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Virus informatique et
le "syndrome de la suffisance"
[1]

par Rob Rosenberger

© 1996

*  Introduction

*  Droits d'auteurs et distribution

*  Biographie de l'auteur

*  Syndrome de la suffisance

*  Pseudo-experts en virus

*  Les experts en sécurité informatique

*  Les réparateurs d'ordinateurs

*  Revues, journaux, télévision

*  L'effet "peinture verte"

*  Joe le connaissant

*  Implications du syndrome de la suffisance

*  Conclusion

*  Notes

*  "Fausses alertes de virus" sur les réseaux en ligne majeur

*  Un employé perd son emploi quand son ordinateur n'a pas de virus

*  La panique mondiale du virus Michelangelo de 1992

*  Bibliographie

*  Termes, acronymes, abréviations

* * *

Introduction

Plusieurs personnes dans le monde de l'informatique parlent avec confiance des virus — pourtant seulement quelques-uns ont le savoir adéquat sur ce sujet techniquement obscur. La plupart des experts s'entendent pour dire que ces derniers souffrent de ce qui est appelé le "Syndrome de la Suffisance." Ils contribuent plutôt à faire circuler des peurs & des mythes sur les virus informatiques. Je vais vous persuader de questionner les références de tous ceux (moi-même inclus) qui croient parler avec autorité sur le sujet.

Ce document traite des virus de la famille IBM PC et compatibles, par contre le sujet Syndrome de la Suffisance, s'applique à toutes les plates-formes. Les lecteurs devraient avoir une connaissance de base sur les concepts de virus, les réseaux, les BBS et les services en ligne comme Compuserve. Il serait bon de comprendre ce qu'est un "Boot sector" et d'être familier avec la panique qu'avait engendré le virus Michelangelo en 1992. (Des notes sont insérées sur ces sujets)

Droits d'auteurs et distribution

© 1995,96 Rob Rosenberger; tous droits réservés. Vous pouvez copier ce document en autant que vous le faites sans le modifier en tout ou en partie. Détaillants et auteurs peuvent inclure des copies électroniques avec leurs produits, voyez-le comme un service public.

La presse peut publier ce document dans sa forme originale en Français, en tout ou en partie, sans frais, si l'auteur en est crédité. Soumettre une copie de la publication à : P.O. Box 1115, O'Fallon, IL 62269. (Pour les publications par Fax, envoyé une copie au 618-632-2339.) S.V.P. faites une demande pour savoir si une traduction de ce document existe dans une autre langue.

Tous les produits & compagnies mentionnés ici sont des marques déposées des propriétaires respectifs. La mention d'un produit & compagnie ne signifie pas l'endossement de ceux-ci.

Biographie de l'auteur

ROB ROSENBERGER est reconnu comme un expert international sur les mythes & canulars de virus informatique. Janet Endrijonas, Pamela Kane, and Richard B. Levin l'ont consulté lors de la publication de leur livre respectif sur la sécurité informatiques et les virus. Rosenberger a aussi servi de consultant sur les virus informatiques à Neil Rubenking, éditeur technique pour PC Magazine.

Les références de M. Rosenberger incluent un traité écrit en 1988 et accueilli favorablement par les critiques sur les canulars & mythes des virus informatiques. Ce traité a été publié dans plus de 220 livres et publications sur la planète, dans quatre langues officielles. [Plus au moins deux en Hébreu & Arabe durant l'opération " Tempête du Désert"] Le département de la défense américaine cite le traité de Rosenberger comme source bibliographique dans plusieurs documents qui traitent des virus informatiques.

Rosenberger fit la manchette en 1992 lorsqu'il prédit que "seulement 10 000" ordinateurs seraient atteints par le virus Michelangelo. [Les rapports de presses prédisaient qu'au moins cinq millions d'ordinateurs perdraient leurs données; des rapports avaient même prédit 15 millions au États-Unis seulement.] Sa recherche sur l'hystérie globale des médias apparut sur la page frontispice du ISPNews, une publication sur la sécurité informatique.

Rosenberger a écrit ou coécrit plusieurs articles sur les virus pour des revues aux E.U. & en Angleterre. Il fut aussi une des vedettes du vidéo "Computer Survival Series" qui traitait des virus.

Dans d'autres domaines, Rosenberger est l'auteur de trois livres et un vidéo sur le concept "Shareware" et a écrit sur ce sujet dans plusieurs revues. Il a fait des conférences partout aux E.U. sur le Shareware et fut conseiller pour l'écriture de livres écrits par David D. Busch, Michael Callahan et John C. Dvorak.

Les sujets traités lors de conférences par Rosenberger couvrent les virus informatiques, la programmation des langages de Borland et le concept "essayer avant d'acheter" communément appelé Shareware. Ses conférences les plus marquantes incluent :

*  National Academy of Sciences Computer Working Group (1989)

*  American Chemical Society Convention, Lead Speaker, Software Track (1989)

*  PC-EXPO CHICAGO panelist (1993)

*  Regular panelist, Shareware Industry Conference (1990-94)

Syndrome de la suffisance

HISTOIRE VÉCUE. IL Y A QUELQUES années, je m'arrête dans un magasin Software Etc., à Fairview Heights, en Illinois, pour une visite. Un client, arrivé avant moi, raconte au vendeur qu'il a un problème avec son écran vidéo. L'employé avertit le client qu'il vient de contracter un nouveau virus et se met à le lui décrire dans les détails.

J'interrompis l'employé : "Monsieur, vous êtes dans l'erreur. Ce virus n'existe pas. C'est le dernier canular."

"Oh non" répondit le vendeur "Nous avons reçu du courrier électronique de notre maison mère, nous mettant en garde contre ce virus et nous demandant d'être vigilant à ce sujet."

