MES LECTURES - Passages choisis 

Arthur Schopenhauer

2000-08-15

Éd. Mille et une nuits © 1983

L'Art d'avoir toujours raison [1]

Présentation

SOMMAIRE

Base de toute dialectique

STRATAGÈMES

1. Exagérer

2. Jouer sur les mots

3. Généraliser (1)

4. Cacher son jeu

5. Les faux arguments de l'adversaire

6. Affirmer péremptoirement

7. Noyer le poisson

8. Susciter la colère de l'adversaire

9. Brouiller les pistes

10. Par l'antithèse

11. L'induction

12. Titre ronflant

13. Contraste engageant

14. Triomphe proclamé

15. Se décoincer

16. Inciter à se commettre, à cohérence

17. Introduire une distinction

18. Détourner la conversation

19. Généraliser (2)

20. Conclure

21. À question stupide, réponse stupide

22. Pétition de principe

23. Réfuter les exagérations

24. Forcer la thèse

25. Trouver une exception

26. Retourner son argument contre lui

27. Empirer la colère de l'adversaire

28. Ridiculiser d'autorité en tablant sur la naïveté de l'auditoire

29. Faire diversion (Semblable à 18.)

30. Mystifier

31. Se déclarer incompétent

32. Faire une association dégradante

33. Opposer théorie et pratique

34. Insister sur le point qu'il détourne

35. Faire voir qu'il se tire dans le pied

36. Étourdir par la parole

37. Réfuter en dénonçant la preuve

38. Ultime stratagème

Base de toute dialectique

Tout d'abord, l'essentiel de toute controverse est le fait qu'une thèse soit posée par l'adversaire (ou nous-mêmes, peu importe). Pour la réfuter, il y a deux méthodes possibles :

1) Les modes :

a) ad rem

b) ad hominem ou ex concessis[2]

c'est-à-dire que nous démontrons soit

a) que cette thèse n'est pas en accord avec la nature des choses, la vérité objective absolue

b) soit qu'elle contredit d'autres affirmations ou concessions de l'adversaire, c'est-à-dire la vérité subjective relative. Dans ce dernier cas, il ne s'agit que d'une preuve relative qui n'a rien à voir avec la vérité objective.

2) Les méthodes :

a) réfutation directe

b) et indirecte.

a) La réfutation directe attaque la thèse dans ses fondements,

b) l'indirecte dans ses conséquences.

a) La directe démontre que la thèse n'est pas vraie,

b) l'indirecte, qu'elle ne peut pas être vraie.

Voilà la base de toute controverse. Mais tout cela peut se passer réellement ou seulement en apparence. Et comme en la matière il n'est pas facile d'avoir des certitudes, les débats peuvent être longs et acharnés. On ne peut savoir avec certitude qui a objectivement raison et cela ne peut être décidé que grâce à la controverse.

Du reste, dans toute controverse ou argumentation, il faut que l'on s'entende sur quelque chose, un principe à partir duquel on va juger le problème posé : on ne saurait discuter avec quelqu'un qui conteste ces principes.

1. Exagérer

Étirer l'affirmation de l'adversaire au-delà de ses limites naturelles, l'interpréter de la façon la plus générale possible. Ceci est particulièrement aisé avec des gens qui font des assertions généralisantes.

Ex. : Les Chinois...
Les femmes... , les hommes...
Les jeunes...
Les Juifs...

À l'inverse, pour assurer la victoire de sa propre affirmation, il faut la restreindre, parler de cas particuliers.

2. Jouer sur les mots

Utiliser l'homonymie pour étendre également l'affirmation à ce qui, à part le même mot, n'a pas grand-chose ou rien du tout en commun avec l'objet du débat, puis réfuter de façon lumineuse, et se donner ainsi l'air d'avoir réfuté l'affirmation elle-même.

Ex. : — Vous n'êtes pas encore initié aux mystères de la philosophie kantienne.
— Ah, quand il est question de mystères, cela ne m'intéresse pas.

3. Généraliser (1)

Prendre l'affirmation posée relativement comme si elle l'était de façon générale, ou du moins la concevoir dans un rapport tout à fait différent et la réfuter dans ce sens.

Ex. : — Certains homosexuels peuvent avoir des comportements pervers.
— Les homosexuels sont des gens normaux et non pas pervers.

4. Cacher son jeu

Quand on veut arriver à une conclusion, il ne faut pas la laisser prévoir, mais obtenir discrètement qu'on en admette les prémisses en disséminant celle-ci au cours de la conversation. Il faut faire approuver les prémisses dans le désordre de façon à cacher son jeu et éviter que l'adversaire tente toutes sortes de manoeuvres pour contrer notre thèse. On peut même utiliser des prémisses sans rapport avec le thème pour brouiller les pistes.

