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Mythes et philosophie

par François Brooks

réflexion à la suite de ma lecture du livre « Mythes et mythologies de la Grèce » de Franck Évrard

(Les Essentiels Milan # 151 - ©1999)

 

Les mythes sont des histoires fabuleuses qui fournissent les archétypes qui sont la base de notre vision du monde. Chaque pays, chaque peuple, chaque culture, chaque génération, chaque groupe d'âge et même chaque individu a les siens propres et s'en sert comme référence au monde pour le comprendre. Chacun le comprend à sa façon mais ceux de la Grèce antique sont communs à toute la société occidentale.

 

L'enfant construit son monde au travers des contes de Perreault, de Walt Disney et de tout ce qui alimente son imaginaire. L'adulte consolide sa vision dans ses préférences, qu'elles soient cinématographiques, livresques ou télévisuelles. Le doute que propose la philosophie à travers ses différents questionnements met la plupart des gens dans une position inconfortable face à un monde qu'ils voudraient rassurant, sécuritaire. Voilà sans doute pourquoi peu de gens s'intéressent à la philosophie. Elle ennuie ceux qui ne veulent pas « se casser la tête » et effraie ceux qui n'y reconnaissent pas leur façon de voir le monde.

 

S'intéresser à la philosophie, c'est accepter d'entrer dans un monde où plus rien n'est certain, c'est déconstruire les mythes qui nous structurent, c'est démonter cette machine à penser que nous sommes. C'est aussi accepter de nous voir tels que nous sommes avec le peu de choses qui nous composent, c'est risquer de voir la magie disparaître. Pire encore, c'est faire face au fait que tout peut n'être qu'illusion. Qui veut ça, alors que le monde magique et mystérieux que nous voyons au travers des mythes qui nous habitent est tellement plus fabuleux et intéressant que la réalité expliquée, comprise? Mais quel est le risque si rien ne peut être conçu par notre esprit qui ne soit magique? Même pas ce texte que je viens d'écrire.