Je lui répond alors, "Un de vos gérants s'est fait avoir et vous dit des conneries. Plusieurs compagnies dont McAfee Associates [2] et d'autres ont émis une dépêche de presse disant que ce virus était un canular. Ce que vous décrivez est chose impossible pour un virus. Point. " J'ai ensuite porté mon attention au client. " N'écoutez pas ce vendeur. Vous n'avez pas ce virus magique car il n'existe pas. Vous avez plutôt un problème de moniteur."

Quelle était l'expérience de ce vendeur sur les virus informatiques? Il s'occupait peut-être de la cuisson des hamburgers chez McDonald deux semaines auparavant, pour ce qu'on en sait.

Quelle était l'expérience de ce vendeur sur les virus informatiques? Il s'occupait peut-être de la cuisson des hamburgers chez McDonald deux semaines auparavant, pour ce qu'on en sait! Maintenant, il vend de la marchandise dans un magasin d'informatique — Cela le qualifie -t-il pour donner des informations sur les virus informatiques?

LA PLUPART DES PERSONNES qui prétendent avoir l'autorité nécessaire sur les virus informatiques ont peu ou pas d'expérience pertinente. Des experts décrivent cela comme étant le "Syndrome de la Suffisance"— la personne se croit compétente à cause de son titre ou de son expertise dans un autre domaine informatique ou encore simplement parce qu'il sait se servir de son ordinateur.

Je veux que vous questionniez les références de tous ceux qui parlent des virus informatiques. En effet, je veux aussi que vous questionnez mes références dans ce domaine.

La U.S. Air Force dans sa publication Tongue & Quill, souligne le concept du Syndrome de la Suffisance :

L'opinion des non-experts ou prétendues expertises — Ne soyez pas influencé ( ou n'influencez pas les autres) par des prétendus experts et leur autorité non qualifiée. L'Air Force est remplie de personnes qui, à cause de leur titre ou expertise dans un domaine, sont citées sur des sujets où leur expérience est limitée ou absente.

(Comme le dit cette publication de l'Air Force, le Syndrome de la Suffisance peut atteindre des personnes dans tous les domaines.)

Les vendeurs d'ordinateurs, les consultants, les techniciens et les professeurs de niveau collégial succombent souvent au Syndrome de la Suffisance. Un titre peut sembler ronflant mais sa description de tâches, elle, ne fait que vaguement référence à des tâches de "sécurité informatique".

Les administrateurs de réseau font souvent partis de cette catégorie. La plupart portent aussi le titre "d'expert en virus" parce que leur description de tâches inclut la sécurité du réseau. Il n'ont peut-être jamais étudié la sécurité informatique mais leur expérience dans le domaine des réseaux leur donne confiance lorsqu'ils se prononcent sur le sujet non-relié des virus informatiques.

Les personnes souffrant du Syndrome de la Suffisance offrent souvent des conclusions tirées de peu de données et affirment leurs suppositions comme étant un fait. Une autre citation du Tongue & Quill:

Nous sautons vite aux conclusions avec peu de preuves, nous nous fions trop à "un échantillon" ( notre expérience); quelque chose arrive deux fois de la même façon et nous présumons avoir l'habilité de prédire... Malheureusement, notre désir est de faire des affirmations positives, de solides énonciations et ce sentiment encourage des conclusions affirmatives.

Considérez le cas de Gary L. Allen. Écrivant une lettre à Computerworld, il offre son analyse sur la panique qui a entouré le virus Michelangelo en 1992. Allen donne son expérience anti-virus: "Je suis un MIS manager et nous avons trouvé le virus Michelangelo sur des disquettes distribuées par un de nos revendeurs de logiciels, nous avons donc éliminé le virus avant qu'il infiltre le réseau." Allen dit plus loin: "Si nous n'avions pas été averti [par la presse] de scruter [pour le virus Michelangelo]... il aurait sûrement infesté notre réseau et de là, qui sait jusqu'où il aurait pu se rendre."

Cet administrateur de réseau, a scruté son réseau parce que la presse le lui a dit !

Allen a fait des "affirmations solides et positives" comme le mentionnait Tongue & Quill. Étonnamment, cet administrateur de réseau a scruté son réseau parce que la presse le lui a dit ! Allen assume que le virus Michelangelo aurait "sûrement" infecté son réseau. Les experts en virus pourraient facilement débattre du sujet. Pourquoi se questionner sur lui ? Les propos même d'Allen l'exposent comme un "pseudo-expert" en virus.

Pseudo-experts en virus

À UNE CONFÉRENCE sur les virus que j'ai fait à un petit groupe d'hommes d'affaires en 1991, un administrateur de réseau se lève et proclame que sa compagnie (un cabinet d'avocat) fermerait ses portes pour toujours "si un virus destructif infectait leur système." Il vendrait l'équipement; les secrétaires se trouveraient un autre emploi; les avocats amèneraient leur filière dans d'autres cabinets". La compagnie fermerait si seulement un virus destructif infiltrait leur réseau.

Secoué par ce qu'il venait de dire (et essayant de reprendre le contrôle de la conférence), je lui demande ce qui se passerait si le cabinet brûlait. Pas de problème: ils ont des copies de sécurité et des contrats pour parer à toute éventualité. Je lui répond alors, "Parfait, si un virus infecte un jour vos ordinateurs, brûlez votre immeuble et votre problème est résolu!"

Les spectateurs ont ri — mais j'étais en colère. J'aurais licencié cet homme sur le champ s'il avait travaillé pour ma compagnie! Je ne veux pas de quelqu'un sur ma liste de paye qui rendrait instantanément tout le monde sans emploi et ce à cause de son ignorance pompeuse.

