041215

L'égalité entre les hommes et les femmes [1]

par Jean-Pierre Gagnon

L'Après-Rupture © 2004

Égalité ou féminisation?

L'art de la victimisation

La dure égalité

La condition masculine

La condition humaine

La spiritualité oubliée

Égalité et famille

Et l'amour dans tout ça?

Recommandations

Conclusion

* * *

Égalité ou féminisation

Lorsque nos décideurs politiques parlent d'égalité entre les hommes et les femmes, ils oublient trop souvent de parler des différences qui caractérisent chacun des deux sexes. Ma perception, ces dernières années, des intentions des différents organismes qui prônent l'égalité entre les hommes et les femmes, est qu'elles sous-entendent la féminisation de l'homme québécois. C'est à cette seule condition qu'il y aurait égalité. Par exemple, le Conseil du Statut de la Femme (CSF) dans un récent numéro de La gazette des femmes, parlait du « père nouveau », sorte de mignonne mère-poule poilue qui serait fort acceptable car dépourvue de virilité. Je m'étonne que l'on valorise une telle conception des pères sans tenir compte des travaux d'éminents psychanalystes d'enfants qui confirment, sans exceptions, les dangers d'une telle approche. Je pense en particulier à l'éminent pédiatre Aldo Naouri, au psychanalyste Tony Anatrella, à madame Françoise Dolto, aussi psychanalyste et à Julien Bigras, psychiatre.

La confusion des rôles parentaux ne peut mener qu'à des troubles sérieux de la personnalité chez l'enfant. Or, je vois dans l'actuelle lutte pour l'égalité des sexes un véritable danger qui a déjà commencé ses ravages. J'explique cette lutte par une partie de bras- de- fer entre le matriarcat et le patriarcat. Le patriarcat est une institution humaine qui avait pour mission d'assurer l'ordre dans la société. Le patriarcat, fortement dénoncé pendant de nombreuses années par certains mouvements féministes extrémistes, a donné comme résultat que nos jeunes sont confrontés à de graves problèmes qui risquent de prendre de l'ampleur : anorexie, boulimie, abus de drogue, décrochage scolaire, suicides etc.

La pédopsychiatrie nous enseigne qu'une des causes premières de ces problèmes de comportement est un attachement exagéré à la mère. Le cordon ombilical n'est jamais coupé. Mon expérience comme éducateur auprès de jeunes pendant 32 ans va dans ce sens. Plusieurs confrères de travail abondent aussi dans le même sens. Je trouve fort dommage que nos politiciens, certains intervenants sociaux influents, osent parler de progrès, d'évolution, d'ouverture d'esprit de la société québécoise, alors que nous sommes peut-être en train d'assurer notre perte.

Prétendre que nos pères, nos grands-pères, nos arrières grands-pères, ont constitué un patriarcat malsain relève de la plus pure des démagogies. Ces gaillards ont dû affronter une nature rude et ingrate. Prétendre aussi qu'ils n'étaient pas près de leurs enfants, c'est méconnaître l'histoire. Le jeune garçon suivait rapidement son père pour aller travailler aux champs et bûcher. Les soupers en famille, les fêtes, les longs hivers, permettaient à la cellule familiale d'établir des liens importants. Le père était présent peut-être beaucoup plus qu'aujourd'hui.

Les enfants avaient l'avantage de vivre, la plupart du temps, avec les grands-parents sous le même toit. La sagesse, l'expérience de vie du grand-père, sécurisait soudait les liens familiaux. Certes, ce n'était pas toujours parfait mais c'était tout de même mieux que ces lambeaux de familles qui caractérisent si bien notre société qui ne sait plus très bien quelle définition donner au mot « famille » : familles monoparentales, familles reconstituées, familles homoparentales, familles d'accueil. Je pense à tous ces enfants qui ne s'y retrouvent plus dans toute cette macédoine de relations humaines. Le pire, c'est que, d'après certains ténors politiques, d'après certains idéologues à la mode, ce serait le signe d'une société avant-gardiste qui ferait l'envie du monde entier. Au Québec, nous aimons bien travestir nos perversions, nos échecs, nos cancers sociaux, en progrès. Tout est permis, tout est acceptable, au nom de la liberté. Nous avons l'esprit tellement ouvert que nous ne savons plus distinguer le bien du mal. Nous encourageons toutes sortes de relations pathologiques sans nous rendre compte que nous risquons ainsi de saper les fondements mêmes de notre fragile société.

