010802

Démembrement de la famille

par François Brooks

La famille est un groupe d'individus. Quand la chicane poigne dans le groupe, on ramène le calme en retirant systématiquement l'homme de ce groupe. Si on choisissait plutôt de retirer systématiquement la femme de ce groupe, n'obtiendrait-on pas le même résultat? Dès lors, pourquoi l'homme serait-il toujours le seul responsable (j'entends ici "punissable") du désordre familial? Mais le problème reste entier et insoluble puisqu'il est créé par la dynamique homme-femme.

Pour ramener le calme, comment devrait-on procéder pour faire en sorte qu'aucun des deux ne se sente lésé? Devrait-on retirer l'homme et la femme du domicile familial pour ensuite confier les enfants à un foyer d'accueil et liquider le patrimoine pour le partager équitablement entre les ex-conjoints? Ensuite on pourrait imposer une mesure qui obligerait les deux parents à payer une pension alimentaire au foyer d'accueil. Ainsi, je crois qu'un tel règlement serait « équitable », compte tenu du fait qu'on ne peut honnêtement désavantager l'un ou l'autre des deux conjoints en faisant peser sur ses seules épaules la responsabilité et le tort découlant d'une dynamique (l'œuf et la poule).

Cependant, accepter un règlement « équitable » de la sorte équivaudrait à retirer aux parents leurs droits parentaux en cas de litige au profit d'une « industrie » de la famille d'accueil.

L'État avait déjà pris à sa charge, depuis la Révolution Tranquille, la sécurité du revenu pour les gens du troisième âge, celle pour les indigents, l'instruction publique, la santé publique, ensuite, ce fut les garderies. Au nom de l'équité, se chargera-t-il un jour de toute la famille?

Adolescent, (en 1970), j'avais un ami qui se destinait à devenir psychologue. Nous discutions souvent des enjeux de la santé psychique et il m'avait expliqué que l'éducation que les parents donnent a un impact dramatique sur toute la vie de leur enfant. Je lui avais alors posé cette question : « Si cette influence des parents qui élèvent leurs enfants maladroitement est si importante, alors, pourquoi n'exige-t-on pas de tout citoyen qui veut devenir parent d'avoir, par exemple, un diplôme en psychologie, ou sinon, que leurs enfants soient élevés par des psychologues compétents? » Cette question restée sans réponse me semble encore pertinente.

Au nom de l'équité, l'État se chargera-t-il un jour de toute la famille? Nous n'avons peut-être pas encore assisté au démembrement le plus complet de la famille.

Mais à qui cela profiterait-il? N'a-t-on pas créé de toutes pièces de nouvelles catégories de travailleurs puisque pour suppléer à ce morcellement familial, il faut des enseignants, des techniciens en garderies, des familles d'accueil rémunérées, etc.?

Rien n'est gratuit et ce système s'engendrera peut-être lui-même à l'avenir puisque les enfants qui en sont issus n'auront jamais connu la gratuité. Tout au long de leur enfance, ils auront, le plus souvent, été élevés par des gens payés pour s'occuper d'eux.

Philo5
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