Tristement, les administrateurs de réseaux perpétuent trop souvent les mythes sur les dangers posés par les virus informatiques. Ken Hall, un gérant chez Georgia Tech's Financial Data Technology Office a écrit une histoire typique pour la revue Atlanta Computer Currents en réponse à la panique de 1992 sur le virus Michelangelo. Dans le septième paragraphe, Hall en ajoute au mythe: "Traditionnellement, les virus ont infecté les ordinateurs qui ont transférés des fichiers venant [sic] de BBS." Les experts essaient depuis plusieurs années de détruire ce mythe mais les pseudo-experts, comme Hall, les surpassent.

Les experts en sécurité informatique

Quelques personnes travaillant pour d'importantes compagnies ont la chance d'avoir comme description de tâches et titre "sécurité informatique". Ce n'est pas une tâche additionnelle. Leur tâche couvre plusieurs volets de la sécurité que ce soit de contrecarrer de jeunes crack de l'informatique, l'espionnage, les feux ou les désastres naturels — et les virus informatiques. Vous trouverez le Syndrome de la suffisance là aussi.

MYTHES

LA PRÉTENTION QUE LES "BBS PROPAGENT LA PLUPART DES VIRUS". Les pseudo-experts en virus vous disent d'éviter les babillards électroniques, prétextant qu'ils sont la cause de la propagation de la plupart des virus. Par contre, de vrai experts croient le contraire: ils voient les babillards comment étant une source sécuritaire pour obtenir des logiciels (voir l'histoire de la page 10).

Les pseudo-experts blâment les BBS pour la propagation de la plupart des virus parce qu'il est plausible de les blâmer. Vous pouvez attraper un virus si vous partagez des logiciels et les babillards partagent beaucoup de logiciels.

Donc les pseudo-experts justifient et assument que les babillards sont responsables de la pluparts des infections rapportées— et incorrectement cataloguent leurs suppositions comme un fait.

Du personnel de la sécurité informatique de la Scott Air Force Base, Illinois, participaient à un cours sur ce sujet au début 1995. Le cours incluait un dépliant: un livre de Russell & Gangemi "Computer Security Basics" qui fut mis à jour en 1992. Les manuels d'informatiques ont typiquement une vie très courte: la plupart disparaissent des tablettes avant un an. Mais le livre "Computer Security Basics" sert de référence dans l'industrie et vous pouviez encore le trouver chez les magasins Waldenbooks à la fin de 1995.

Russell & Gangemi mentionnent le programme shareware "Flu_Shot" par son nom à la page 88 et disent aux lecteurs qu'ils peuvent l'obtenir de "source commerciale ou du domaine public", i.e. les BBS. Pourtant à la page 87 le livre avertit les lecteurs "d'être prudent avec les programmes du domaine public et les programmes shareware...Ne laissez pas les utilisateurs installer des programmes obtenus des[BBS]." [3]

Cette contradiction semble mineure à première vue; en réalité elle perpétue un mythe commun sur les virus. Plus spécifiquement, cela aide à renforcir le mythe parmi le personnel en sécurité informatique. Russell & Gangemi recommandent au lecteur la "Computer Virus Industry Association," même si cette organisation est largement écartée avant la publication de leur premier livre et ce dans une une publicité pour le gourou des programmes anti-virus John McAfee.

Le personnel en sécurité informatique ne lit pas seulement des livres — il regarde aussi des vidéos en formation. ViaGrafix, une compagnie qui se spécialise en vidéo de formation distribue un vidéo sur les virus informatiques. Produit en 1992 et toujours vendus en 1995 le vidéo de ViaGrafix insiste sur l'histoire mythique du "virus de la guerre du Golfe" (Plus de détails en page 8.) Encore une fois, cela renforce le mythe parmi le personnel en sécurité informatique.

Wolfgang Stiller, un expert international reconnu en virus informatique et auteur du logiciel antivirus "Integrity Master" dit "les experts en sécurité informatique d'aujourd'hui — ceux qui méritent ce titre — ont tendance à avoir de bonnes connaissances sur la façon dont fonctionnent les virus. Ils peuvent donner de bons conseils." Mais il choisit ses mots prudemment quand on lui demande de commenter l'expertise du personnel en sécurité informatique sur les virus.

"Il y a de bonnes chances qu'ils comprennent mieux que la moyenne du monde les virus," dit Stiller "Quelques-uns diront qu'ils comprennent certainement mieux mais j'en ai rencontré quelques-uns qui ne savent rien sur les virus ou pis encore, ils en ont un fausse idée. Sachant qu'ils sont des experts en sécurité informatique, leur fausse opinion a beaucoup plus de poids que la personne moyenne. Les erreurs sont beaucoup plus dommageables lorsqu'elles sortent de la bouche de ces personnes."

EN UN MOT...

ultracrepidarian:* (n., adj.) une personne donnant des opinions qui dépassent son savoir.

En résumé, Stiller décrit le Syndrome de la Suffisance parmi les experts en sécurité informatique comme suit: "Mettez-moi sur une tribune avec un expert en sécurité informatique et je ne prétendrai pas avoir son niveau d'expertise en sécurité informatique. Mais la personne en sécurité informatique, invariablement, prétendra qu'elle a mon niveau d'expertise sur les virus. Comment convaincre les spectateurs, de façon diplomatique, qu'il ne l'a pas? "

(Stiller offre une analogie intéressante: les policiers qui se portent garant à la télévision pour The Club®*. Se spécialisent-ils en enquête de vol de voitures— ou donnent-ils des contraventions?)

Les réparateurs d'ordinateurs

LES ADMINISTRATEURS DE RÉSEAUX ET le personnel en sécurité informatique ont peut-être les meilleurs emplois mais ils ne sont pas les seuls pseudo-experts sur les virus. La liste inclut les conseillers en informatiques et les réparateurs. Dans un exemple, un utilisateur de Compuserve, Rob Parker, écrit un message au début 1995 se lamentant de son disque rigide sur son portable:

Pensant que le problème était un virus, le technicien a essayé plusieurs programmes antivirus, tous étaient négatifs. Il a, par la suite, reformaté mon disque rigide....Il a alors prétendu que mon disque rigide était ruiné et que c'était dû au virus.