Et tout cela se passe pendant que nos vieillards jouent au bingo dans des centres d'accueil ou regardent la télévision jusqu'à l'abrutissement total. Des psychologues patentés conseillent maintenant à l'homme québécois d'exprimer ses émotions, de pleurer quand il en a envie, de jouer à la mère avec son bébé. L'homme rose est né, sorte d'androgyne mythologique qui comblera de joie, du moins pour un certain temps, la femme moderne masculinisée, nouvelle femme qu'avait vu venir l'éminent psychanalyste Cari Gustav Jung à la fin de sa vie. Mais qui parle de Jung aujourd'hui? Qui prend la peine de le lire?

Féminisation de l'homme qui réjouit les fabricants de cosmétiques qui offrent maintenant à ces messieurs des crèmes de nuit des pommades, des parfums, des hydratants faciaux et des crèmes épilatoires. « On vous aime messieurs, à condition que vous nous ressembliez! » Voilà le nouveau message narcissique féministe à la mode. Toute forme d'agressivité masculine, de virilité, sera rapidement interprétée sournoisement comme étant autant d'actes violents qui iront gonfler les statistiques dont se délecteront les si charitables et si admirables organismes défenseurs des pauvres femmes violentées, martyrisées par les méchants mâles. Fausse violence très lucrative, malheureusement!

L'art de la victimisation

Nous subissons actuellement les mêmes symptômes qui ont causé la chute des plus grands empires. Nous vivons un grave terrorisme intérieur qui risque de nous engloutir comme nation. Jamais les femmes québécoises n'ont avalé autant de calmants et d'antidépresseurs. Le même phénomène se retrouve chez nos adolescents. Des enseignantes du primaire me confiaient dernièrement que de plus en plus d'enfants manifestent leur mal de vivre. C'est très inquiétant. La psychanalyse d'enfants nous enseigne pourtant que, la plupart du temps, ces troubles de la personnalité sont reliés à un attachement maternel exagéré, comme je le précisais plus tôt. Seul le rôle séparateur du père peut sauver l'enfant d'une telle emprise. Le patriarcat n'est plus là pour assurer l'ordre et la sécurité. Le patriarcat a été remplacé par la mère État.

Au nom de la libération des femmes, au-delà de 30 000 avortements sont pratiqués chaque année au Québec, sans que personne n'ose s'interroger sur les conséquences psychologiques qu'une telle pratique a sur les avortées. Madame Françoise Dolto, psychanalyste d'enfants, a déjà sonné l'alarme. Le message inconscient que nous envoyons à la jeune génération est que la vie ne vaut pas grand-chose. Pourtant, le fœtus n'appartient ni à la mère ni au père. C'est un être vivant, point à la ligne. L'avortement est devenu un moyen de contraception, c'est une tragédie! Les vraies victimes ne sont pas toujours celles qui font les manchettes!

La culpabilisation de l'homme québécois par toutes sortes de campagnes, de slogans, de marches, de déclarations ayant pour thème la supposée violence masculine, violence jamais démontrée sérieusement par aucune enquête scientifique rigoureuse, a fortement contribué à détériorer les relations hommes-femmes. Ainsi en est-il de l'utilisation scandaleuse annuelle, fortement médiatisée de la tuerie de polytechnique par certains groupes féministes. Ainsi en est-il du chiffre mensonger de 300 000 femmes battues au Québec par année, chiffre qui a été colporté partout au Québec par des directrices de maisons d'hébergement. Heureusement, cette duperie a pris fin suite à des vérifications sérieuses.

Complaisance morbide, message sournois qui a pour toile de fond, encore et toujours, la violence masculine, voilà la vraie inégalité dont est régulièrement victime l'homme d'ici.

Pourquoi alors ne pas organiser des shows médiatiques qui dénonceraient les meurtres d'enfants perpétrés majoritairement par des femmes, ce que confirment les statistiques du Bureau du Coroner? Pourquoi ne pas manifester pour dénoncer les 10 mères sur 1000, selon Santé Canada, qui boivent de l'alcool pendant leur grossesse et qui hypothèquent ainsi gravement leur future progéniture? Il y a toutes sortes de violences, pourquoi faut-il toujours s'attarder à la violence masculine?

