080202

Bamako [1]
Réflexion sur le film d'Abderrahmane Sissako présenté
au Centre Afrika, 1644 rue St-Hubert, Montréal, QC.

par François Brooks

Je suis un nègre blanc qui mange du cirage parce qu'il se fait chier à être blanc ce nègre. Il en a marre qu'on lui dise « sale blanc ».

(Léo Ferré, Il n'y a plus rien, 1973)

Chaque jour je reçois des courriels d'une grande politesse de riches Africaines orphelines prêtes à partager avec moi une partie de leur fortune si seulement je leur ouvre un compte en banque à mon nom et les aide à sortir de leur pays avec l'argent. Question de m'ouvrir l'esprit à autre chose que l'arnaque Internet africaine, je me suis laissé inviter à visionner ce film très louangé.

Atmosphère conviviale, rencontres agréables et public multiethnique représenté jusqu'à la gente rousse par une magnifique jeune femme aux cheveux très long et naturels. Noirs, blancs, jaunes, le kaléidoscope humain est là au complet : mon atmosphère préférée, puisque je suis par nature ethnophile.

Le film commence. France Inter et ARTE TV le produisent. Cinéma artistique au rythme lent, africain, où la caméra nous laisse le temps de penser ce que l'on regarde quelques secondes avant de passer à un autre plan. La musique si belle qu'elle vous tire les larmes sans même comprendre les paroles. Ambiance chaleureuse de l'humanité afro telle qu'on se plaît à la caresser dans nos plus belles idéalisations. Dans un village malien, dans une cour partagée par plusieurs voisins, on a installé des chaises hétéroclites qui vont servir de fauteuils à l'assistance. Une modeste table pour les juges, tous noirs. Quatre magistrats, deux hommes blancs et deux noirs (dont une femme). Ce tribunal est institué pour juger de l'action du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale (BM) depuis leur création, mais curieusement, les accusés ne seront représentés par personne. Aucun témoin de la partie défenderesse ne sera entendu. Seul un mauvais avocat français, blanc, pointilleux, sentencieux et un peu cynique aura la tâche d'opposer un semblant d'équilibre à deux avocats bien articulés aux arguments imparables, un blanc et une noire (on n'est ni raciste, ni sexiste). Chaque témoin viendra déposer contre les « malfaiteurs ».

Quelques faits et postulats : 1. Dans l'accusation, l'Afrique est présentée comme un pays homogène où habitent les Noirs, sans tenir compte de la très grande variété culturelle et ethnique de ce continent. 2. L'Afrique est victime de l'exploitation éhontée du FMI et de la BM (organisations du « Nord »), des pays exploiteurs, de la culture « Blanche » qu'on n'osera pas nommer ; ce film n'est pas raciste (l'ai-je dit?). Ainsi donc, on nommera les Noirs, les Africains, mais pas les Blancs parce que, si « toute » l'Afrique est exploitée, ce ne sont pas tous les blancs qui y participent (on ne va surtout pas s'aliéner des alliés potentiels). C'est d'ailleurs illustré par le fait qu'on ait choisi, en plus du Noir, deux avocats Blancs, dont l'un défendra (mal) le FMI et la BM alors que l'autre, resté plutôt discret tout au long du procès, fera un plaidoyer catilinaire contre les accusés en faveur de l'Afrique. 3. De manière artistique, on présente dans un même lieu une audience plutôt disciplinée, et le film passe indifféremment des plaidoyers et du décorum juridique aux anecdotes sympathiques de la vie quotidienne. Avec le plus grand naturel du monde, la belle Melé au dos magnifique demandera à son homme d'attacher sa robe devant juges, magistrats et audience. Après tout, ce n'est pas parce que le Tribunal s'est installé dans sa cour commune qu'elle va s'abstenir de montrer son beau corps au public ; au contraire, elle saisit l'aubaine, le public s'est multiplié, profitons-en!

