010307

Pour en finir avec le féminisme

par François Brooks

Le discours féministe devient stupide et blessant. Je suis heureux, non pas d'être un homme — ça, je ne l'ai pas choisi — mais de ne pas être une femme. Si je l'étais, j'en serais gênée. Il n'y a qu'à lire les titres des articles :

« Mes amis de filles »

« La féminisation des professions »

« Les femmes refusent d'être bâillonnées »

« Les Amères Noëlles contre la mondialisation »

Il y a quelque chose qui me gène dans ces titres qui ne s'adressent qu'aux femmes mais qui parfois devraient aussi interpeller les hommes. C'est de me sentir exclu d'un discours comme si je n'étais pas concerné parce que je suis un homme. Autrefois, les titres utilisant le masculin n'excluaient pas systématiquement les femmes. Ils n'étaient pas toujours provocateurs puisque, au sens large, le masculin incluait le féminin.

Mais ce féminisme se veut exclusivement dédié aux femmes ; il exclut l'homme. Si j'étais une femme, j'en serais gênée ; j'aurais l'impression de me mettre à dos la moitié de l'humanité, de n'œuvrer que pour ma "gang", comme si, socialement parlant, le sort des hommes était dissocié de celui des femmes. Pire, je me sentirais en conflit ouvert avec les hommes. Traduisez ces titres en les masculinisant, vous verrez tout de suite comme certains deviennent machos, stupides et provocateurs.

Dieu merci, les hommes ont su, en majorité, se taire et éviter l'odieux de mettre le doigt dans le rouage de ce conflit inutile. Je n'ai pas cette sagesse ; aussi, je parle.

J'ai bien hâte que les féministes s'assument, qu'elles deviennent des hommes comme tout le monde (au sens de homo, hominis et non pas de vir, viris) et qu'elles cessent de nous montrer ce qu'elles ont entre les jambes à chaque fois qu'elles prennent part au débat social. Quand j'ai besoin d'un policier, d'un avocat ou d'un enseignant, c'est plutôt ce qu'il a entre les oreilles qui m'intéresse. (Je dirais la même chose pour les homosexuels.)

Les féministes n'en auront-elles jamais fini de rabaisser la femme à n'être qu'une moitié. Les femmes ne sont pas un groupe culturel, elles font partie de l'humanité à part entière. Quand se mettront-elles à la considérer comme part entière de l'humanité? Si elles veulent participer au débat social, elles devront s'arranger pour que leur discours soit neutre et interpelle aussi bien les hommes que les femmes. Ne sont-elles pas assez intelligentes pour se rendre compte que la langue française a ceci de stupide qu'elle donne un sexe même à une chaise ou à un bureau?

Quand les féministes crient haut et fort leur indignation face au sort inhumain qu'on réserve à certaines femmes dans certains pays, je devrais me sentir interpellé parce que je fais partie d'une humanité qui ne peut pas dormir tranquille tant qu'on maltraite un de ses membres. Au lieu de cela, elles ont la maladresse de me mettre à dos en présentant le problème sous un angle qui me met en accusation. Parce que je suis un homme, parce que c'est un "régime d'hommes", elles m'identifient aux auteurs de ces inhumanités. Elles me font penser à une victime si blessée qu'elle est incapable de reconnaître ceux qui sont en mesure de l'aider et attaque alliés et ennemis.

Dans mon monde idéal, les féministes ont fini par ouvrir leurs horizons et prendre part au débat social qui concerne aussi la deuxième partie de l'humanité. Le féminisme n'existe plus parce qu'elles se sont rendu compte à quel point il pouvait être odieux pour la plupart des hommes qui ne demandent pas mieux que de travailler ensemble à construire une humanité égalitaire sans discrimination, notamment les discriminations fondées sur la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l'âge ou les déficiences mentales ou physiques. [1]

[1] Charte canadienne des droits et libertés, article 15, paragraphe 1.

Philo5
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