080516

Prémisses et réactions au livre
Le mouvement Masculiniste au Québec. L'antiféminisme démasqué

prémisses par les auteurs et particulièrement Francis Dupuis-Déri et Mélissa Blais
et réactions des principaux « masculinistes » mis sur la sellette

Il existe un contre-courant très fort au Québec (le ressac) qui s'appelle le masculinisme. Ce courant, fait d'hommes qui regrettent les temps bénis du patriarcat, s'oppose au mouvement féministe des dernières années qui a apporté progrès et bien être a la société. Ces hommes machos regrettent le temps où ils étaient maîtres absolus sur leurs femmes et leurs enfants.

Les prémisses

  1. Les hommes sont encore aux postes de commandement des grandes entreprises et en politique également. Les hommes possèdent encore le contrôle de tout.

  2. Les hommes sont les responsables de la violence,

  3. Les hommes imputent aux femmes les problèmes qu'ils vivent à l'heure actuelle : les divorces (plus de 50 % des unions), la garde des enfants aux mères (plus de 80 %) et évidemment les pensions qu'ils doivent payer sans pour autant jouir de leurs enfants. Les auteurs nous disent en substance que si 80 % des mères ont la garde des enfants, c'est que les pères ne veulent pas s'en occuper.

  4. Ils accusent les femmes d'être responsables des suicides (il y a 3,5 hommes qui se suicident chaque jour au Québec : sur 1 300 suicides réussis, 1 033 sont des hommes. (André Tousignant, chercheur à l'UQÀM, indique pourtant que 50 % de ces suicides sont reliés à des problèmes familiaux.)

  5. Les masculinistes refusent d'accepter et de voir le drame de Polytechnique comme un acte antiféministe.

  6. Les femmes sont toujours les victimes de la violence des hommes. Regardez la dernière campagne BRISONS LE SILENCE où une femme sur trois serait victime d'une agression sexuelle.

  7. Regardez aussi les 300 000 femmes battues chaque année au Québec comme nous l'a dit Madame Linda McLeod en 1985.

  8. Les masculinistes veulent des classes non mixtes parce qu'ils prétendent que l'éducation aujourd'hui est faite pour les filles : moins de sports, plus de communications, moins d'éléments basés sur la compétitivité et le défi physique.

  9. Les principaux masculinistes sont Yvon Dallaire, Serge Ferrand, L'Après-Rupture et Father4Justice.

  10. Yvon Dallaire a été l'instigateur des congrès PAROLES D'HOMMES dont le premier a eu lieu à Genève (2003) et le deuxième à Montréal (2005) ; le troisième aura lieu à Bruxelles les 17 et 18 octobre prochain (www.parolesdhommes.com). Dallaire est psychologue, sexologue, auteur et conférencier de réputation internationale et auteur de Homme et fier de l'être, S'aimer longtemps, La violence faite aux hommes, Moi aussi...moi plus, etc. Il a, entre autres édité L'homme Battu de Sophie Torrent. (Éditions Option Santé, www.optionsante.com)

  11. Serge Ferrand est journaliste, bédéiste et auteur. Il a écrit et réalisé deux documentaires : Entre père et fils et La Machine à broyer les hommes. Il a publié l'album BD, Les vaginocrates.

  12. L'Après-Rupture défend depuis plus de 10 ans la cause des pères et de leur attachement auprès de leurs enfants. Depuis 5 ans, l'organisme s'attaque aux statistiques avancées en matière de violence conjugale et d'agressions sexuelles.

  13. Les masculinistes prétendent qu'ils ne peuvent pas jouir des mêmes services sociaux et de santé que les femmes ; c'est faux. Tout le monde a accès aux mêmes services.

  14. Pierrette Bouchard, chercheure féministe de l'université Laval et son mari, Monsieur St-Amand, sont constamment cités dans ce livre. Ce sont les chefs du Département des études féministes de l'Université Laval à Québec. Un autre « chercheur » est également cité : Martin Dufresne. Un copain des deux autres et traducteur de son métier.