Tour à tour vont se succéder à la barre (bancale) tous les représentants de cette société sans classe : femmes écrivain, femme intellectuelle, femme émotionnellement bien articulée, femmes fortes ; homme démuni,  homme chômeur, homme inarticulé, hommes petits racketteurs et homme paysan-poète floué. Depuis cinquante ans, la Banque Mondiale n'a fait que des dégâts. Le FMI a appauvri tout le monde. Si bien qu'on en arrive à se demander pourquoi l'Afrique a-t-elle continué à pactiser si longtemps avec l'exploiteur? On nous répond que les dirigeants africains corrompus en sont responsables. Une conspiration titanesque a réussi à rendre les Africains chez-eux esclaves des Blancs du Nord.

On nous présente une Afrique humaine, attachante et pleurnicharde aux prises avec des soucis  d'autonomie et d'argent, qui revendique à grands cris que le FMI et la BM les sortent du pétrin où ils l'ont mise. Dilemme éthique : l'Afrique est-elle responsable et adulte ou bien l'enfant de la planète que le pater Blanc doit sans cesse tuteurer? Au jeu de la finance, ce peuple était-il assez mature pour jouer? Si oui, on l'a escroqué frauduleusement, sinon, on a abusé de sa naïveté ; mais de toute façon il faut qu'il gagne ; on doit le rembourser. Il ne s'agit pas, comme dans le cas de l'Inde sous le Mahatma Gandhi de simplement congédier l'importun. Parce que le colonisateur n'est jamais vraiment parti, on exige maintenant qu'il répare les pots cassés sans penser que, ce faisant, on vivra encore sous sa dépendance. Mais de ce détail, le film ne pipe mot.

Dieu merci, cette Afrique là n'est pas toute l'Afrique, c'est l'Afrique de ARTE TV et des médias qui infantilisent le spectateur en donnant au peuple ce qu'il veut voir, en entretenant chez-lui l'ensemble des valeurs charitables chrétiennes recyclées à la sauce médiatique : Il y a des bons et des méchants ; les bons sont toujours miséreux, les méchants profitent toujours d'eux. Le bien-être des uns cause le malheur des autres.

Je n'y ai jamais mis les pieds, mais pour avoir rencontré des amis provenant d'une douzaine de ses pays, je sais que sa pauvreté est toute relative. L'Afrique n'a pas que des pays pauvres, elle est un continent riche de cultures variées et de ressources naturelles abondantes où va d'ailleurs s'approvisionner la Chine, première usine du monde. Nous savons, par exemple, que l'Afrique du Sud jouit actuellement d'une prospérité exemplaire. Si, comme partout ailleurs au monde on y trouve des nécessiteux, il faudrait nuancer, circonscrire, expliquer et non nous infantiliser par des généralisations simplettes. L'Internet nous donne heureusement aujourd'hui des informations complémentaires qui nous permettent d'échapper au sentimentalisme cinématographique d'un auteur sachant jouer la fibre du bon samaritain éploré. En fait, l'Afrique, comme la Chine, est multiple ; elle ne peut se réduire au thème de celui qui s'en empare pour divertir les naïfs peu informés.

* * *

L'endettement n'est pas l'apanage africain. Le montréalais habite deux pays et vit sous trois administrations, fédérale, provinciale et municipale qui engouffrent chacune plus de 20% des taxes et impôts qu'il paie chaque année au service de la dette. Par exemple, à Montréal, sur un budget annuel de près de deux milliards de dollars, il en coûte six fois plus pour colmater cette fuite que le coût de l'enlèvement de la neige (et Dieu sait s'il neige à Montréal avec son cortège de camions qui circulent jour et nuit sept jours d'affilée à chaque bordée jusqu'à ce que toute trace d'hiver disparaisse dans les rues). Imaginez tous les travaux publics que l'on pourrait faire chaque année si on ne nous avait pas endettés... Le Québec à lui seul donne 20 milliards pour payer ses seuls intérêts provinciaux ; plus de dix fois le budget municipal de Montréal part en fumée chaque année sans rien apporter aux Québécois. Les routes défoncées, les services de santé tiers-mondiste, les conditions d'enseignement déplorables et la mendicité généralisée, qu'elle vienne de la rue ou d'organismes subventionnés, on connaît ça! Notre générosité légendaire n'en est jamais venue à bout. Au contraire, elle suit l'offre et la demande : nourrissez un nécessiteux, il en apparaîtra aussitôt un autre voulant profiter de la manne. Les jeunes mendiants dont nos touristes se plaignent sont là pour en témoigner. C'est 135 milliards de dollars qu'il nous faudrait pour rembourser maintenant la dette provinciale. Au Canada, elle est à plus de 500 milliards de dollars. À un tel plafond, cette dette est si phénoménale qu'on n'arrive plus à imaginer tous les services publics et la prospérité dont on se prive et prive nos enfants pour s'être ainsi endetté. Et pourtant, notre pays a trouvé le moyen d'annuler la dette du FMI et annonce qu'à l'avenir, ce seront des subventions qu'on donnera. Ainsi donc, mes taxes enrichiront désormais l'Afrique depuis cinquante ans déficitaire. Alors, pour les larmes africaines d'Abderrahmane Sissako, on repassera.