____________________

* The Club® : un dispositif que l'on place sur le volant d'une voiture pour contrer le vol (N.D.T.)

* Ultracrepidarian (ang)=> présomptueux, prétentieux, etc. (Je ne pouvais pas trouver de terme exacte en français pour décrire parfaitement ce terme) (N.D.T.)

DEMANDEZ-VOUS CECI

Supposez que votre ordinateur se met à faire des siennes tout à coup. Comment réagiriez-vous? Est-ce que votre première réaction serait de vous servir de votre logiciel antivirus?

Les ordinateurs sont très complexes. Plusieurs choses peuvent se produire — erreurs de configurations, erreurs de matériels, erreurs de l'utilisateur, etc. La prochaine fois que votre ordinateur fera des siennes, demandez-vous " "Comment réagirais-je si je n'avais jamais entendu parler des virus?"

En gros, le technicien a utilisé deux programmes ou plus d'antivirus pour détecter un virus sur le portable. Aucun de ces programmes n'a trouvé de virus. Le technicien a ensuite formaté le disque rigide du portable — et ca n'a pas fonctionné. Il a ensuite prétendu que le virus avait détruit physiquement le disque rigide.

Des experts reconnus, sur Compuserve ont rejetés les conclusions du technicien. Parker se demande maintenant si le technicien n'a pas inventé l'histoire. Se sentait-il obligé de donner une réponse qui semblait plausible au client pour expliquer pourquoi le disque rigide avait arrêté de fonctionner?

Parker s'en est tiré à bon compte: son disque rigide était encore sous garantie. Mais son expérience soulève des questions importantes. Combien de techniciens ont dit, incorrectement, à leurs clients de payer "parce qu'un virus avait physiquement détruit leur ordinateur?" Et combien de clients les ont-ils crus?

Revues, journaux, télévision

PAUL MAYER, un expert en marketing pour de petites compagnies de logiciels écrivait des articles pour une revue en informatique. Ses éditeurs l'ont déjà payé pour écrire un article sur les virus. L'expérience de Mayer sur les virus apparaissait dans le quatrième paragraphe de cet article:

J'ai personnellement eu deux contacts avec les virus en quinze ans de travail avec les ordinateurs. La première fois, ce fut une surprise. La deuxième fois j'étais prêt!

Mayer a écrit son histoire du point de vue d'un utilisateur. Il croit que la revue l'a choisi pour écrire l'article parce qu'il avait déjà eu des expériences avec les virus. À son crédit, Mayer a consulté un vrai expert [4] lorsqu'il a écrit son article.

Malheureusement, les journalistes des médias citent presque n'importe qui lorsqu'ils parlent de virus— et particulièrement des personnalités locales. Une histoire typique illustre ce point. Pendant la crise de 1992 sur le virus Michelangelo, plusieurs hommes d'affaires locaux ont été cités dans le St. Louis Post-Dispatch , entre autres:

*  Craig Johnson, gérant d'un magasin local Software Plus store;

*  Ernest White, gérant d'un magasin local Babbage's store;

*  Todd Jones, vendeur dans un magasin local Software Centre store.

MYTHE COMMUN

LE VIRUS DE LA "GUERRE DU GOLF"
U.S. News & World Report écrivait une histoire en 1992 disant que la National Security Agency avait intercepté des imprimantes destiné à l'Iraq avant la guerre du Golfe. Ce magazine prétendait que la NSA avait secrètement "planté" un virus informatique dans ces imprimantes.

Ted Koppel, l'hôte de ABC's Nightline4, a ouvert une de ses émissions avec cette histoire. Au moins un vidéo de formation sur les virus, rapporte cela comme un fait.

Pourquoi les authentiques experts rapportent cette histoire comme étant un mythe? Il semblerait qu' InfoWorld5 a publié un poisson d'avril, en 1991 , presque identique à celui rapporté dans USN&WR en 1992.

Ce problème afflige les journalistes de la Télévision aussi. Pendant la crise de 1992 sur le virus Michelangelo, NBC Nightly New, a inclus dans un reportage, une entrevue avec un vendeur d'ordinateurs. Ce dernier a mentionné la panique de ses clients et le journaliste lui a demandé "si cette panique était justifiée." Le vendeur a répondu : "oui."

Et voilà : la panique est justifiée si vous pensez que votre ordinateur a un virus. C'est ce qu'a dit un vendeur reconnu au niveau national.

Même les journalistes ayant "l'expérience des ordinateurs" commettent de graves bévues lorsqu'ils écrivent des articles sur les virus. Plusieurs journalistes se sont branchés à CompuServe, GEnie, Prodigy et America Online pendant la crise du virus Michelangelo et écrivaient des messages adressés à "tous". Chaque message posait la même question: "Voulez-vous être interviewé sur le virus Michelangelo?"

Ces journalistes ne cherchaient pas des experts — ils ont plutôt recherché des utilisateurs effrayés. Un journaliste du USA Today qui s'attendait à plusieurs réponses, demandait aux répondants de ne pas encombrer les lignes sauf si il ou elle avait souffert du virus Michelangelo.

Prenons, par exemple, l'accident tragique de l'acteur Christopher Reeve, où il se brisa le cou. Les médias se sont tournés rapidement vers des experts en colonne vertébrale pour avoir des commentaires. Pourquoi n'ont-ils pas demandé à un podologue si Reeve marcherait à nouveau?

MYTHE COMMUN

L'HISTOIRE DU "GARÇON MOURANT".
Un petit garçon(son nom varie) mourant d'une maladie incurable(la maladie varie), veut avoir son nom dans le Guinness Book of Records pour "le plus de cartes de prompt rétablissement". Des usagers d'informatique ont demandé d'envoyer une carte pour que le petit garçon réussisse son exploit.