Le phénomène de la violence faite aux femmes est devenu une véritable psychose et une importante machine à sucer les fonds publics. Pourtant une récente étude de Léger Marketing qui a pour titre Les rapports hommes-femmes au canada confirme que 98,8% des femmes d'ici n'ont jamais subi de violence physique de la part de leur conjoint et que 93% d'entre elles n'ont jamais subi de violence psychologique. Malheureusement, le rapport n'a pas abordé la violence faite aux hommes et aux enfants, sujet tabou par excellence. Je trouve inquiétante pour notre société cette propagande qui tente constamment de faire croire que la femme est un être qui fait pitié, un être misérable, une pauvre victime des méchants mâles.

La lutte pour la véritable égalité des sexes qui tient compte des particularités de chacun ne pourra se faire sans que cesse ce vaste lavage de cerveaux. Le CSF, grassement subventionné à coups de millions, a largement contribué, ces dernières années, à présenter la femme comme étant un être incapable d'assumer ses choix de vie. Il faut toujours que l'État vole à son secours. Infantilisme chronique, déresponsabilisation généralisée aux frais des contribuables.

Il est pour le moins paradoxal qu'un organisme qui prétend lutter pour l'émancipation des femmes en fasse un être immature qui doit toujours s'abreuver aux mamelles de l'État. Je me rappellerai pendant longtemps les propos d'une jeune femme pendant la crise du verglas. Elle était nourrie, logée, dorlotée, bichonnée dans une polyvalente. Elle trouva tout de même le moyen d'exprimer sa colère, son indignation devant les média, parce que l'établissement qui l'hébergeait ne fournissait pas les brosses à dents!...

Je me demande parfois si le pire ennemi de la femme n'est pas ... la femme. On n'a qu'à jeter un rapide coup d'œil sur les magazines qui s'adressent aux femmes dans les kiosques à journaux pour s'interroger sérieusement sur l'émancipation de celles-ci. Ces magazines conçus, gérés, préparés par des femmes, accordent une place prépondérante au culte du corps et du nombril, au sexe, à l'astrologie, aux stars et aux nouvelles modes vestimentaires. Voyeurisme, consommation et narcissisme sont-ils synonymes de libération féminine? Les magazines qui s'adressent aux hommes parlent de chasse, de pêche, de sciences, de voyages et de bricolage. Un regard sain sur le monde extérieur et non une admiration égoïste de son petit moi.

La victimisation de la femme québécoise a permis à de multiples organismes féminins d'empocher des millions de dollars puisés dans les goussets des contribuables déjà fortement endettés. Gaspillage éhonté de deniers publics pour des enquêtes, des études, des voyages, des colloques, des chaires universitaires, des maisons d'hébergement, des projets, qui ont favorisé la dépendance des femmes au lieu d'en faire des êtres responsables de leur vie.

Le Québec est la province la plus endettée parmi les gouvernements provinciaux. Sa dette totale équivaut au 44% du PIB. Le service de la dette représente le troisième poste de dépense du gouvernement après la santé et l'éducation, on l'oublie trop souvent. Un vieux proverbe chinois dit : « Ne donne pas un poisson à un pauvre mais montre-lui comment pêcher! ». Au Québec, on préfère donner des poissons...

L'État québécois appuie plus de 5000 organismes qui se partagent 530 millions de dollars. En 1973, il en finançait 31 avec 1,2 millions. Nous n'avons plus les moyens de consacrer des sommes astronomiques pour toutes sortes d'organismes aux vocations les plus diverses. La pertinence de plusieurs de ceux-ci est fort discutable. Le Conseil du Statut de la femme et la Fédération des femmes du Québec font partie de ces aberrations.

Je m'inquiète de la propension d'organismes à vocation féminine de toujours s'adresser à l'État pour libérer la femme d'une supposée domination masculine, d'un esclavage qui n'est en fait que virtuel. On fait croire au monde que, dans le passé, les femmes étaient accablées de souffrances.

Nos grands-pères ont travaillé sur des terres de roches, ont bûché pendant des hivers sibériens, pour donner de quoi manger à leur famille. Mon grand-père que je n'ai pas connu est mort jeune, un matin, sac de lunch en main, dans un appartement de la Pointe-Saint-Charles alors qu'il s'apprêtait à aller travailler dans une usine de fabrication de bouteilles. 60 heures de travail par semaine, pas de vacances. Son seul plaisir, m'a raconté mon père, était de siroter une petite bière avec les copains à la taverne du coin, la journée de la paye. L'égalité hommes femmes existait à l'époque : égalité dans la misère, dans la souffrance, dans la pauvreté. Il y avait plus d'amour alors, il me semble, entre les conjoints, qu'il y en a aujourd'hui. Ma grand-mère n'a jamais cessé de parler avec admiration de son homme, de son Charles qu'elle souhaitait revoir au ciel.