Le FMI et la BM ne sont pas seulement des institutions financières. Ils représentent aussi une structure culturelle à laquelle il faut adhérer si on veut que le pays faisant appel à leurs services soit prospère. L'Africain qui s'embarque doit accepter de transformer sa mentalité de bon vivant d'Afrique tribale paradisiaque en travailleur besogneux et affairiste. Quand il a gagné les quelques dollars dont il a besoin pour se suffire aujourd'hui, pas question d'arrêter de travailler pour jouir de la vie. Il faut que d'humain, il se réduise à « travailleur », en bête de somme obsessionnelle comme l'acceptent les travailleurs occidentaux ou orientaux qui échangent leur vie contre un salaire où le capital leur vole toujours la plus-value de leurs efforts (voir Marx).

Sous un film artistique magnifique à morale et cohérence bancale, l'Afrique d'Abderrahmane Sissako nous pose cependant deux questions essentielles. Doit-on accepter de sacrifier sa vie à la culture monétaire et marchande? Et surtout, quand on s'y est engagé, peut-on renier ses engagements sans conséquences?

Comme le Canada a annulé la dette bilatérale qui l'impliquait et que dorénavant, mon pays ne prêtera plus, mais donnera, je pouvais regarder ce film en toute bonne conscience espérant que l'Africain libéré de ses dettes aurait un jour une bonne pensée pour moi qui habite un pays au passé monétaire « fautif » et croule maintenant sous les dettes sans aucun moyen de les faire annuler. Bravo l'Afrique! Vous avez réussi un tour de force dont le Québécois est incapable. Ici, la seule entourloupette financière qu'on se paye est d'ouvrir grandes nos portes à l'immigration dans l'espoir que les travailleurs étrangers viendront s'installer chez nous pour payer nos taxes avec leur salaires et renouveler notre population qui ne se reproduit plus. Mais notre argent s'envole quand même puisque ces immigrants trouvent encore le moyen d'envoyer une partie leur gages à leur parenté restée à l'étranger.

Dans ce film, je pense qu'on se laisse trop facilement berner par l'amalgame finance/politique comme on l'était autrefois par celui de religion/politique. En effet, quand un pays prête ou donne de l'argent, que fait-il exactement? Nous savons que l'argent en soi n'est rien, c'est une fiducie, une confiance chiffrée. Cet argent n'a de valeur qu'en raison des produits et services qu'il nous permettra d'échanger. Il vaut donc que par une garantie de travail. Quand mon pays donne de l'argent, c'est ma force de travail qu'il garantit. Quand un pays reçoit cet argent, c'est qu'on s'est engagé à travailler pour lui sans contrepartie. Je me demande au nom de quel code moral je travaillerais sans salaire pour les Africains d'Abderrahmane Sissako tout en continuant de payer les dettes de mon pays? Après tout, je n'ai pas de culpabilité colonisatrice à racheter comme ça pourrait être le cas pour la France, l'Angleterre, ou plus récemment, la Chine et la Russie. Dois-je payer pour les jeux de prêts et d'intérêts qui, depuis 50 ans, l'ont floué? J'ai moi-même été floué dans mon pays. Où est passé l'argent? Comment a-t-il été administré? Pourquoi en suis-je responsable? Est-ce une question politique, morale, financière ou judiciaire?