Les réactions

  1. Discrimination positive et équilibre - Les masculinistes, masculistes ou les hoministes, c'est selon, ne veulent pas d'un retour au Néandertal. Ils veulent tout simplement la justice et l'égalité. Depuis une trentaine d'année, on pratique la « discrimination positive » en faveur des femmes pour compenser des siècles « d'injustices ». Bien. Mais lorsque les chiffres nous rattrapent et que les proportions s'inversent, n'est-il pas temps de renverser la vapeur? Que signifie l'équilibre lorsque le moyen de compensation devient l'instrument d'une injustice pour les hommes?

  2. Droit familial - Il y 20 000 mariages et 14 000 divorces chaque année au Québec. En ce qui concerne les conjoints de fait, ils se séparent cinq fois plus que les couples mariés et souvent avant même que leur entant ait trois ans. Il y a 20 000 avocats au Québec et 12 000 qui pratiquent le droit familial. Plus de 80% de la garde des enfants va automatiquement à la mère. Seuls les pères qui se battent, et donc dépensent beaucoup d'argent, ont une chance d'exercer leur influence paternelle en gardant un contact adéquat avec leurs enfants. Le droit familial est une entreprise extrêmement lucrative qui appauvrit les familles, fragilise les pères et nuit aux enfants pris dans le tourbillon juridique en créant une atmosphère favorable à l'aliénation parentale.

  3. Statistiques trompeuses - Le chiffre de 300 000 femmes battues au Québec a été dénoncé une première fois dans le documentaire La machine à broyer les hommes de Serge Ferrand. Ensuite L'Après Rupture, grâce à la loi sur l'accès à l'information, a prouvé que ce chiffre était faux et exigé qu'on le retire des prospectus du gouvernement du Québec. Aujourd'hui, on recommence à nous parler de 100 000 femmes battues... ce qui est également faux. Pour la petite histoire, le chiffre de 300 000 femmes battues est venu d'une chercheure de l'ouest, madame Linda McLeod, qui « pensait » d'après ce qu'elle avait vu sur le terrain que 300 000 était un bon chiffre. Elle a lancé cette statistique en 1984 et elle a avoué la supercherie en 1994. Pendant ce temps, toutes nos lois en matière de violence conjugale ont été influencées par les chiffres de Linda Mcleod.
    Récemment, avec la campagne Brisons le silence de Madame St-Pierre, nous avons eu un autre exemple de perception, mais cette fois sur les agressions sexuelles. D'après un sondage téléphonique auprès de 800 personnes, la Ministre St-Pierre a évalué la perception des Québécoises et des Québécois sur les agressions sexuelles et elle en a déduit que 33% était un bon chiffre. Elle a donc mené sa campagne sur « Une femme sur trois sera victime d'agression sexuelle ». Coût : 1 300 000 $. Les masculinistes exigent que la ministre corrige ces données calomniatrices qui détruisent indûment l'image de l'homme québécois.

  4. Privation de droits constitutionnels - Du côté de la violence conjugale, les chercheures Sonia Gauthier de l'Université de Montréal (que l'on cite dans le livre mais pour une toute autre raison) et Danielle Laberge de l'UQÀM révèlent que 68,4 % des plaintes en matière de violence conjugale sont non fondées. Si on prend le chiffre du DUC 2 (Déclaration Universelle de Criminalité) de la Police qui relève 17 000 infractions chaque année (14 500 contre des femmes et 2 500 contre des hommes), on obtient 5 000 condamnations d'hommes pour violence conjugale et pratiquement 10 000 autres arrêtés injustement puis remis en liberté. Il faut bien comprendre ici que les hommes accusés de violence conjugale sont automatiquement arrêtés et qu'il leur est interdit de s'approcher de leurs enfants. Et cela avant le jugement, les privant ainsi de leurs droits constitutionnels.

