051006

Démission féministe

par François Brooks

Bonjour à vous madame Héloïse Landry

J'ai lu votre témoignage (et celui de Marypascal Beauregard) attentivement. Ils me confirment une fois de plus que les travers vicieux de l'être humain n'ont ni race ni sexe. On s'est servi de votre vulnérabilité pour essayer de vous utiliser à des fins politiques alors que vous aviez tout simplement besoin d'un support temporaire. Heureusement, votre cœur et votre raison a eu le dessus sur leur tentative d'endoctrinement.

Je vois dans votre périple une question hybride : « Comment puis-je réussir ma vie de couple et comment puis-je réussir mon divorce? » La haine du conjoint est une option fort répandue mais il faut accepter de se couper d'une partie de soi-même. D'un autre côté, vivre en couple nécessite une série de compromis minant l'autonomie. Peut-on vivre heureux incomplet en se gargarisant d'autonomie? Cette quadrature du cercle ne cesse de nous projeter de Charybde en Scylla.

On avait identifié l'autorité à Dieu, Dieu au Roi ; l'autorité du Roi à celle du père ; l'autorité du Père à celle de l'homme. Pour s'affranchir de toute autorité, on a coupé la tête du roi (Révolution française), affirmé la mort de Dieu (Nietzsche), tué le Père (Freud), et évincé l'homme du domicile familial (Beauvoir). Mais après avoir tout démoli, il faut reconstruire à partir de rien. N'aurions-nous pas mieux fait de simplement rénover la maison?

Je me réjouis que des femmes comme vous et madame Lise Bilodeau de l'ANCQ (voir le Musée des Horreurs) dénoncent avec une fermeté croissante le déraillage féministe qu'Élisabeth Badinter avait si bien analysé dans son dernier livre « Fausse route ». Les témoignages s'accumulant, on pourra enfin ouvrir les yeux sur la partie cachée du iceberg et cesser de prétendre qu'il s'agit de cas isolés.

Je tire la sonnette d'alarme avec mes textes depuis dix ans. (Vous pourrez les lire ici « Féminisme-Masculisme ») Je sens maintenant que nous approchons d'un moment décisif. L'heure des bilans sonne. Comme à la fin de toute guerre, l'horreur découverte par les témoignages comme le vôtre et ceux de l'ANCQ annoncent le début des règlements de compte. Si j'avais tort d'être un homme depuis les années soixante dix, je ne voudrais pas être une féministe par les temps qui courent.

Mon ex-épouse s'empressait dans notre dernière conversation téléphonique de m'affirmer « juré-craché » que, du temps où elle avait la garde exclusive de nos enfants, elle ne leur avait JAMAIS parlé contre moi. Pourquoi donc cet aveu hors contexte dans cet échange et qui me réhabilitait spontanément? Rien ne me permet de vérifier ses dires mais il n'en reste pas moins, aujourd'hui qu'ils sont adultes, qu'ils ont fortement réduit les contacts avec elle et me gratifient de leur présence beaucoup plus souvent. Leur choix n'est-il pas éloquent?

La rumeur masculiste montant, chaque femme devra bientôt choisir son camp dans une société à trois voies : celle des femmes, celle des hommes et celle de la famille. J'ai bien hate de voir comment les deux premières, essentiellement individualistes vont se concilier la troisième. Pour le moment la dénatalité me semble être la réponse. Mais alors un autre problème de taille s'annonce : Comment ferons-nous pour maintenir notre train de vie alors que nous avons misé sur l'endettement public de nos enfants à naître? Je m'amuse à penser que le seul palliatif valable soit celui de dissoudre « notre race » par l'immigration massive alors que nous prétendons aspirer à la souveraineté. Peut-être devrions nous prendre exemple sur les nouveaux arrivants qui ont compris que le travail et la famille sont des gages de prospérité beaucoup plus solides que l'individualisme. Si ça se trouve, ce n'est pas le Québec qui va devenir souverain, mais les immigrants qui vont affirmer la souveraineté de leurs valeurs sur les nôtres.

Puis-je vous recommander la lecture de cet extrait du philosophe Hobbes qui avait sur le sujet une réflexion lumineuse dans « Le Léviathan ». (lisez au moins les passages en bleu, ils contiennent l'essentiel)

Peut-être pensera-t-on que mes propos couvrent trop large et débordent du sujet qui nous préoccupe. Mais je pense plutôt que c'est justement notre courte vue individualiste qui nous fait perdre de vue que la famille est la cellule de base de notre société. Quand la cellule de base d'un organisme est malade, c'est toute la société qui en souffre. Comment guérir la cellule familiale? Voilà la question que je me pose. Par un féminisme galopant et les organismes dont il s'est doté, l'État s'est approprié de nos familles et je suis loin de constater chez mes concitoyens la sérénité et l'harmonie promise par cette philosophie. J'en conclus plutôt comme Badinter à l'impasse. Le féminisme a-t-il voulu ratisser trop large? Je sens qu'il est maintenant sain pour ce mouvement et toute notre société que des femmes le rappellent à l'ordre et je vous remercie d'y avoir ajouté votre voix.

Je vous adresse mes plus cordiales salutations.

François Brooks

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