Pourquoi la culture africaine d'Abderrahmane Sissako exposée à la culture occidentale devient-elle une culture de mendicité? Pourquoi devrais-je participer à cette transformation culturelle? La « nation » africaine n'est-elle pas issue de fières traditions où il y a place pour l'autonomie, la dignité et la générosité?

Qu'on annule la dette, je veux bien. Encore que je ne sois pas sûr que ce soit la solution la plus équitable. Plutôt que d'en faire une question politique, ne devrait-on pas retracer l'emploi de l'argent et, le cas échéant, chercher à se faire rembourser par ceux qui se sont enrichis? On a souvent parlé des financiers et des dirigeants africains qui s'en seraient mis plein les poches. Pourquoi ne pas les traduire en justice comme on le fait pour les criminels de guerre? Ceux qui endettent des nations entières et les condamnent à travailler pour plusieurs générations à venir ne sont-ils pas aussi criminels que des assassins? Mais bon. On annulle la dette. Très bien.

Mais alors, pourquoi maintenant coloniser l'Afrique de nos subventions? N'est-ce pas encore un « deal de singe »? En effet, notre argent (notre force de travail), même gratuit n'est pas neutre. Viendront avec lui nos valeurs et l'influence culturelle qui en découlent. Les Africains en ont-ils vraiment besoin, ou ne vivraient-ils pas mieux si on les laissait tranquilles? Puisqu'ils commencent aujourd'hui à sortir de leur complexe d'infériorité culturelle et reconnaissent leurs coutumes comme valorisantes, ne devrait-ils pas saisir l'opportunité de s'affirmer en congédiant tout simplement nos subventions et la colonisation culturelle qui les accompagne pour enfin devenir véritablement adultes et autonomes?

Mais il faudra tenir compte d'une autre force qui exerce maintenant une influence croissante sur l'Afrique comme jamais auparavant : la Chine. Ne serait-ce pas d'ailleurs à cause de ce nouveau marché que l'Afrique d'Abderrahmane Sissako peut désormais envisager sereinement de se soustraire à ses engagements envers le FMI et la BM? Quand la Chine vous produit des biens de consommation à 20% du prix des marchés occidentaux, l'Afrique ne voit-elle pas là l'opportunité d'enfin échapper à l'emprise monétaire occidentale? Et si l'Afrique était en train de se réorganiser complètement sans nous, à notre insu, avec le grand frère chinois, ce film n'aurait-il été que poudre aux yeux? Juste au moment où ils ont trouvé un partenaire commercial avec qui ils pourront enfin s'enrichir, ils trouvent le moyen de faire annuler leurs dettes. Double enrichissement : ils ont bien appris à jouer de leurs atouts. Ces temps-ci, le victimisme est très coté en occident. Sentiments et ressources naturelles, ils ont enfin appris à tout monnayer. Re-bravo l'Afrique!

* * *

J'ai essayé de montrer ici que, dans un film artistique à saveur documentaire, les médias producteurs nous présentent un portrait bien étriqué d'une réalité mondiale beaucoup plus complexe que le sentimentalisme pro belles valeurs auquel Abderrahmane Sissako réduit son analyse. La cinématographie est d'abord une industrie, celle de l'art du sentiment. Nous vendre un film qui, en deux heures, nous fera rire, pleurer et en appellera à nos « bons » sentiments, voilà tout l'art de ce média. Mais aussi, insidieusement, c'est le discours du pouvoir. Ignacio Ramonet dans son livre « Propagande silencieuses » nous ouvre les yeux sur l'immense influence de ce média. En page 235, il cite Roland Barthes : « J'appelle discours de pouvoir tout discours qui engendre la faute et, partant, la culpabilité de celui qui le reçoit. » L'Afrique de Sissako s'arroge le pouvoir de nous culpabiliser en jugeant le passé avec nos critères d'aujourd'hui [2]. Dans une vision où on réduit notre liberté à rien et le destin causal à tout, nos prédécesseurs ont toujours tort et leurs descendants toujours la tâche de réparer les pots cassés par les ancêtres. C'est pourquoi Freud nous faisait cracher sur nos pères : pour nous libérer d'un destin où nous sommes enchaînés aux fautes ancestrales. Bamako remet la genèse du péché originel : le chrétien naïf que nous sommes restés bat sa coulpe en oubliant sa présente liberté et son innocence du passé. On ose renier sa chrétienté alors qu'on ne s'aperçoit même pas que ce faisant, on ignore nos racines qui reproduisent les mêmes patterns, point faible de l'Occidental.