  5. Détresse conjugale - Le rapport Comprendre les hommes et répondre à leurs besoins du chercheur Gilles Rondeau (édité en 2001 par la Direction des communications du Ministère de la Santé et des Services Sociaux) avait bien ciblé les besoins des hommes : maisons pour les hommes en détresse, services adaptés à leurs besoins, mise en place d'un système de garde partagée protégé par les tribunaux, programmes pour les décrocheurs dans les écoles, etc... Mais les lobbies féministes ne veulent pas perdre leurs acquis et partager la manne gouvernementale avec les hommes. On a déjà entendu une femme haut placée dire : « si les hommes souffrent, c'est bien leur tour. » Cette réaction est difficile à comprendre si on pense qu'à chaque fois qu'un homme en détresse conjugale est laissé pour compte ou envoyé en prison, on n'a rien réglé, et que sa prochaine partenaire risque d'en subir les conséquences. Comment peut-on penser que le refus d'aider les hommes profite aux femmes? Les lobbies féministes nuisent donc aux femmes.
    C'est donc pour la justice que les masculinistes se battent aujourd'hui, pour que la condition des femmes qui vivent avec les hommes s'améliore. Ils dénoncent la confiscation de l'aide gouvernementale par les lobbies féministes au seul profit de leur idéologie radicale.

  6. Totalitarisme d'un féminisme déviant - Dans le livre, on cite abondamment deux auteures féministes radicales : Andréa Dworkin et Marily French. En voici deux (qu'on ne retrouve pas dans le livre) :

Seulement 7,8 % des femmes américaines sont en mesure d'éviter le viol ou le harcèlement sexuel
(Andréa Dworkin)

L'homme peut battre ou tuer la femme qu'il dit aimer. Il peut violer soit la femme avec qui il vit, soit une étrangère, soit des enfants ou d'autres mineures. La majorité des hommes à travers le monde sont coupables d'un ou plusieurs faits énoncés ci-dessus.
(Marilyn French, The War against Women)

Ces citations rappellent le proverbe arabe « Bats ta femme tous les matins ; si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait. » (Florence Monreynaud, Agnès Pierron et François Suzzoni, Dictionnaire de proverbes et dictons. La sagesse du monde entier, Dictionnaires Le Robert © 1989) Mais cette crainte des hommes n'est pas fondée sur des faits. Dans les faits, les statistiques sérieuses montrent que la prévalence de violence conjugale est à peu près identique de la part des femme que des hommes (Cf. Yvon Dallaire, La violence faite aux hommes, Option Santé © 2002). L'homme est, et a toujours été, le protecteur naturel de sa femme et de sa famille. Les féministes déviantes essaient de présenter une réalité imaginaire au bénéfice de leurs lobbies politiques qui ont fleuri au Québec d'une manière foudroyante depuis la Révolution tranquille. Celles-ci ont poursuivi un objectif constant de démantèlement de la famille au profit d'un contrôle étatique de celle-ci. Le féminisme actuel n'est plus un mouvement égalitariste mais une idéologie de propagande visant la prise de pouvoir politique par la disqualification systématique des attributs masculins. Ce féminisme peut-être qualifié à juste titre de déviant puisqu'il a perdu l'essentiel de ses objectifs initiaux et enferme désormais les femmes et les hommes dans un totalitarisme à la tête duquel un groupe de femmes bourgeoises militantes détachées de la base exercent un pouvoir tyrannique sexiste.

  1. Confiscation du féminin - Le droit de parler au nom de toutes les femmes a été confisqué par un groupe idéologique au service de ses propres intérêts politiques. Personne ne peux s'arroger le droit de penser au nom de la moitié de l'humanité. La femme est un être humain extrêmement varié, atypique, pouvant prendre des formes et idéologies paradoxales. Elle a le droit d'être ce qu'elle est dans toutes les formes possibles de son humanité. Lorsque les féministes déviantes prennent la parole en son nom, elles la réduisent à leur agenda politique ; elles lui imposent ainsi la soumission alors qu'elles prétendent la libérer. Après 40 ans d'invasion féministe dans tous les aspects de notre vie, la femme n'a jamais été aussi soumise. Famille, travail, amants, politiques, université, technologie, autant de dictateurs qui l'ont écartelée dans des directions trop antagonistes pour permettre de penser qu'elle est plus libre qu'elle ne l'était à une autre époque sous une autre organisation sociale.