La dure égalité

La libération de la femme n'aura-t-elle été, en fait, qu'une victoire du capitalisme qui aura convaincu les femmes, les mères en particulier, que le bonheur est dans la consommation? Libération illusoire qui fait le bonheur des vendeurs de « bébelles », de cosmétiques, de vêtements à la mode, de gadgets et surtout d'antidépresseurs. La promesse d'un éden jamais atteint. Le mirage d'une oasis paradisiaque vers laquelle on marche péniblement cartes de crédit en main. Les enfants? Clé au cou, Ritalin, gardiennes et Nintendo... Les mères se sont libérées du pourvoyeur mâle pour mieux emprisonner leurs enfants dans une société où le dollar est devenu le veau d'or. Seule la femme abandonne ses petits à des mains étrangères. Aucun animal n'agit ainsi.

Plusieurs femmes qui ont accédé au marché du travail prennent conscience que le bonheur y est difficile à trouver. Les lois du capital ne tiennent aucunement compte des sexes. Le profit à tout prix. L'épuisement professionnel, les obligations parentales, les courses folles entre la maison, la garderie et le travail, sont le prix à payer pour une libération illusoire. C'est cela l'égalité : une lutte pour la survie! Loi universelle qui règne depuis la nuit des temps et qui risque de durer jusqu'à la fin de la vie sur terre. De récentes recherches confirment que la désillusion attend plus souvent qu'autrement beaucoup de femmes de carrière, de même que de simples travailleuses. Le burn-out est devenu monnaie courante.

L'égalité hommes-femmes en politique présente aussi des difficultés au niveau des relations humaines. Le pouvoir ne s'obtient pas sans luttes, sans stratégies, sans plans souvent machiavéliques. Jamais les femmes n'atteindront l'égalité tant souhaitée, si elles n'acceptent pas de jouer le dur jeu du pouvoir. On ne fait pas dans la dentelle dans l'arène politique. Il me semble que certaines politiciennes acceptent mal les critiques, les opinions contraires. La ministre des relations avec les citoyens en est un bel exemple lorsque des organismes de pères tentent d'exprimer démocratiquement leur point de vue. Ils sont rapidement traités de dangereux masculinistes! Égalité, oui, mais à condition que vous pensiez et que vous agissiez selon mes bons désirs messieurs!

La condition masculine

Parler de la condition masculine, c'est d'abord prendre conscience qu'elle débute au berceau. Le bébé mâle aura probablement une gardienne, puis à la garderie il aura affaire à un monde féminin. L'absence de modèles masculins se poursuivra à l'école primaire. En cas de troubles d'apprentissage ou de comportement, l'enfant aura affaire, le plus souvent, à du personnel féminin : directrice, psychologue, orthophoniste, infirmière, travailleuse sociale, DPJ, etc. Je prétends, pour y avoir passé une grande partie de ma vie, que notre système d'éducation actuel est d'abord féminin. La spécificité masculine y est dramatiquement ignorée et parfois même ridiculisée. Par exemple, de jeunes étudiantes universitaires me révélaient dernièrement que, lors d'un cours portant sur le féminisme, la masculinité y était carrément dénigrée.

Récemment, je participais, à l'Université du Québec à Montréal à une table ronde qui portait sur la masculinité et le féminisme. J'ai été estomaqué par l'agressivité qu'ont manifestée à mon endroit les participantes à cette table ronde. J'ai eu droit à des quolibets et à des remarques disgracieuses simplement parce que je défendais la cause des hommes, des pères en particulier, à l'aide de statistiques, de recherches rigoureusement scientifiques. On m'a rapidement fait comprendre que j'étais un empêcheur de tourner en rond et que ma place n'était pas dans ce haut-lieu du savoir. Je suis pourtant un universitaire diplômé en pédagogie et je considère que, comme citoyen, j'avais le droit de m'exprimer poliment. Cette expérience malheureuse m'a convaincu encore plus qu'il existe bel et bien au Québec, et je pèse mes mots, une dictature féministe bornée, intransigeante, fermée à toutes discussions civilisées, dictature qui s'est infiltrée dans la majorité de nos institutions.