Les podologues peuvent diagnostiquer des "walking disorders" et sont beaucoup plus nombreux que les spécialistes de la colonne vertébrale. Mais un podologue a la mauvaise expertise dans le cas de Christopher Reeve. La presse connait cette différence. Par contre, lorsqu'ils parlent d'informatique— ils citeront presque n'importe qui ayant un emploi dans le domaine de l'informatique.

NE SOUS-ESTIMEZ JAMAIS le rôle de la presse dans la propagation du Syndrome de la Suffisance. Empirical Research Systems (firme de sondage dans le domaine informatique) faisait un sondage en 1991 auprès d'employés de corporation dont les fonctions touchaient d'une façon quelconque la sécurité. 43% des répondants — presque la moitié — forment leur opinion sur les virus seulement en lisant les journaux!

Les journalistes se réfèrent à ces personnes pour avoir des détails (et citations) pour un article. Cela veut dire que la presse nourrit ces pseudo-experts, qui se font un plaisir de rendre l'information à d'autres journalistes, informations que d'autres pseudo-experts lisent... ce qui crée un cercle sans fin de mauvaises informations et un tas "d'experts".

Ce sondage concluait avec une statistique : ils estimaient que presque les deux tiers des employés qui avaient un lien avec la sécurité informatique, avaient une connaissance inadéquate des virus informatiques.

LES EXPERTS EN VIRUS DU BUREAU

Le premier employé à être atteint d'un virus informatique deviendra très rapidement l'expert du bureau. "Croyez moi, je sais de quoi je parle. Ça m'est arrivé".

L'effet "peinture verte"

De façon intéressante, les journalistes de quotidiens connus citent, quelquefois, les journalistes de l'industrie informatique à propos d'histoires sur les virus. En exemple, l'histoire du St. Louis Post-Dispatch mentionné plus haut qui citait l'éditeur d'InfoWorld, Ed Foster.

Tristement, les gérants ne pensent pas à des personnes plus compétentes quand ils nomment des experts. " Le gars qui pratique l'informatique de façon sécuritaire est un inconnu dit le sysop de CompuServe, Orville Fudpucker, "mais tous applaudissent le con qui a survécu à l'attaque du virus."

Jeff Duntemann, éditeur de PC Techniques a remarqué ce courant et le relie à ce qu'il appelle "l'effet de la peinture verte. "Si vous voulez vanter les qualités d'une "canne" de peinture verte et que le mieux que vous ayez à dire est qu'elle est verte — alors, ce n'est probablement pas de la bonne peinture." Si vous désirez citer quelqu'un à propos des virus informatiques, et que ses plus grandes références sont qu'il est l'éditeur d'une revue hebdomadaire...

Duntemann poursuit en disant: "Le travail d'un éditeur de revue informatique [ou journaliste] est d'avoir un peu de connaissance dans les champs de l'informatique. Ses connaissances sont larges mais ne sont pas approfondies sauf peut-être dans quelques champs spécifiques."

Pourquoi alors, les grands quotidiens citent-ils les revues du monde informatique? Duntemann croit que les journalistes de l'industrie informatique (en particulier les éditeurs) parlent et écrivent bien. "Si vous pouvez bien parler d'un sujet même si vous en connaissez peu sur celui-ci, il y a de bonnes chances pour que vous soyez étiqueté comme un expert," note-il. "Particulièrement par des gens qui ne connaissent rien sur le sujet."

Joe le connaissant

LES PERSONNES SANS UN TITRE IMPRESSIONNANT souffrent aussi du Syndrome de la Suffisance. Un utilisateur qui a contracté un virus, par exemple, confiera souvent à d'autres, de façon confidentielle, comment le détourner. Il ou elle peut se voir ainsi décerner le titre "d'expert du bureau en virus."

MYTHES COMMUNS

LE VIRUS "GOOD TIMES". La FCC a découvert un virus qui infecte votre ordinateur si vous lisez un message avec la mention "Good Times" dans le titre. Ironiquement, des usagers voulant bien faire, inclue les mots "Good Times" dans le titre quand ils sonnent l'alerte!

Le Syndrome de la Suffisance joue deux rôles importants. Premièrement, ceux qui veulent vraiment aider les autres deuxièmement, ceux qui aiment se sentir en contrôle de leur ordinateur. Ces utilisateurs succombent facilement au Syndrome de la Suffisance quand ce désir naturel l'emporte.

"Marcello," un usager typique qui s'est fait prendre dans un canular, a écrit un message sur CompuServe avertissant les usagers de faire attention aux messages ayant "Good Times" comme titre (de peur de contracter le supposé virus Good Times). Ironiquement, Marcello utilisa "'Good Times' virus" comme titre de son message d'avertissement!

Au moins un expert en virus envoya à Marcello un message humoristique lui disant "d'arrêter d'infecter les autres" avec le virus Good Times. Mis au courant du canular, Marcello répliqua : "Merci de votre aide et je m'excuse, j'ai été dupé, de toute façon j'étais inquiet [sic] pour mon ordinateur et encore plus [sic] pour mon emploi."

Implications du syndrome de la suffisance

LES INFORMATICIENS NÉOPHYTES succombent facilement au Syndrome de la Suffisance. Ils se sentent plus important en diffusant de l'information sur les virus dangereux. Si quelqu'un leur montre leur erreur, ils se justifient en impliquant la peur de perdre quelque chose. Comme Marcello le disait dans sa justification, il avait peur pour son ordinateur et son emploi.

MYTHE COMMUN

LÉGISLATION DU "FCC POUR TAXER LES MODEMS"
Le FCC veut que le congrès adopte une loi pour taxer tous les modem aux E.U. Des usagers d'ordinateurs demandent de protester contre la législation. "Dites à votre représentant du congrès de laisser les modems tranquille!"

