SAGESSE CHINOISE 

Confucius

par Louen Yu

Texte fondateur

~ 479 av. J.-C.

Les Entretiens de Confucius [1]

SOMMAIRE

I - De l'étude

II - De l'homme

VII - Du Maître

XII - De l'art de gouverner

XIII - Des Sages Rois

I - De l'étude

CD1-1

I.3. Le Maître dit :
« Chercher à plaire aux hommes par des discours étudiés et un extérieur composé est rarement signe de plénitude humaine. »

I.6. « Un jeune homme, dans la maison, doit aimer et respecter ses parents. Hors de la maison, il doit respecter ceux qui sont plus âgés ou d'un rang plus élevé que lui. Il doit être attentif et sincère dans ses paroles ; aimer tout le monde, mais se lier plus étroitement avec les hommes d'humanité. Ces devoirs remplis, s'il lui reste du temps et des forces, qu'il les emploie à l'étude des lettres et des arts libéraux. »

CD1-2

I.11. « Du vivant de son père, observez les intentions d'un homme. Après la mort de son père, observez sa conduite. Si, durant les trois ans de deuil, il ne dévie pas de la voie dictée par son père, on pourra dire qu'il pratique la piété filiale. »

I.16. « Ne vous affligez pas de ce que les hommes ne vous connaissent pas ; affligez-vous de ne pas connaître les hommes. »

II - De l'homme

CD1-3

II.3. « Si le prince conduit le peuple au moyen des lois et le retient dans l'unité au moyen des châtiments, le peuple s'abstient de faire mal ; mais il ne connaît aucune honte. Si le prince dirige le peuple par la Vertu et fait régner l'union grâce aux rites, le peuple a honte de faire mal, et devient vertueux. »

II.4. « À quinze ans, ma volonté était tendue vers l'étude ; à trente ans, je m'y perfectionnais ; à quarante ans, je n'éprouvais plus d'incertitudes ; à cinquante ans, je connaissais le décret céleste ; à soixante ans, je comprenais, sans avoir besoin d'y réfléchir, tout ce que mon oreille entendait ; à soixante-dix ans, en suivant les désirs de mon coeur, je ne transgressais aucune règle. »

II.6. Meng Ou pe¹, ayant interrogé le Maître sur la piété filiale, reçut cette réponse : « Les parents craignent par-dessus tout que leur fils ne soit malade. »

1. Meng Ou pe, fils aîné de Meng I tzeu (MBC).

II.7. Tzeu iou ayant interrogé Confucius sur la piété filiale, le Maître répondit :
« La piété filiale qu'on pratique maintenant ne consiste qu'à fournir les parents du nécessaire. Or les animaux, tels que les chiens et les chevaux, reçoivent aussi des hommes ce qui leur est nécessaire. Si ce que l'on fait pour les parents n'est pas accompagné de respect, quelle différence met-on entre eux et les animaux ? »

II.8. Tzeu hia l'ayant interrogé sur la piété filiale, le Maître répondit :
« Il est difficile de tromper par un faux-semblant de piété filiale. Quand les parents ou les frères aînés ont beaucoup à faire, si les fils ou les frères puînés leur viennent en aide ; quand ceux-ci ont du vin et des vivres, et qu'ils les servent à leurs parents et à leurs aînés, est-ce suffisant pour qu'on loue leur piété filiale¹ ? »

1. La piété filiale requiert en outre une affection cordiale.

CD1-4

II.14. Le Maître dit :
« L'homme honorable aime tous les hommes et n'a de partialité pour personne. L'homme de peu est partial et n'aime pas tous les hommes. »

II.15. « Étudier sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir sans étudier est dangereux. »

II.16. « Entrer en lutte avec le parti opposé, c'est nuisible. »

II.17. Le Maître dit :
« Iou¹, veux-tu que je t'enseigne le moyen d'arriver à la connaissance ? Ce qu'on sait, savoir qu'on le sait ; ce qu'on ne sait pas, savoir qu'on ne le sait pas : c'est savoir véritablement. »

1. Tzeu lou.

CD1-9

IV.11.
« L'homme honorable aspire à la perfection, et l'homme de peu, à la terre ; l'homme honorable s'attache à observer les lois, et l'homme de peu, à s'attirer des faveurs. »