Une autre tendance qui va en s'amplifiant dans le monde de l'éducation consiste à tenter de convaincre les étudiants que Jean-Sébastien Bach, Albert Einstein, Victor Hugo, Émile Nelligan, Léonard de Vinci ont chacun leur sosie féminin. Vouloir à tout prix, comme cela a commencé à se faire dans les universités américaines, sous les pressions de puissants mouvements féministes, chercher des comparables chez les femmes, relève de la pure malhonnêteté intellectuelle. La créativité masculine, la pensée masculine, ont leurs spécificités propres que certains ténors féministes ont tendance à nier actuellement au nom d'une égalité utopique.

Parler d'égalité en éducation, dès l'école primaire, c'est permettre aux gars de devenir de vrais hommes qui seront prêts à affronter les obstacles de la vie. La virilité n'est pas une maladie, comme se plaisent à nous le claironner certains. Quand j'étais jeune enfant, je jouais au cow-boy avec les copains. Souvent, nos parties de hockey contre les anglais du quartier finissaient en petites bagarres générales sans gravité. Le lendemain, nous recommencions. Salutaire soupape de sécurité pour une agressivité humaine parfaitement normale. Je ne suis pas devenu pour autant tueur en série, batteur de femmes, ou un membre des Hells Angels.

Sans agressivité, la vie sur terre n'existerait pas. L'éminent éthologiste et zoologiste autrichien Konrad Lorenz l'a amplement démontré suite à ses éclairantes recherches sur l'agression. Arts martiaux, travaux manuels, activités sportives, saines compétitions, devraient faire partie du programme scolaire des garçons. J'irai même jusqu'à affirmer qu'il faut sérieusement envisager la création d'institutions d'enseignement strictement réservés aux gars, des institutions gérées, supervisées par des hommes.

Égalité ne veut pas dire féminisation de la société. L'homme rose tant vanté est une aberration qui risque de nous coûter très cher. On ne change pas la nature humaine sans en payer le prix. Je répète : le suicide, le décrochage scolaire, la délinquance, les troubles sérieux de comportement, la dépression ont commencé à faire des ravages chez le jeune mâle québécois. Le pire est à venir si nous persistons à vouloir changer la nature de l'homme, comme le souhaitent tant certaines féministes influentes qui auraient intérêt à lire Freud. Mais ce génie leur fait peur, même si ce sont des femmes psychanalystes qui, à sa suite, ont prouvé par leur pratique clinique, que la pensée freudienne était fondamentale pour mieux comprendre la complexité de l'âme humaine. Je trouve fort dommage que les conclusions de la psychanalyse occupent si peu de place dans le débat sur l'égalité.

Je me demande combien de nos décideurs politiques ont pris le temps de lire l'œuvre de ceux et de celles qui ont consacré leur vie à analyser les comportements humains. La psychologie féminine tout comme la psychologie masculine ont été scrutées sous tous leurs angles. Une somme impressionnante de recherches, d'études, de conférences, ont démontré que l'homme était fort différent de la femme. Sa façon de concevoir le monde lui est propre. Jamais nous n'arriverons à une meilleure entente hommes-femmes sans cette évidence incontournable.

La condition humaine

L'égalité entre les hommes et les femmes devra aussi tenir compte des exigences de la condition humaine. Je m'explique... Le paradis terrestre n'existera jamais. La vie est difficile, bien qu'au Québec nous ayons la chance de vivre dans une des sociétés les plus choyées de la planète. Nous ne sommes tout de même pas en Irak ou en Palestine! Mais nous ne sommes jamais satisfaits. C'est le propre des sociétés paisibles et gâtées de s'inventer des peurs, des violences virtuelles, des tragédies rocambolesques. Jean-Claude Chesnais, éminent chercheur, l'a amplement démontré dans son livre Une histoire de la violence.

Les médias, certains organismes féministes ont intérêt à gonfler les événements. C'est payant, point à la ligne!

Une vie sans stress, sans souffrances, sans échecs, sans malheurs, sans conflits, sans compétition, sans frustration, relève de la pensée magique.

