050530

Trois coups de « Canon »

par Denis Beaudin, Chicoutimi

Le 18 mai dernier, je me rends au Centre féminin du Saguenay, 774 Sydenham, Chicoutimi. D'abord un peu surpris par les barreaux aux fenêtres, je sonne à la porte. C'est un haut-parleur qui me répond, dont je peux apercevoir la femme au travers de la fenêtre de la porte. D'une façon froide et bête, elle me demande :

– ‘Cé que vous voulez?

Moi :

– Je passais dans le coin et j'aimerais me procurer un dépliant que vous remettez concernant vos services.

Elle (de plus en plus bête) :

– Cé pour qui çà?

Moi :

– C'est une personne qui m'a demandé çà et qui n'a pas de voiture, donc je passais dans le coin...

Elle (net,frette,sec) :

– Qu'elle nous envoie un courriel, et on y répondra.

Mon fils (qui était venu me rejoindre sur l'entrefaites) et moi se regardons en souriant, tournons les talons en direction inverse. Rendus sur le trottoir, je pointe, je vise, appuie sur la gâchette et envoie trois coups de Canon sur le centre féminin. Je dois préciser ici que « Canon » est un appareil photo numérique. Je m'apprête à partir, lorsque soudainement, la madame sort de son bunker en vitesse pour me crier :

– Eille, vous avez pas le droit de prendre de photos.

Je reviens vers elle et lui réponds :

– Ha bon! Depuis quand c'est interdit de prendre des photos?

Et j'ajoute :

– Et comment se fait-il que j'ai senti que je n'étais pas le bienvenu parce que j'ai des testicules, que par sécurité vous n'ouvrez pas, et que maintenant c'est vous qui ouvrez et partez après moi???

Elle :

– Pourquoi vous avez pris des photos?

Moi :

– Envoyez-moi un courriel, je vous répondrai... (Grand « smile ».)

Elle :

– Vous avez une raison pour faire çà?

Moi :

– Tout comme votre collaboration : c'est pas de vos affaires! Voyez-vous, madame, je comprends parfaitement que des femmes traumatisées et « puckées » sont à l'intérieur. Mais que la thérapeute soit plus puckée que les puckées, là j'ai un problème! La folie dans la thérapie!

Voyant que nous partions jusqu'à la voiture, d'un pas rapide elle réintègre son bunker en s'écriant :

– J'appelle la police.

Moi :

– Appelle-là, cinglée!

Dans la voiture, je dis à François :

– Regarde bien jusqu'où peut aller la paranoïa. Elle va sûrement prendre mon numéro de plaque.

Je repars donc à reculons jusqu'au prochain coin de rue pour que ma plaque d'immatriculation ne soit pas visible à l'oeil. Ensuite en avant, et bye bye! Je n'avais cependant pas prévu qu'un système de jumelles et de caméras étaient aux aguets en permanence. Arrivés chez moi, 4 minutes plus tard, surprise!

Une auto patrouille chez moi et la visite de 2 policiers, venus me demander pourquoi j'ai pris des photos?

Réponse :

– Pas de vos affaires. Ai-je commis une infraction?

– Non.

– Donc, c'est ce que je disais, çà ne vous regarde pas.

– Mais vous devez avoir une raison pour prendre des photos?

– Bien sûr, je ne suis quand même pas con.

– Vous n'avez rien à cacher, vous pourriez quand même nous le dire?

– J'ai tellement rien à cacher que justement, c'est pas de vos affaires et que surtout vous n'avez pas à alimenter la paranoïa de la victimisation en partant après tout le monde pour des photos.

Après 20 minutes, pour couper court, (les policiers étant vraiment de bonne conversation), j'ai décidé de leur expliquer le pourquoi tout en leur rappelant qu'il était de mon droit d'ouvrir la porte et de leur dire de lever « les feutres ». Un des policiers avait demandé un c.r.p.q. (Centre de Renseignements Policiers du Québec) me concernant, à la suite duquel j'ai entendu sur le walkie-talkie « Monsieur Beaudin a été accusé en 1995 d'enlèvement d'enfant »...

– Ha ben tabarnac!

Levant le ton, je dis au policier que :

– C'est justement ce genre de cause que je combats : les fausses accusations. L'enfant que j'aurais enlevé est à côté de moi messieurs... que j'ai eu à mon entière charge 2 mois plus tard. « Aucune preuve à offrir. » en a été le résultat. J'en suis une preuve devant vous. Après avoir passé une fin de semaine en dedans, moi, un ex-gardien de prison. Câlisse!

Du doigt, je touche son écusson de police au bras en le regardant dans les yeux :

– Y'en a des gars comme toi, des bonne jobs à $65,000/année, qui ont tout perdu, d'autres se sont suicidés. Sais-tu que çà peut t'arriver un jour?

Rép.:

– Oui, t'as raison!

Moi :

– Si j'ai raison, réalisez-vous que vous entretenez leurs « bibittes » en partant après n'importe qui, sans raison, et que vous faites partie du système de « 2 poids, 2 mesures » appliqué différemment selon que c'est une femme ou un homme qui appelle? Que si moi j'appelle parce que quelqu'un prend des photos devant chez moi, vous ne vous déplacerez pas? Que la rue Sydenham est dans un quartier entouré de l'hôpital et du CÉGEP, et que je ne me suis pas rendu au sommet d'une montagne entourée de barbelés ni passé au travers d'un système de sécurité? Que c'est complètement dingue? Que deux policiers à $65,000/an qui sont chez moi depuis quarante minutes pour une détraquée responsable de traumatisées, ont d'autres choses de mieux à faire pour le service des citoyens?

Ont suivis plusieurs autres arguments précisant que je n'en avais pas terminé pour des photos de ce genre. Çà ne changera pas le monde, mais je crois les avoir conscientisés! Tout çà, pour trois photos! Tel un état policier! J'en apprends encore sur ma ville!

C'était l'histoire d'un terroriste à trois coups de « Canon ».

Philo5
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