5. Les faux arguments de l'adversaire

Le vrai peut résulter de fausses prémisses, alors que le faux ne peut jamais découler de vraies prémisses. C'est ainsi que l'on peut réfuter des propositions fausses de l'adversaire au moyen d'autres propositions fausses qu'il considère comme vraies ; car c'est à lui que nous avons affaire et il faut utiliser son mode de pensée.

Ex. : Si l'interlocuteur est adepte d'une croyance que nous désapprouvons, utiliser contre lui les préceptes de sa religion.

6. Affirmer péremptoirement

Tout discours s'appuie sur des prémisses. Pour élaborer une thèse, il faut s'entendre sur un certain nombre d'affirmations. En s'appuyant sur une « vérité d'évidence », en postulant ce que l'on aurait à prouver, on force l'interlocuteur à reconnaître la validité de notre thèse.

Ex. : Affirmer l'incertitude de la médecine en affirmant l'incertitude de tout savoir humain.

La répartie à ce stratagème consiste à réfuter systématiquement chacune des prémisses de l'interlocuteur.

7. Noyer le poisson

Poser beaucoup de questions à la fois et élargir le contexte pour cacher ce que l'on veut véritablement faire admettre. En revanche, exposer rapidement son argumentation à partir de concessions obtenues, car ceux qui sont lents à comprendre ne peuvent suivre exactement la démonstration, et n'en peuvent détecter les lacunes.

Ex. : Tout débat à la Chambre des communes fournit d'abondants exemples.

8. Susciter la colère de l'adversaire

Mettre l'adversaire en colère, car la fureur empêche le jugement d'opérer correctement en faveur de son intérêt. On la provoque en étant ouvertement injuste envers lui, en faisant preuve d'impudence. Si on le connaît personnellement, on exhibe son point faible. En parlant ouvertement de ce dont il a honte, on brouille l'esprit ; il sera incapable de formuler un jugement cohérent.

Ex. : Si l'interlocuteur a déjà été condamné pour un délit, le mentionner ouvertement pour discréditer son intégrité.

9. Brouiller les pistes

Poser les questions dans toutes sortes de permutations sans suivre l'ordre exigé par la conclusion recherchée. La confusion empêche de saisir où l'on veut en venir et de se prémunir des pièges. Utiliser aussi les réponses pour en tirer diverses conclusions, même opposées, en fonction de leur nature. Ce stratagème est apparenté au quatrième dans la mesure où il faut dissimuler sa manière de procéder.

Ex. : L'inspecteur de police, durant son interrogatoire, pose toutes sortes de questions sans rapport apparent entre elles, afin d'en tirer des conclusions qui vont dans le sens de son enquête. Le prévenu qui ne le voit pas venir se prend au piège.

10. Par l'antithèse

Lorsque l'adversaire rejette les questions qui auraient besoin d'une réponse positive pour soutenir notre thèse, il faut l'interroger sur la thèse contraire, comme si c'était ce que l'on veut qu'il approuve ; ou lui donner le choix entre les deux de telle sorte qu'il ne sache plus quelle est la thèse à laquelle on souhaite qu'il adhère.

Ex. : Feindre adhérer à sa thèse, l'appuyer avec nos propres arguments, pour ensuite le coincer en défaut sur un point où elle s'effondre. L'important est de prendre le dessus ; montrer qu'il a tort parce que nous avons raison.

11. L'induction

Faire croire à l'adversaire qu'il a reconnu lui-même une « vérité générale admise » en lui faisant concéder plusieurs cas particuliers par induction.

Ex. : L'acier est un métal solide à la température ambiante.
L'or aussi est un métal solide à la température ambiante.
De même que l'aluminium, le bronze, etc.
Donc, tous les métaux sont solides à la température ambiante.

12. Titre ronflant

Orienter le débat par le choix des termes. Choisir une désignation flatteuse pour nommer une thèse, une fonction, un titre. Ou à l'inverse, utiliser des termes orduriers pour désigner la thèse que l'on cherche à discréditer.

Ex. : Désigner la personne atteinte du SIDA comme « sidéen » plutôt que « sidatique ». Le premier terme évoquant l'habitant d'un pays, alors que le second désigne une personne malade. Désigner les protestants comme « L'Église Unie » alors qu'ils sont une secte chrétienne à l'origine de la division des catholiques. Parler des cols bleus comme « fiers à bras » ou des intellectuels comme « pousseux de crayon » pour dénigrer leur fonction sociale.