Vous voulez plus de pouvoirs, mesdames? Très bien, prenez-les, mais assumez en même temps les exigences qui vont avec : luttes, déceptions, sacrifices, coups bas, compétition effrénée, tensions, épuisement, seront au rendez-vous! Ne vous réfugiez surtout pas dans le rôle de pauvres victimes lorsque ça ne tournera pas à votre avantage!

Le discours féministe suggère aux femmes de construire des maisons, comme les hommes, à -30 degrés Celsius? Fort bien! Faire partie de l'armée canadienne ou d'une brigade anti-émeute. Super! Devenir première ministre. Ok! Mais il y a un prix à payer pour ces rêves. Les hommes savent comment nager dans ces eaux et souvent ils ont dû payer très cher leurs choix.

Plusieurs sont morts sur les champs de bataille pour défendre une démocratie qui vous permet aujourd'hui de revendiquer des droits, des privilèges. Plusieurs ont consacré leur vie à mettre au point des inventions qui vous permettent, mesdames, de vous exprimer, de vous déplacer, de vous divertir. Je le répète : le Paradis terrestre n'existe pas et n'existera jamais. Nous sommes égaux, hommes comme femmes, devant la lutte pour la survie qui, que ça plaise ou non, nous mène tous vers l'ultime égalité : la mort!

Vivre, c'est apprendre à mourir, nous enseigne le psychanalyste Scott Peck. Projeter sur l'autre sexe son mal de vivre ne mène à rien. Faire de l'autre sexe son bouc émissaire, c'est se complaire dans l'irresponsabilité. La vie nous été donnée pour que nous en fassions notre œuvre. Je suis principalement responsable de mes joies et de mes échecs. Je suis souvent mon pire ennemi mais aussi mon meilleur ami. L'évolution humaine a besoin des caractéristiques mâles et femelles. La tendance actuelle à tout mettre en œuvre pour féminiser l'homme est dangereuse. La pensée matriarcale dominante qui s'est infiltrée dans toutes les structures de notre société constitue une véritable bombe à retardement.

Je me demande comment se comporterait notre population habituée à se réfugier sous les jupes de l'État si, demain matin, un terrible tremblement de terre secouait le Québec. Je me demande comment nous réagirions en cas de crash économique...

La spiritualité oubliée

Que l'on me permette maintenant de soulever un aspect de l'égalité qui, à mon humble avis, est fondamental : il s'agit des valeurs morales qui sont à la base de toutes les grandes sociétés. Égalité oui, mais fondée sur quelles convictions? Depuis la Révolution tranquille, les valeurs morales ont été dramatiquement écorchées et la situation ne semble pas vouloir s'améliorer. Le concept d'égalité est mêlé à toutes les sauces. Tout est permis, tout est acceptable. Au risque de passer pour un arriéré, un rétrograde, je crois que l'homme et la femme sont des créatures qui possèdent une âme, une conscience. L'un est le complément de l'autre. Le souffle de Dieu y est présent ce Dieu qu'on a tassé, sans penser un seul instant aux conséquences d'un tel rejet.

Le sacré a été éliminé de nos institutions. Ce qui, jadis, solidifiait, malgré ses grandes imperfections, ses grandes faiblesses, les couples, les familles, les quartiers, les villages, a disparu. Sans fondements moraux, l'égalité hommes-femmes demeurera une pure utopie. Sans spiritualité, nos relations ne seront que des relations animales, égoïstes, revendicatrices, égocentriques, qui mèneront les êtres sur le chemin de la solitude et du désabusement. Marcel Proust, génial auteur de À la recherche du temps perdu, prédisait que les hommes comme les femmes finiraient par mourir chacun dans leur solitude. En arriverons-nous là? J'ai bien peur que oui et le Québec sera à la fine pointe de cette formidable évolution qui nous rendra tous un peu plus malheureux.

Égalité et famille

Que ça plaise ou non, la cellule familiale traditionnelle, ayant à sa tête un père et une mère, un homme et une femme, et non pas toutes ces sortes de combinaisons humaines à la mode, peut assurer une certaine stabilité sociale et morale. Nous ne nous en sortirons pas autrement. C'est au sein d'une vraie famille que les relations hommes-femmes-enfants pourront le mieux s'épanouir, ça, je le crois sincèrement pour avoir côtoyé pendant si longtemps de jeunes enfants. Nos enfants ont besoin d'un papa et d'une maman qui s'aiment, malgré tout.