Le cinéma est un art supérieur quand il arrive à nous faire penser. Mais encore faut-il qu'il nous laisse juger par nous-mêmes en nous présentant sans parti pris plusieurs facettes de la réalité. Mais alors, n'échapperions-nous pas à l'enchantement?. Comme cet art nous a dressés culturellement à nous reconnaître toujours du côté des bons contre les méchants, il ne saurait survivre s'il nous présentait autre chose que ce que nous sommes dressés à comprendre. La riche étudiante congolaise qui m'accompagnait au sortir de ce film me témoignait du fait que ce cinéma n'était que du cinéma. Bardée de diplômes universitaires pour faire plaisir à sa mère, indifférente à l'aspect revendicateur du film de Sissako, elle se destinait pourtant à une carrière de chanteuse. N'est-ce pas un rêve de bien nantie? Peut-être devrais-je accepter la prochaine proposition courrielle africaine alléchante...

[1] Bamako est la capitale du Mali.

[2] [...] Le pire est de juger du passé avec les critères d'aujourd'hui, en mettant l'Histoire sur le trottoir. Notre lointain passé ne connaissait ni les droits de l'homme ni la télévision. Toutes les puissances dominantes furent peu ou prou colonisatrices, la Chine, la Perse, les Romains, les Arabes, et j'en passe. Alors faut-il retenir, dans la cité athénienne, l'aube du principe démocratique ou son consentement à l'esclavage? L'apport romain à notre Gaule maternelle ou les massacres par César de 700 000 Astérix? Que serait la France d'aujourd'hui sans les carnages des reîtres de Louis XIV ou des grognards de Napoléon? Une province de Loire? Délires du « n'importe quoi! »

Le colonialisme contrarie, c'est sûr, les principes républicains, retaillés tendance. Mais telle n'était pas la conviction de ses promoteurs français, républicains à la Jules Ferry qui, dans l'orgueil des Lumières, prétendaient « apporter à la barbarie les bienfaits de la civilisation ».

Dans les années 50, en Afrique noire, j'avais la conviction (très minoritaire) que le régime colonial était condamné, mais j'entendais de mes oreilles un Mitterrand de passage résigné à délester l'Afrique noire, mais convaincu par... l'éternité de l'Algérie française. Je fus souvent à Lambaréné auprès du docteur Schweitzer-prix Nobel 1952. Croyez-moi : son paternalisme bourru lui vaudrait aujourd'hui les foudres des droits-de-l'hommistes. Et de leur moraline rétrospective!

Les vrais historiens eux-mêmes peinent à explorer un régime colonial réglé sur des modèles disparates français, anglais, belge, portugais, allemand. Il charriait à la fois la férocité du profit, la médiocrité raciste mais aussi, et chez les meilleurs, le sentiment de concourir à une noble action. Alors, plaignons les enseignants priés de dire le Bien et le Mal dans une Histoire en pâte à modeler. Et tentés de battre leur coulpe sur celle de leurs aïeux! Curieux de voir tant de laïques abîmés dans un repentir si chrétien! « Il arrive, disait le philosophe, que le repentir soit une seconde faute... » [...]

(Extrait de l'éditorial de Claude Imbert - Un passé vindicatif, paru le 20 déc. 2008, Le Point, Spécial Chine, N°1840-1841 :
http://www.lepoint.fr/content/debats/article.html?id=215509 (page consultée le 10 février 2008)).

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