide des âges s'est inversée. Oui, la femme est naturellement équipée pour enfanter. Il n'y a rien d'insultant à le dire. Les hommes en sont incapables.

Avec le déclin démographique, qui donc assurera les services aux gens âgés dans 25 ans ? La rareté de la main-d'oeuvre produira une inflation qui dévaluera sérieusement les fonds de pension. La richesse d'une nation n'est pas le chiffre du compte en banque, mais la force de travail. Merci Beauvoir ! Le féminisme assure la dénatalité. L'idéologie fait office de sélection naturelle ; le féminisme effondre la population (bonjour Darwin).

Comment soutenir que la nation québécoise est forte et vivace ?

Pour le moment, les immigrants viennent à la rescousse. Merci à eux. Leur arrivée massive apporte un souffle d'espoir. Le Québec assure une intégration harmonieuse, mais quand le nombre dépassera celui des Québécois dits « de souche », l'harmonie ne risque-t-elle pas de s'effriter ? Ce qui assure l'unité d'une nation, c'est la culture commune. Qu'arrivera-t-il lorsque d'autres cultures atteindront un poids démographique qui leur donnera une représentativité politique importante ?

La dénatalité remarquable des cinq dernières années montre que la culture dominante individualiste féministe rencontre une double impasse. 1. Elle crée une société morbide qui, lorsqu'elle n'incite pas au suicide, enlève le goût de se reproduire. 2. Ceux qui pensent encore qu'avoir des enfants est un but louable nourrissent des valeurs diamétralement opposées. Ceci crée un conflit dans les valeurs culturelles qui devraient pourtant nous unir. Ma consolation est que, à terme, le féminisme morbide fera place aux mentalités pro-famille qu'alimentent les nouveaux arrivants. Ils sont les modèles dont nous avons besoin.

Je nous vois, dans quelques années, isolés dans les maisons de retraite, familles dispersées, sans petits-enfants, à assumer entre nous les services mutuels que nos maigres fonds de pension dévalués n'arriveront plus à couvrir dans un monde où l'obsession d'accumuler l'argent nous a fait oublier que la vraie sécurité de la vieillesse c'est les enfants.

En attendant, non seulement les femmes ont dépassé l'égalité, mais le patronnage féministe tergiverse encore et scrute à la loupe les groupes d'emploi où elles sont toujours sous-représentées, essayant de refiler aux hommes le rôle de mère au foyer que l'État déprécie, et que plus personne ne veut jouer. De toute évidence, l'égalité ne leur suffit pas ; c'est la supériorité qu'elles convoitent.

La Révolution tranquille montre-t-elle que les femmes jouissent d'une vie plus satisfaisante ? À chacun d'en juger, mais je vois plutôt le contraire. Comment une femme insatiable dont la seule liberté consiste à travailler et butiner les princes charmants, en quête perpétuelle de romantisme et de consumérisme, pourrait être un modèle d'épanouissement ?

Depuis 30 ans qu'elles ont accès aux mêmes formations que les hommes, aux mêmes métiers et professions, pourquoi les féministes revendiquent-elles encore et encore ? Évidemment, travailler comme un homme n'est pas facile, surtout avec la surcharge d'enfanter. On se demande pourquoi un mouvement féminin ne s'est pas encore levé contre cette absurdité. Mais non ! Si le remède rend le cheval malade, c'est que la dose n'était pas assez forte. Il faut persister avec davantage de revendications.

Peut-être que je me trompe, et que tout ceci n'a pas d'importance. Une chose est certaine, mesdames, notre sécurité sociale est maintenant entre vos mains, et jusqu'à preuve du contraire, vous êtes loin de m'avoir convaincu que les bêtises des dirigeants mâles de jadis sont plus graves que celles que vous êtes en train de commettre. Si vous échouez — et j'espère sincèrement me tromper — vous aurez fait la preuve de votre égalité. Nous avions pourtant tellement besoin de vos capacités complémentaires.

Réussir une vie d'homme quand on est une femme, c'est remarquable. Mais réussir une vie de femme quand on est une femme n'est-ce pas réussir sa vie ? Qu'est-ce qu'une vie de femme ? Qu'est-ce qu'une vie réussie ? Pourquoi le féminisme s'acharne-t-il à faire croire aux femmes que vivre en homme est la vie idéale ?

[1] Chaque semaine, 52 hommes se suicident au Canada (voir Statistique Canada 2004)
dont 17 au Québec (voir INSPQ - Québec).
« Par le passé, dans les années 1950, les taux de suicide étaient relativement stables, puis ils ont augmenté régulièrement depuis les années 1960 jusqu'au début des années 1980. Le taux a atteint un sommet se situant à 15,1 décès pour 100 000 en 1983. » (Voir Statistique Canada, Étude : Les taux de suicide, un aperçu, 1950 à 2009.)

[2] Statistiques compilées par M. Jean-Claude Boucher en réponse au document du Conseil du Statut de la Femme du Québec, Vers un nouveau contrat social pour l'égalité entre les femmes et les hommes.
(Voir Document intégral) (Voir Synthèse.)

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