Notre société se trompe en acceptant toutes sortes de relations pathologiques. L'enfant québécois souffre beaucoup plus qu'on ne le croit. Il souffre parce que nous lui offrons le triste spectacle d'un monde d'adultes immatures qui chiale à la moindre frustration. Il souffre parce qu'il assiste, impuissant au démantèlement de sa famille, de celle de ses copains et copines.

Au Québec, ce sont majoritairement les femmes qui décident de briser la structure familiale. C'est un sérieux problème. Trop de pères et d'enfants en subissent les conséquences. Mon expérience de 32 ans comme éducateur me confirme un tel drame. Et l'État favorise une telle aberration!

On m'a remis dernièrement un document qui s'adressait à de jeunes enfants dans une maison d'hébergement. L'image de l'homme n'y faisait pas bonne figure. Je doute de la compétence pédagogique de la conceptrice d'un tel document. Cette utilisation malicieuse d'enfants, utilisation qui contribue à salir l'image de l'homme est inacceptable et pathologique. Dénigrer subtilement l'homme est devenu la normalité pour certaines intervenantes dont on peut sérieusement s'interroger au sujet de leur crédibilité et de leur orientation sexuelle... Comme je le mentionnais tantôt, la violence est à la mode. Malheureusement, quand on parle de violence conjugale ou familiale, l'homme est, plus souvent qu'autrement, mis en cause. Alors que toutes les recherches sérieuses tendent à démontrer qu'il existe bel et bien une violence féminine non négligeable, particulièrement chez les mères, notre société préfère jouer à l'autruche. J'invite les mouvements de femmes qui sont prompts à dénoncer la violence des hommes à consulter les études parues dans la Revue québécoise de psychologie vol. 22, no. 3, 2001, numéro en grande partie consacrée à la violence des femmes. Ils y découvriront l'autre côté d'une bien triste médaille qui les convaincra peut-être que, si la femme est l'égale de l'homme, elle est, elle aussi, tout aussi capable de méchanceté surtout à l'endroit des enfants qui peuvent difficilement se défendre.

Ma longue expérience de pédagogue auprès de jeunes enfants m'a confirmé que les mères incestueuses, harceleuses psychologiques, manipulatrices, castratrices, pédophiles, sont beaucoup plus nombreuses qu'on ne le pense. Elles accomplissent leurs méfaits dans la clandestinité, dans le secret, en utilisant de façon perverse leur toute puissance en prenant bien soin de la travestir en amour maternel admirable. Violence sournoise, rarement dénoncée, sujet tabou par excellence. Malheur à celui qui oserait révéler de telles monstruosités!

Une véritable égalité hommes-femmes, une égalité pères-mères suppose qu'il faut admettre avec humilité que le mal nous habite tous et que nous avons tendance à projeter sur les autres notre propre violence intérieure. Au risque de passer pour un parfait misogyne, je soupçonne certains organismes féminins d'utiliser des slogans, de tripoter des statistiques, d'utiliser honteusement la tuerie de polytechnique pour mieux masquer leur propre violence.

L'idéologie féministe actuelle qui, soit dit en passant, n'a plus rien à voir avec le féminisme sain de Simone Monet-Chartrand, est en train de saper les fondements de toute notre société, particulièrement ceux de la famille traditionnelle. Heureusement, cette idéologie a de moins en moins d'adeptes. La jeune génération de femmes n'adhère aucunement à des discours revanchards qui se complaisent dans un misérabilisme douteux.

Et l'amour dans tout ça?

Il serait grand temps que l'amour entre les hommes et les femmes devienne une valeur fondamentale de notre société. Aimer, c'est respecter les particularités de l'autre. L'égalité des sexes dans une perspective amoureuse suppose que l'autre ne devienne pas l'objet de mes désirs. J'ai le droit d'être un homme, comme tu as le droit d'être une femme. Nous nous complétons dans nos différences, voilà l'égalité véritable. Comme homme, comme mâle, il me semble parfois que l'on exige de moi que je me féminise pour que je sois accepté. Je n'ai plus le droit de mettre le point sur la table, de parler fort, de lâcher quelques jurons, d'aimer la boxe, sans que l'on me soupçonne d'être un être violent.