Il ne voulait probablement pas le dire mais Marcello a peut-être cru que la peur justifiait son ignorance. Après tout, s'il se préoccupait seulement de son ordinateur et de son emploi, il aurait déjà su comment éviter ce virus mythique: il aurait pu être en sûreté dans son bureau. Mais Marcello est allé un peu plus loin en disant aux autres comment éviter ce virus.

Le Syndrome de la Suffisance contribue de façon significative à diffuser la peur et les mythes sur les virus informatiques. Plusieurs pseudo-experts disent aux usagers de monter des barrières défensives là où les virus attaquent rarement, laissant d'autres lignes d'attaques exposées.

Plusieurs mythes et mauvais renseignements ont convaincu les gens de craindre certaines méthodes déjà sécuritaires et les ont amenés à faire confiance à des méthodes moins sures. Dans son livre Rx PC: The Anti-Virus Handbook, Janet Endrijonas dit que "approximativement 70 pourcent des virus s'attaquent au secteur d'amorce" Wolfgang Stiller et d'autres experts avancent quant à eux un pourcentage supérieur à 90%.

Les virus du secteur d'amorce, de part leur nature, ne voyagent pas dans les logiciels transférés de BBS — mais les pseudo-experts pointent constamment les logiciels transférés comme la plus grande source de diffusion de virus.

Dans son livre Inside the Norton Antivirus(TM), Peter Norton rejette le mythe à propos des dangers des logiciels transférés. "Les babillards électroniques sensibilisent plus les utilisateurs...[5] La principale méthode de communication concernant les virus passe par les BBS [sic]." Robert Slade dans son livre Guide to Computer Viruses, va plus loin:

Si j'avais à choisir un mythe qui a contribué le plus à la diffusion des [virus] qui existent aujourd'hui, ce serait la 'sûreté' des logiciels commerciaux... ce sentiment de fausse sécurité se base sur trois suppositions:

  1. que [les logiciels transférés des BBS] sont un vecteur viral majeur

  2. que les logiciels commerciaux ne sont jamais infectés...

  3. qu'il n'y a pas de vecteurs viraux autres que par logiciel.

QU'EST-CE QU'UN VIRUS DE "SECTEUR D'AMORCE "?

Toutes les disquettes d'IBM PC ont une section réservée connue sous le nom de "secteur d'amorce." Tous les secteurs d'amorces contiennent un petit programme appelé "code d'amorce ou "boot code."

Si votre ordinateur détecte une disquette dans le lecteur A: lors du démarrage, il exécute ce code d'amorce qui à son tour recherche un système d'opération sur la disquette. Si ce code d'amorce ne trouve pas un système d'opération sur la disquette, il affichera le message "Disque non-système ou erreur disque" sur votre moniteur.

Un virus de secteur d'amorce infecte le code d'amorce sur la disquette et le répand sur le disque rigide de votre ordinateur si vous démarrez votre ordinateur avec une disquette infecté sur le lecteur A: .

Grâce surtout au Syndrome de la Suffisance, les usagers paniquent souvent lorsque leur ordinateur agit bizarrement, quelquefois s'infligeant plus de de dommages à eux-mêmes que le virus aurait pu le faire (en présumant qu'il y avait un virus).

Ross Greenberg a obtenu une reconnaissance internationale dans le monde du IBM PC comme pionnier des logiciels antivirus. Il prit une demi-retraite vers la mi-trentaine. Lorsqu'il fait des conférences sur les virus, il finit toujours par une analyse simple de la façon dont il a fait fortune: "Je travaillerais encore 25 ans comme un démon si les gens faisaient des sauvegardes [de leurs données informatiques] et garderaient la tête froide."

Conclusion

JE NE VEUX PAS simplement dissiper un mythe sur les virus — ce n'est pas mon but ici. Je veux plutôt que vous questionniez l'expertise d'une personne si il ou elle prétend parler avec autorité sur les virus informatiques. De cette façon, nous préviendrons l'effet d'un "aveugle guidant un aveugle". Nous pourrons ainsi réduire le nombre de personnes croyant à tous les mythes.

En résumé:

*  La plupart des personnes ont peu ou pas d'expertise dans le domaine des virus informatiques.

*  Les personnes avec peu ou pas d'expertise deviennent la proie du Syndrome de la Suffisance.

*  Le Syndrome de la Suffisance contribue de façon significative à diffuser la peur et les mythes sur les virus informatiques.

L'éditeur de PC Techniques, Jeff Duntemann, le résume bien: "Si les gens étaient plus prudent en ce qui à trait à : qui, comment et avec quel degré ils font confiance, nous en saurions plus comme communauté — et nous le saurions mieux.. Il y aurait moins de place pour de mauvaises connaissances."

Notes

"Fausses alertes de virus" sur les réseaux en ligne majeur

PRESQUE TOUTES LES "ALERTES" de virus sur les réseaux en ligne majeur se sont avérées fausses. Les fausses alertes viennent souvent d'un des quatre scénarios suivants:

  1. un programme antivirus a incorrectement détecté un virus de secteur d'amorce dans un fichier exécutable;

  2. un programme antivirus a incorrectement détecté un virus de fichier exécutable dans un fichier exécutable;

  3. un programme antivirus a incorrectement détecté un virus dans un fichier de données;

  4. un programme antivirus a correctement (ou incorrectement!) détecté un virus de secteur d'amorce sur une disquette ou sur un disque rigide et l'usager croit qu'il l'a obtenu lors d'un téléchargement.

Dans certains cas, un usager écrivant un message d'avertissement sur un virus ne sait pas quel fichier (s'il y en avait un au départ) ou encore quel endroit il a visité la dernière fois qu'il était en ligne! Le sysop Don Watkins, de Compuserve, traite avec ces gens trop fréquemment:

Quelque chose de bizarre arrive à leur ordinateur, ils se rappellent être allé sur CompuServe récemment et ils croient le mythe selon lequel les virus se propagent surtout lors de transfert de fichiers... Ils présument que ces bizarreries sont causées par un virus et que, d'une façon ou d'une autre, Compuserve le leur a transmis. Ils se branchent à nouveau et crient au meurtre, disant des choses comme: "Pourquoi n'avez-vous pas vérifié vos fichiers, bande d'idiots?" et ainsi de suite. On leur demande alors s'ils ont vérifié leur ordinateur avec un programme antivirus et la plupart du temps ils nous répondent, non.