Ce livre a été publié avec l'aide de la Sodec, du Conseil des arts du Canada et de PADIÉ par :
Les Éditions du Remue-ménage
110, rue Sainte-Thérèse, bureau 501
Montréal (Qc) H2Y 1E6
Tél.:(514) 876-0097
info@éditions-remuemenage.qc.ca

ISBN 978-2-89091-271-7
Diffusion Dimédia

LES AUTEUR-E-S

JANIK BASTIEN CHARLEBOIS, chargée de cour au département de sociologie de l'UQÀM auteur de L'homophobie, pas dans ma cour.

MÉLISSA BLAIS, enseignante à l'Université du Québec en Outaouais, département de travail social et des sciences sociales et agent de recherche à l'Alliance de recherche IREF/Relais-femmes. Son mémoire de maîtrise s'intitule Entre la folie d'un seul homme et les violences faites aux femmes : La mémoire collective du 6 décembre 1989 (département histoire, Université du Québec à Montréal, 2007)

LOUISE BROSSARD, intervenante sociale et militante féministe au sein des groupes de femmes pendant 20 ans. Elle travaille à l'École de travail social de l'UQÀM. Bachelière en travail social et titulaire d'une maîtrise en sociologie et études féministes. Elle fait de la question des femmes son champ d'étude principal.

FRANCIS DUPUIS-DÉRI, Professeur de science politique et membre de l'Institut de recherches et d'études féministes (IREF) de l'UQÀM. Il a publié Les hommes pro-féministes, Compagnons de route ou faux amis? ; Le mythe de la caverne conjugale : d'une justification contemporaine de l'inégalité dans les couples hétérosexuels, etc...

KARINE FOUCAULT, étudiante de deuxième cycle en sociologie de l'Université d'Ottawa. Elle rédige une thèse : L'insertion des revendications masculinistes dans l'agenda politique du Québec : Le cas de l'Avis du conseil du statut de la femme intitulé, Vers un nouveau contrat social pour l'égalité entre les hommes et les femmes (Ah, c'est elle !)

MATHIEU JOBIN, poursuit ses études en sciences politiques. Il a complété un baccalauréat avec une concentration en études féministes.

DIANE LAMOUREUX, professeure au département de science politique de l'Université Laval où elle enseigne la philosophie politique. Elle est l'auteure de Citoyennes? Femmes, droit de vote et démocratie (1989) et L'amère patrie (2001) publiés aux Éditions du Remue-ménage. Elle a dirigé la revue Recherches féministes consacrées au féministes (2007).

ÉVE-MARIE LAMPRON, doctorante en histoire à l'Université de Montréal et militante féministe. Sa thèse, De l'amazone aux militantes : réflexions historiques sur l'émergence du mouvement féministe en Occident, porte sur le réseautage entre les femmes de lettres et sur le proto-féminisme en France et en Italie (fin du XVIIIe, début du XIXe siècle). Ses recherches s'intéressent également à la conceptualisation de l'émergence du mouvement féministe en Occident.

JOSIANNE LAVOIE, Étudiante à l'École du Barreau de Montréal. Elle s'intéresse à l'histoire des femmes. Elle est très active dans le milieu féministe.

ÉMILIE ST-PIERRE, se définit comme féministe et anti-capitaliste. Candidate à la maîtrise en science politique à l'UQÀM. Elle s'intéresse aux questions féministes. Elle a coréalisé un court-métrage documentaire sur l'antiféménisme masculiniste intitulé : Petit guide de déconstruction du discours masculiniste (compilation féministe : Luciole, avril 2006) et faisait partie du collectif féministe les LilitHantes.

MARIE-ÈVE SURPRENANT, est coordonnatrice de la Table de concertation de Laval en condition féminine (TCLCF). Elle possède un baccalauréat et une maîtrise en sociologie et en études féministes de l'UQÀM. Elle s'intéresse aux rapports sociaux de sexe et à leurs manifestations dans les différentes sphères de la société. Elle est aussi formatrice et conférencière sur les luttes actuelles du féminisme et le mouvement des femmes au Québec, sur les femmes dans les sphères de pouvoir et la riposte à l'antiféminisme.

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