090225

Éthique et culture religieuse

par François Brooks

Le culte du changement impose à notre société une transformation si rapide qu'il faut repenser l'enseignement des choses de l'esprit chaque décennie. L'enseignement de la religion et de la morale dans les écoles primaires et secondaires du Québec, vient à nouveau de muter. Depuis septembre 2008, le Ministère de l'Éducation impose désormais à tout Québécois du primaire et secondaire, sans droit de retrait des parents, un cours d'Éthique et culture religieuse

L'intention est louable. Ayant remédié à la dénatalité en recourant massivement à l'immigration, le renouvellement de la population nous impose maintenant un pluralisme culturel qu'il faut gérer. Le vivre ensemble de notre société mixte passe désormais par la tolérance. C'est le règne de la pensée de Voltaire. Sans jamais le nommer, l'école s'est donné le devoir de l'enseigner. Mais cet enseignement suppose une idéologie qui, paradoxalement, s'oppose à chacune des religions en tant que valeur absolue. Enseigner aux enfants que toutes les religions et croyances se valent c'est poser le relativisme comme valeur absolue. Les tenants des différentes confessions dénoncent l'arnaque [1]. Mais qui donc a autorité pour instruire religieusement les jeunes esprits? La paroisse, l'État, les parents ou les médias? Quatre influences s'arrachent les esprits de nos enfants.

 Dans le système traditionnel, parents, famille et paroisse représentaient un continuum d'une certaine homogénéité. Les divergences s'aplanissaient par le partage du même absolu religieux. On était plus ou moins fervent mais on croyait tous à la religion de son roi et de sa nourrice. Depuis la séparation de l'Église et de l'État, le gouvernement a graduellement monopolisé l'éducation publique en posant ses propres valeurs laïques. Ceci n'engendrait pas trop de confusion tant que la souche culturelle restait homogène. Maintenant que l'immigration a mixé nos cultures, l'État essaie de s'adapter. Mais les médias déversent déjà depuis longtemps l'œuvre de relativisation dans nos esprits. L'État ne fait-il pas qu'entériner un choix de société dont nous n'avons pas véritablement le choix? Je veux dire, quand nous avons adhéré à l'idéologie économique posant la consommation comme valeur absolue ne sommes-nous pas entrés dans une cascade de « choix » relevant plutôt d'un destin que d'une volonté éclairée? Notre mantra liberté-démocratie ne devait-il pas nous mener successivement de consommation à féminisation à éclatement de la famille à dénatalité à immigration massive à dilution de l'homogénéité culturelle et à relativisme?

L'influence médiatique harassante ayant orchestré cette cascade de changements n'est-elle pas considérablement plus importante que les quelques cours d'Éthique et culture religieuse, les parents ou les paroisses? Tous ces parents qui, à raison, veulent soustraire leurs enfants à la religion relativiste de l'État ne devraient-ils pas aussi s'ériger massivement contre le consensus marchand tacite imposé par les médias? Bref, le relativisme peut-il être véritablement remis en question? N'est-il pas de fait notre absolu actuel? Comment le combattre sans ouvrir d'autres boîtes de Pandore?

  Serions-nous d'avis que l'État devrait se limiter aux cours de civisme et les parents reprendre en main l'éducation religieuse avec les paroisses, quand père et mère travaillent et chérissant l'idéologie individualiste, ne sont-ils pas soulagés de se soustraire à la tâche éducative? Mettre un enfant au monde consiste en très peu de choses : faire des mômes à l'État. Quel parent pense qu'il est autre chose qu'un géniteur corporel? Quel est celui qui pense aussi devoir faire naître ses enfants à la véritable vie religieuse? Qui peut le faire dans cette « rats race » du dodo-auto-boulot où la vie familiale se réduit souvent à cohabiter avec des étrangers consanguins branchés chacun sur son média préféré? Quel parent en aurait le temps?

[1] Lire le texte Religieusement neutre?.

Philo5
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