Les gens blâmaient les surtensions électriques ou les éclairs pour leurs problèmes. Maintenant ils blâment les virus.

Watkins connait la nature compliquée des ordinateurs. "Plusieurs choses peuvent aller mal avec eux. En disant que c'est un virus, cela fait une <belle> réponse" dit-il. "Rappelez-vous, avant les gens blâmaient les surtensions électriques ou les éclairs pour leurs problèmes. Maintenant ils blâment les virus."

Si vous planifiez de crier "virus!" sur un BBS ou un service en ligne, vous devriez au moins inclure l'information suivante dans votre message:

*  Le nom et la version du programme qui a détecté le virus

*  Le nom spécifique du virus détecté par le programme

*  L'information, à savoir si le virus a infecté un secteur d'amorce ou un fichier exécutable standard

*  Le nom du fichier transféré qui était infecté

*  Le "download count" qui dit combien de personnes ont transféré le fichier avant vous

Les Sysops sur les grands réseaux vérifient en premier lieu si le virus a infecté seulement le secteur amorce de disquettes ou le disque rigide. Si c'est le cas, le sysop dira, de façon courtoise, à l'utilisateur qu'il a fait un faux rapport de virus.

Les Sysops vérifient ensuite le "download count" pour savoir combien de personnes ont transféré le fichier. Si plusieurs centaines de personnes l'ont déjà transféré, plusieurs l'auront déjà vérifié pour les virus. Le "download count" peut dire au sysop si l'utilisateur a laissé un faux rapport de virus.

Les Sysops vont ensuite vérifier la date à laquelle le virus a fait sa première apparition et la comparer avec la date de téléchargement. Ils ont peut-être reçu le fichier en 1990, par exemple, mais le virus en question n'est apparu qu'en 1993. Si c'est le cas les sysops sauront que l'utilisateur a laissé un faux rapport de virus.

Les Sysops vont peut-être vouloir savoir le nom et la version du programme qui a détecté le virus. Si l'utilisateur a une vieille version ou une version connue pour avoir des "bugs", le sysop demandera à l'usager de se procurer une nouvelle version.

Un employé perd son emploi quand son ordinateur n'a pas de virus

UN PROGRAMMEUR QUE nous appellerons "Monty" a perdu son emploi en 1992 quand son patron déclara, à tort, qu'il avait un virus sur son ordinateur. Son patron avait vérifié l'ordinateur de Monty avec un programme antivirus et ce dernier a émis une alerte sur un programme que Monty avait écrit pour la compagnie.

Le programme antivirus disait que le programme de la compagnie avait "changé" et que le changement pouvait être dû à un virus. Monty avait recompilé son programme peu de temps auparavant ce qui justifiait facilement le changement. Mais le patron de Monty n'a pas considéré cet élément. Il en arriva aux conclusions suivantes:

*  si un virus pouvait avoir changé le programme, un virus avait certainement changé le programme;

*  puisqu'un virus avait changé le programme, le virus faisait donc parti du programme;

*  puisqu'un virus était dans le programme, Monty devait avoir écrit ce virus;

*  puisque Monty avait écrit le virus, il a dû le faire aux frais de la compagnie.

Monty arriva au travail le jour suivant seulement pour voir son patron l'accueillir à la porte d'entrée. Escorté à la salle de conférence, il fut placé face à plusieurs gros bonnets qui l'accusèrent d'avoir écrit un virus au frais de la compagnie. On le congédia sur le champ en lui donnant une boîte contenant ses affaires personnelles. Le patron de Monty l'escorta hors de l'édifice.

Monty demanda des indemnisations de départ mais la compagnie refusa de payer. Monty n'eut pas le choix de prendre les services d'un avocat. L'avocat de la compagnie apprit ce qui s'était vraiment passé et leur conseilla d'offrir un règlement hors cours.

L'avocat de la compagnie apprit ce qui était vraiment passé et leur conseilla d'offrir un règlement hors cours.

La compagnie rectifia sa version des faits rapidement — Monty a perdu son emploi à cause d'une réorganisation du département informatique! Ils lui donnèrent "ses indemnisations de départ" et une lettre de recommandation du tonnerre. Monty eu droit au chômage.

Cette histoire se termine bien puisqu'une autre compagnie engagea Monty avec un salaire plus élevé. Son ancien patron travaille toujours pour la compagnie et parle de cette histoire comme étant une "justice poétique" pour eux.

La panique mondiale du virus Michelangelo de 1992

LES CHERCHEURS DÉCOUVRIRENT un nouveau virus informatique en 1991. En l'examinant, on se rendit compte qu'il effacerait les disques rigides des IBM PC le 6 mars de chaque année — l'anniversaire du peintre de la renaissance Michelangelo. Le nom resta.

Michelangelo demeura une menace obscure jusqu'en janvier 1992, quand un grand manufacturier américain d'ordinateurs annonça qu'il avait expédié 500 PC infectés du virus. Un autre manufacturier annonça, le même jour, sa décision d'inclure des logiciels antivirus avec chaque ordinateur.

Cette coïncidence a probablement intriguée la presse, les journalistes voyaient là une bonne histoire. United Press International en trouva une quand ils parlèrent à un groupe qui s'appelait "International Partnership Against Computer Terrorism." Ils interviewèrent aussi un gourou des logiciels antivirus, John McAfee (lui-même n'étant pas un étranger de la presse). UPI sorti une dépêche disant que "plusieurs milliers d'ordinateurs dans le monde" seraient peut-être victimes de Michelangelo le 6 mars.

