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Petite genèse de « Philo sans fumée »

Au secondaire (lycée au Québec), j'étais fasciné par les idées. Je fréquentais alors deux amis : Yvon et Luc. J'admirais leurs facultés intellectuelles et recherchais leur présence. Une heure en leur compagnie m'épargnait des journées de lecture ; ils étaient très instructifs. Chaque rencontre me permettait d'apprendre des concepts nouveaux, d'autres manières de penser, un autre point de vue. Ils me faisaient découvrir des mondes fascinants.

Plus tard je m'aperçus que les concepts philosophiques peuvent être compris comme des composantes électroniques assemblées pour produire des fonctionnalités. Les transistors, résistances et condensateurs sont aux concepts philosophiques ce que les appareils sont à notre personnalité : un assemblage fonctionnel produisant, l'un, une télévision ou un ordinateur, l'autre, un caractère individuel, une position ontologique, un mode de pensée. L'humain peut se concevoir comme un assemblage d'idées en quantité et proportions variées. Les philosophes de l'Antiquité produisaient avec leur seul esprit ce que nous produisons avec les composantes électroniques : un assemblage de concepts débouchant sur un usage du monde particulier. On peut ainsi voir le monde avec les lunettes du jeu de notre pensée. Conduit par la fascination de découvrir jusqu'où l'assortiment de composantes peuvent transformer notre conception du monde, je renouvelle sans cesse le jeu avec la philosophie.

En 1998, je participais au Cercle des intellectuels non-fumeurs animé par Claire Bouvier. Chaque mois, une dizaine de personnes se rencontraient pour échanger sur un thème général. J'y ai rencontré de grands esprits dont Benjamin LeBlanc, jeune sociologue prometteur. Ces rencontres mensuelles furent bientôt ajournées. J'ai décidé de les reprendre à mon compte en précisant la démarche. Je voulais créer un espace d'inspiration mutuelle alimenté par la lecture de philosophes variés. En janvier 2000 j'inaugurais la première rencontre mensuelle Philo sans fumée.

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