13. Contraste engageant

Pour forcer l'adhésion, présenter la thèse inverse et laisser choisir en ayant d'abord pris soin de mettre en évidence l'aspect péjoratif de l'antithèse.

Ex. : Mettre du gris à côté du noir, et prétendre qu'il est blanc.
Ou inversement, le mettre à côté du blanc pour affirmer qu'il est noir.

14. Triomphe proclamé

Lorsque l'interlocuteur a répondu à plusieurs questions sans que les réponses soient allées dans le sens de la conclusion vers laquelle nous tendons, déclarer triomphalement que la déduction à laquelle on voulait aboutir est prouvée, bien qu'elle n'en résulte aucunement.

L'interlocuteur est confus et déstabilisé puisque, ne trouvant aucun lien entre le discours et la conclusion, on laisse entendre qu'il n'est pas assez subtil pour l'avoir saisi. Il a donc le choix entre accepter la défaite ou paraître idiot. Il capitulera pour sauver la face.

Ce stratagème fonctionne admirablement si l'adversaire est timide ou lent d'esprit. Il mine l'estime de soi, mais provoque la haine et incite la vengeance.

15. Se décoincer

Si nous posons une thèse paradoxale difficile à démontrer, il faut présenter n'importe quelle proposition exacte, mais d'une exactitude pas tout à fait évidente, afin que l'adversaire l'accepte ou la rejette. S'il la rejette par méfiance, nous le confondons par l'absurde et triomphons ; mais s'il l'accepte, c'est que nous avons tenu des propos raisonnables et pouvons ajuster le tir en conséquence.

Ou bien nous ajoutons le stratagème #14 et affirmons alors que notre paradoxe est démontré. Il faut pour cela être d'une extrême impudence, mais il y a des gens qui le pratiquent très adroitement de façon instinctive.

16. Inciter à se commettre, à cohérence

Quand l'adversaire fait une affirmation, chercher à savoir si elle n'est pas d'une certaine façon, et ne serait-ce qu'en apparence, en contradiction avec quelque chose qu'il a dit ou admis auparavant, ou avec les principes d'une école ou d'une secte dont il a fait l'éloge, ou avec les actes des adeptes de cette secte, qu'ils soient sincères ou non, ou avec ses propres faits et gestes. Ce stratagème est très facile à appliquer puisque, n'ayant pas eu l'opportunité de faire le « ménage » dans leurs idées reçues, la plupart des gens sont des paradoxes ambulants.

Ex. : S'il prend parti en faveur du suicide, lui demander aussitôt :
— Pourquoi donc ne te suicides-tu pas ?
Ou bien s'il dit que Montréal est une ville désagréable, s'écrier aussitôt :
— Comment se fait-il que tu y habites ?
Et ainsi de suite, pour toute situation déplorée par l'adversaire .

17. Introduire une distinction

Si l'adversaire avance une parade qui nous met dans l'embarras, se tirer d'affaire en introduisant une distinction subtile. L'objet du débat admet généralement de multiples interprétations.

18. Détourner la conversation

Si nous nous rendons compte que l'adversaire s'est emparé d'une argumentation qui va lui permettre de nous battre, nous devons l'empêcher de parvenir au bout de sa démonstration en interrompant le cours de la discussion, en nous esquivant ou en détournant le débat vers d'autres propositions.

Ex. : Lorsque l'adversaire vous dit que vous avez tort, faites-lui remarquer que son lacet de soulier est détaché.

19. Généraliser (2)

Si l'adversaire exige expressément que nous argumentions contre un certain aspect de son affirmation, et que nous n'ayons rien de valable à dire, la contrer en se lançant dans un débat général.

Ex. : On insiste pour entendre votre explication sur l'échec d'une hypothèse en physique. On veut savoir pourquoi elle n'est pas fiable. Généraliser en parlant du caractère fallacieux du savoir humain et l'illustrer avec plusieurs exemples.

20. Conclure

Si nous avons demandé les prémisses à l'adversaire et qu'il les a admises, il faut, non pas attendre sa conclusion, mais la tirer nous-même. S'il manque l'une ou l'autre des prémisses, la considérer comme admise et tirer la conclusion. Donner ainsi l'illusion à l'adversaire qu'il approuve de fait notre conclusion puisque ce sont ses prémisses qui la soutiennent.

21. À question stupide, réponse stupide

En cas d'argument spécieux ou sophistique de l'adversaire dont nous ne sommes pas dupes, nous pouvons certes le démolir en expliquant ce qu'il a d'insidieux et de fallacieux. Mais il est préférable de lui opposer un contre-argument aussi spécieux et sophistique afin de lui régler son compte.