Quelques jours plus tard, un autre manufacturier admit qu'il avait accidentellement distribué 900 disquettes infectées par Michelangelo. Par la suite, un journaliste de Reuters sortit une dépêche prétendant que le virus résidait sur "plusieurs millions d'ordinateurs personnels dans le monde," avec un estimé attribué par John McAfee, à cinq millions. Un "conseiller en recouvrement de données" nommé Martin Tibor commença à attirer l'attention de la presse, en offrant des citations comme "Je trouve des catastrophes dues au virus partout" et "Je vois des victimes de virus tout le temps."

Les compagnies produisant des logiciels antivirus se réveillèrent au moment où l'attention fut donnée à Michaelangelo par la presse. Symantec fit un coup publicitaire, se payant une page complète d'un journal et annonçant la sortie d'un programme gratuit pour la détection de virus. D'autres représentants de compagnie — quelques-uns travaillant dans des départements de marketing — appelèrent Michaelangelo "une menace sérieuse".

Les journaux et la presse télévisée sortirent des histoires sur "l'impact local" avec des citations émanant de vendeurs d'ordinateurs locaux. Ces "experts" répétaient simplement ce qu'ils avaient lu la journée précédente dans les journaux. L'hystérie balaya la planète pendant que des usagers effrayés vidaient les tablettes des magasins de leurs logiciels antivirus. Quand il n'y eut plus de logiciels, les usagers achetèrent des livres sur les virus.

Beaucoup de chercheurs de virus informatiques ont tenté d'écarter l'hystérie injustifiée, mais les journalistes ne les ont pas écoutés.

Beaucoup de chercheurs sur les virus informatiques ont tenté d'écarter l'hystérie injustifiée mais les journalistes ne les ont pas écoutés. Les histoires, à propos de Michelangelo remettaient rarement en question les estimés. Et les estimations du désastre imminent continuaient à grimper — une dépêche de Reuters à l'apogée de l'hystérie disait qu'un PC sur quatre aux E.U. serait infecté par Michelangelo!

Le courant journalistique changea le 4 mars — deux jours avant le "jour-M" — quand l'éditeur de Associated Press écouta enfin les experts furieux. Les dépêches se concentraient plutôt sur la peur balayant le monde que sur le virus lui-même. Mais cela n'arrêta pas l'incroyable hystérie.

Le 6 mars arriva comme un lion... et partit comme un agneau. Les dépêches mondiales arrivèrent en signalant entre 10,000 et 20,000 d'ordinateurs infectés, pas cinq millions. Des journalistes perplexes appelèrent des experts qui avaient prédit avec précision l'impact de Michelangelo. "Pourquoi les autres ont-ils prédit 5 millions?" demanda un journaliste."Parce que vous avez parlé aux mauvaises personnes, c'est pour ça!" répondit un expert.

Le virus Michelangelo tourna en fiasco mondial pour la presse. Des agences de presses gênées arrêtèrent d'en parler le lendemain. En effet, tous les services de dépêches arrêtèrent d'en parler à 6 a.m., heure de l'Est la journée suivante! Ils n'y eut plus d'histoires sur les virus informatiques pendant treize jours.

LES OPINIONS sur ce fiasco se divisent en deux groupes. Ceux qui ont fait des estimés dans les millions disent que la publicité elle-même a fait la différence. Ils croient que les usagers ont été informés avant que Michelangelo fasse des ravages. Ces personnes ont un point pour eux: le virus a attaqué 10,000 ou plus PC malgré l'hystérie mondiale.

Les experts qui avaient prédit dans les milliers pointent vers les données pour démontrer que Michelangelo n'avait pas une grosse prise — il a eu beaucoup de publicité. Ils croient que la peur du virus a créée plusieurs "faux rapports", que les usagers ont paniqués quand leur ordinateur a agi bizarrement. Ces experts ont un point pour eux: des usagers en panique infligent des dommages à leur ordinateur puis blâment un virus.

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Termes, acronymes, abréviations

BBS

Un babillard électronique où vous pouvez envoyer et recevoir du courrier électronique et télécharger des fichiers et des données sur votre ordinateur

boot sector virus
(virus de secteur d'amorce)

Un virus informatique qui se propage en infectant le "boot sector"
(voir encadré page 11)

CompuServe

Service en ligne majeure d'information

email

courrier électronique transmis via un réseau, un service en ligne ou un BBS

FCC

Commission Fédérale sur les communications américaines

freeware

Programme copyright ou breveté pour lequel aucune compensation financière n'est exigée
(voir aussi : "public domain")

MIS

Gestionnaire de systèmes de gestion d'informations (i.e., réseau informatique de corporation)

NSA

Agence nationale de la sécurité américaine

public domain
(domaine public)

Aucun brevet ou copyright; pouvant être utilisé par le public sans compensation
(voir aussi : "shareware")

shareware

Programme avec copyright ou brevet sur la base de "essayez avant d'acheter"; un concept de marketing et de méthodologie. (voir aussi: "freeware")

sysop

System Operator (opérateur de système), s'occupe d'un BBS ou d'un service en ligne majeure


[1] Texte de Rob Rosenberger (traduction de Benoît Bouchard), titre original : Computer Viruses and "False Authotity Syndrome", Rob Rosenberger © 1995-96. Tous droits réservés.
Source  : http://vmyths.com/ (page consultée le 16 décembre 2008).

[2] McAfee Associates vend un des programmes anti-virus des plus populaires au monde.

[3] Au crédit des auteurs, ils disent plus loin " si vous vous servez d'un programme antivirus, prenez le d'une source sûr ou vous pourriez empirer les choses!"

[4] Mayer a consulté Ross Greenberg, auteur des programmes "Flu_Shot" et "Virex for the PC."

[5] Avec de l'emphase.


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