Aussi, comme homme, je m'inquiète de la masculinisation de la femme québécoise. La féminité si belle, si adorable se perd. La saine séduction, les regards aguicheurs, la galanterie sont en train de disparaître. Nous sommes plusieurs hommes maintenant à ne plus nous lever dans le métro pour céder notre place à une femme, à l'aider à remplacer la roue de son auto lors d'une crevaison, à s'empresser à lui ouvrir une porte. Dernièrement, dans une épicerie, j'entendais un homme répondre ceci à une femme qui lui demandait si elle pouvait passer avant lui à la caisse parce qu'elle avait acheté peu de choses : « Vous avez voulu l'égalité, vous l'avez madame, mettez-vous en ligne comme tout le monde! ». Voilà où nous en sommes rendus avec ces luttes féministes qui n'en finissent plus. Où cela va-t-il nous mener? Si c'est cela l'égalité, alors moi je démissionne! Les relations hommes femmes risquent d'être bien moches dans ces conditions. L'homme québécois se risque de moins en moins à courtiser les dames par peur d'être accusé de harcèlement sexuel. Ça n'a pas de sens.

À la fin de ma carrière d'enseignant je prenais des précautions extrêmes lorsque je me retrouvais seul avec une élève lors d'une période de récupération dans une matière donnée. Triste bilan d'une idéologie malsaine qui a fait du mâle un violeur potentiel. Au risque de scandaliser, de choquer, de froisser certaines susceptibilités, je m'interroge sérieusement sur l'orientation sexuelle sous-jacente à une telle perversion idéologique.

L'amour et les vraies familles doivent revenir en force, sinon notre société ira à la dérive.

Recommandations

  1. Les lois et les Chartes des droits et libertés québécoises et canadiennes assurent à tous les citoyens l'égalité, peu importe leur sexe, la couleur de leur peau ou leurs croyances religieuses. En ce sens, l'État doit mettre un terme à l'existence du Conseil du Statut de la femme qui nous siphonne outrageusement depuis des années des millions de dollars.

  2. Dans le même sens, la création d'un Conseil du statut de l'égalité serait parfaitement inutile et coûteux.

  3. Le gouvernement québécois doit faire le ménage dans les 5000 organismes qui pigent, bon an mal an, près de 600 millions de dollars dans les coffres de l'État. L'égalité dans la faillite économique nous guette.

  4. L'État doit cesser de materner les citoyens, particulièrement les femmes. Il n'a pas à toujours assumer les conséquences de leurs mauvais choix de vie. La victimisation et l'infantilisation chronique des citoyens doivent disparaître.

Conclusion

J'aimerais, en terminant m'adresser à madame Courchesne. Cette commission parlementaire a eu comme base de fonctionnement un document produit par le Conseil du Statut de la femme. J'ai lu la liste des noms de celles qui ont pondu ce document. Je dis bien de celles, car aucun nom d'homme n'y figure, à l'exception de celui d'un correcteur. C'est très inquiétant pour une commission qui ose parler d'égalité entre les hommes et les femmes et qui n'a pas permis à la moitié de la population de poser ses propres balises. Les groupes de femmes sont grassement subventionnés par l'État et peuvent se permettre d'élaborer des études, des statistiques, des enquêtes de toutes sortes et aller, aux frais des contribuables, enquêter dans d'autres pays. Qu'en est-il des hommes? Des miettes! Bien humblement, madame Courchesne, j'estime que ce genre de discrimination jette un sérieux discrédit sur notre démocratie.

Des groupes d'hommes non-subventionnés, des bénévoles pour la plupart, ont pris de leur temps et de leur argent pour tenter de faire valoir leur point de vue. Ils n'ont pas eu toutes les ressources requises pour étoffer encore plus leurs mémoires. C'est bien dommage.

Ça m'amène à vous dire que, peu importe les décisions gouvernementales qui seront prises suite à cette Commission, elles seront pour moi et, il me semble, pour l'ensemble des citoyens, sans grandes valeurs puisqu'elles auront été élaborées à l'intérieur d'un processus carrément anti-démocratique qui n'a pas tenu suffisamment compte de la moitié masculine de sa population. Je m'inquiète aussi de l'impact qu'elles auront sur notre société, car elles auront vu le jour sous le ciel de l'injustice...

Merci!

Jean-Pierre Gagnon


[1] Texte présenté à la Commission parlementaire sur l'égalité hommes-femmes en Sept. 2005 et déposé à la Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec. Jean-Pierre Gagnon est écrivain, pédagogue et responsable de recherche pour l'organisme L'Après-Rupture.


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