Ex. : Si l'adversaire avance un argument ad hominem, il suffit de le désarmer par un contre-argument ad hominem ; et d'une manière générale, au lieu d'avoir à discuter longuement de la vraie nature des choses, il est plus rapide de donner une argumentation ad hominem quand l'occasion se présente.

22. Pétition de principe

S'il exige que nous concédions une chose d'où découlerait directement le problème débattu, il faut refuser en prétendant qu'il s'agit là d'une pétition de principe[3] ; car lui et les témoins du débat auront tendance à considérer une proposition proche du problème comme identique à ce problème ; nous le privons ainsi de son meilleur argument.

Ex. : Le cogito de Descartes

23. Réfuter les exagérations

La contradiction et la querelle incitent parfois l'adversaire à exagérer notre affirmation. En le contredisant, nous pouvons donc le pousser à tirer une affirmation éventuellement exacte dans les limites requises au-delà de la vérité ; mais une fois que nous avons réfuté cette exagération, il semble également que nous ayons réfuté la thèse originelle.

À l'inverse, nous devons nous garder de nous laisser entraîner par la contradiction à exagérer ou à élargir le champ de notre thèse. Souvent, l'adversaire lui-même essaiera directement de faire reculer les limites que nous avions fixées : il faut immédiatement y mettre un terme et le ramener aux limites de notre affirmation.

Ex. : « Voilà ce que j'ai dit, et rien de plus ».

24. Forcer la thèse

Forcer la thèse de l'adversaire déduisant de fausses conclusions et en déformant les concepts pour en faire sortir des propositions qui ne s'y trouvent pas et qui ne reflètent aucunement son opinion, car elles sont au contraire absurdes ou dangereuses. Comme il semble qu'il découle de sa thèse des propositions qui, soit se contredisent, soit contredisent des vérités reconnues, ce stratagème passe pour une réfutation indirecte, une apagogie.

25. Trouver une exception

Faire une apagogie au moyen d'une instance. Si l'adversaire procède par l'induction, il requiert un grand nombre de cas pour valider sa thèse générale. Une seule instance contradictoire l'invalide.

Ex. : La thèse « tous les ruminants ont des cornes » est réfutée par l'instance unique des chameaux.

26. Retourner son argument contre lui

Retourner l'argument contre l'adversaire, avec un meilleur argument.

Ex. : — C'est un enfant, il faut être indulgent.
— C'est justement parce que c'est un enfant qu'il faut le punir pour l'empêcher de
     prendre de mauvaises habitudes.

27. Empirer la colère de l'adversaire

Si l'argument met l'adversaire en colère, s'efforcer de le pousser encore plus loin : non seulement parce qu'il est bon de le mettre en colère (stratagème no. 8.), mais parce que l'on a visiblement touché le point faible de son raisonnement.

28. Ridiculiser d'autorité en tablant
sur la naïveté de l'auditoire

Le stratagème vaut surtout quand des savants se disputent devant un auditoire néophyte. Il consiste à avancer une objection invalide que seul le spécialiste peut reconnaître. Le spécialiste est l'adversaire, pas les auditeurs. À leurs yeux, c'est lui qui sera battu, surtout si l'objection fait paraître son affirmation ridicule. Les gens sont toujours prêts à rire ; on a alors les rieurs de son côté. Pour démontrer la nullité de l'objection, l'adversaire devrait faire une longue démonstration remontant à des principes scientifiques complexes ou à des faits peu connus. Il serait difficile de convaincre l'auditoire.

Ex. :
L'adversaire dit :
« Au cours de la formation des montagnes primitives, la masse à partir de laquelle le granit et tout le reste de ces montagnes s'est cristallisé était liquide à cause de la chaleur. La chaleur devait être d'environ 250°C, et la masse s'est cristallisée au dessous de la surface de la mer qui la recouvrait. »

Nous répondons que :
« À cette température, et même bien avant, vers 100°C, la mer se serait mise à bouillir depuis longtemps et se serait évaporée dans l'atmosphère. »

Les auditeurs s'éclatent de rire. Pour nous battre, il lui faudrait démontrer que le point d'ébullition ne dépend pas seulement du degré de température, mais aussi de la pression ambiante, et que sous l'immense pression de la mer, il n'y avait pas d'ébullition, même à 250°C. Mais il ne le fera pas, car il faudrait une véritable conférence pour l'expliquer à des néophytes.

29. Faire diversion
(Semblable à 18.)

Si l'on se rend compte que l'on va être battu, il faut faire diversion ; c'est-à-dire parler soudainement d'autre chose, comme si cela faisait partie du débat, et constituait un argument valide contre l'adversaire. Le faire avec discrétion si la diversion a quelque rapport avec le thème discuté ; avec impudence si elle ne concerne que l'adversaire et n'a rien à voir avec l'objet du débat.

