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L'ancien rôle superflu de la femme

par François Brooks

C'est quand même drôle de penser que les femmes ont fini par donner raison aux machos qui prétendaient que leur travail de ménagère était bien peu de choses. Elles ont abandonné leurs tâches domestiques et elles sont parties travailler, comme les hommes. Le jour, la maison est vide ; plus de famille. Les enfants sont à l'école ou à la garderie et les deux parents travaillent ; tout le monde travaille.

On a acheté toutes sortes d'appareils sophistiqués pour faire le travail de la ménagère. Toutes sortes de petits robots l'ont remplacée : répondeur téléphonique, système d'alarme, four micro-ondes, laveuse à vaisselle, lessiveuse, sécheuse, restaurants, psychothérapeute et gardienne d'enfants. Le soir, on se partage les tâches au mieux.

Tous les membres de la famille travaillent ; on doit gagner beaucoup d'argent pour payer les robots de remplacement. C'est le régime égalitaire parfait ; chacun fait ce qu'il a choisi de faire et plus personne ne fait de basses besognes. On courre tout le temps mais on fait ce qu'on aime.

Pourtant, on a arrêté d'aimer pour se mettre à comparer et à calculer. La générosité sur laquelle était basée la famille d'antan donnait la possibilité de mettre au monde plusieurs enfants et parfois même dans des conditions économiques précaires. Aujourd'hui, dans les petites familles aux parents mesquins et calculateurs, on a peine à mettre au monde plus d'un enfant même dans des conditions économiques favorables. Peut-on penser que chacun y trouve son compte? Puisque ce style de vie s'est imposé, depuis les 25 dernières années, il faut croire que les gens en sont satisfaits. Il faudrait me donner cher pour que j'adopte un style de vie aussi aliénant. Tant qu'à faire, je préfère vivre seul. Pourtant, j'aurais tant aimé fonder une famille. Une famille, c'est plus que des enfants, c'est plus qu'un homme et une femme dans une maison mais c'est loin d'être une maison vide. On reprochait aux pères d'être absents ; les femmes font maintenant pareil. Maintenant, c'est toute la famille qui est absente.

Philo5
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