IV.14. Le Maître dit :
« Ne soyez pas en peine de ce que vous n'ayez pas de charge ; mettez-vous en peine de vous rendre digne d'être élevé à une charge. Ne soyez pas en peine de ce que personne ne vous connaît ; travaillez à vous rendre digne d'être connu. »

IV.16.
« L'homme honorable considère les choses à travers la justice, et l'homme de peu à travers son intérêt. »

IV.17.
« Quand vous voyez un homme sage, pensez à l'égaler en vertu. Quand vous voyez un homme dépourvu de sagesse, examinez-vous vous-même. »

IV.18.
« Si vos parents tombent dans une faute, avertissez-les avec grande douceur. Si vous les voyez déterminés à ne pas suivre vos avis, redoublez vos témoignages de respect, sans vous opposer. Quand même ils vous maltraiteraient, n'en ayez aucun ressentiment. »

IV.22.
« On s'égare rarement en s'imposant à soi-même des règles sévères. »

CD1-11

V.15. Le Maître dit que Tzeu Tchang¹ pratiquait parfaitement quatre qualités de l'homme honorable, à savoir la déférence envers ses égaux, le respect envers ses supérieurs, la bienfaisance envers le peuple, la justice envers ses sujets.

1. Grand préfet de Tcheng.

CD1-15

VI.28. « [...] La vertu d'humanité, c'est élever autrui comme on souhaiterait l'être soi-même ; c'est le faire parvenir là où on le voudrait soi-même. [...] »

VII - Du Maître

CD2-2

VII.20. Le Maître ne parlait pas des choses extraordinaires, ni des actes de violence, ni des troubles, ni des esprits.

Parler des choses extraordinaires, c'est exciter les hommes à ne pas suivre les règles ordinaires ; parler des actes d'audace et de violence, c'est affaiblir dans les hommes les sentiments de douceur ; parler de résistance aux lois ou à l'autorité, c'est porter les hommes à violer la justice ; parler des esprits, c'est brouiller les idées de ceux qui écoutent.

VII.21. Le Maître dit :
« Si je voyageais avec deux compagnons, tous deux me serviraient de maîtres. J'examinerais ce que le premier a de bon et je l'imiterais ; les défauts que je reconnaîtrais en l'autre, je tâcherais de les corriger en moi-même. »

VII.24. Le Maître enseignait spécialement quatre choses : les textes anciens, la pratique, la loyauté et la fidélité.

CD2-3

VII.36. Le Maître dit :
« Le sage est calme et serein. L'homme de peu est toujours accablé de soucis. »

VII.37. Le Maître était affable, mais ferme ; imposant, mais sans dureté ; courtois, mais sans affectation.

XII - De l'art de gouverner

CD2-15

XII.15. Le Maître dit :
« L'homme honorable développe ce qui est beau chez autrui et non ce qui est laid. L'homme de peu tient une conduite tout opposée. »

XIII - Des Sages Rois

CD3-1

XIII.1. Tzeu Lou interrogea Confucius sur l'art de gouverner. Le Maître répondit :
« Donner l'exemple du labeur. »
Tzeu Lou pria le Maître de lui en dire davantage. Confucius répondit :
« Sans relâche. »

[1] Extrait audio de Confucius, Entretiens, Frémaux et Associés © 2004, lecture Robin Renucci,
publié aux Éditions Mille et une nuits © 1997-2002.

Adaptation du texte intégral de Louen Yu, Entretiens de Confucius et de ses disciples, 1956.
Traduction du chinois de Séraphin Couvreur (1835-1919), père jésuite. Son dictionnaire chinois classique-français est célèbre et il a traduit un grand nombre d'oeuvres littéraires, poétiques ou philosophiques de la Chine ancienne. Sa traduction des Entretiens de Confucius est sensiblement teintée par l'état d'esprit de ce religieux, mais reste fidèle et sobre. Les commentaires de Tchou Hsi montrent l'hagiographie posthume de Maître K'ong.

Les commentaires traditionnels en italique contenus dans le corps du texte sont attribués à Tchou Hsi (1130-1200) de la dynastie des Song. Certaines notes, indiquées (MBC), sont de Muriel Baryocher-Chemouny.

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