Toute dispute entre des gens du commun montre à quel point ce stratagème est instinctif. En effet, quand l'un fait des reproches personnels, l'autre ne répond pas en les réfutant, mais renchérit à son tour de griefs personnels, ignorant ceux qu'on vient de lui faire, et semblant donc reconnaître leur bien-fondé. Dans les querelles, une telle diversion ne vaut rien parce qu'on laisse tomber les reproches reçus, et que les témoins apprennent tout le mal possible des deux parties en présence. On l'utilise dans la controverse faute de mieux.

30. Mystifier

Au lieu de faire appel à la raison, il faut se servir d'autorités reconnues en la matière selon le degré des connaissances de l'adversaire. « Chacun préfère croire plutôt que juger », a dit Sénèque. On a donc beau jeu si l'on a de son côté une autorité respectée par l'adversaire. Cependant, il y aura pour lui d'autant plus d'autorités valables que ses connaissances et ses aptitudes sont limitées. Si celles-ci sont de tout premier ordre, il ne reconnaîtra que peu d'autorités ou même aucune. À la rigueur, il fera confiance aux gens spécialisés dans une science, un art ou un métier qu'il connaît peu ou pas du tout, et encore ne le fera-t-il qu'avec méfiance. En revanche, les gens du commun ont un profond respect pour les spécialistes en tout genre. Ils ignorent que la raison pour laquelle on fait profession d'une chose n'est pas l'amour de cette chose, mais parce qu'elle rapporte, et que celui qui enseigne une chose la connaît rarement à fond, car s'il l'étudiait à fond, il ne lui resterait généralement pas de temps pour l'enseigner. Mais pour le profane, il y a beaucoup d'autorités dignes de respect. Donc si l'on n'en trouve pas d'adéquate, il faut en prendre une qui le soit en apparence et citer ce que quelqu'un a dit dans un autre sens ou dans des circonstances différentes. Ce sont les autorités auxquelles l'adversaire ne comprend pas un traître mot qui font généralement le plus d'effet. Les ignorants ont un respect particulier pour les figures de rhétorique grecques et latines.

On peut aussi, en cas de nécessité, non seulement déformer, mais carrément falsifier ce que disent les autorités, ou même inventer purement et simplement. En général, l'adversaire n'a pas le livre sous la main et ne sait pas non plus s'en servir.

Ex. : Un curé français qui, pour ne pas être obligé de paver la rue devant sa maison, comme les autres citoyens, citait une formule biblique : paveant illi, ego non pavebo (qu'ils tremblent, moi, je ne tremblerai pas). Ce qui convainquit le conseil municipal.

Il faut aussi utiliser en matière d'autorités les préjugés les plus répandus. Car la plupart des gens pensent avec Aristote : « Ce qui paraît juste à une multitude, nous disons que c'est vrai » (Éthique à Nicomaque) : il n'y a en effet aucune opinion, aussi absurde soit-elle, que les hommes n'aient pas rapidement adoptée dès qu'on a réussi à les persuader qu'elle était généralement acceptée. L'exemple agit sur leur pensée comme sur leurs actes. Ce sont des moutons qui suivent le bélier de tête, où qu'il les conduise. Il leur est plus facile de mourir que de penser. Il est très étrange que l'universalité d'une opinion ait autant de poids pour eux puisqu'ils peuvent voir sur eux-mêmes qu'on adopte des opinions sans jugement, et seulement en vertu de l'exemple. Mais ils ne le voient pas parce qu'ils sont dépourvus de toute connaissance d'eux-mêmes. Seule l'élite dit avec Platon : « à une multitude de gens, une multitude d'idées paraissent justes », c'est-à-dire le profane n'a que bêtises en tête, et si l'on voulait s'y arrêter, on aurait beaucoup à faire. Si l'on parle sérieusement, le caractère universel d'une opinion n'est ni une preuve ni même un critère de probabilité de son exactitude.

Ce que l'on appelle l'opinion commune est, à bien regarder, l'opinion de deux ou trois personnes ; et nous pourrions nous en convaincre si seulement nous observions comment naît une telle opinion. Nous verrions alors que ce sont deux ou trois personnes qui l'ont admise ou avancée ou affirmée, et qu'on a eu la bienveillance de croire qu'elles l'avaient examinée à fond ; préjugeant de la compétence suffisante de celles-ci ; quelques autres se sont mises également à adopter cette opinion. À leur tour, un grand nombre de personnes se sont fiées à ces dernières, leur paresse les incitant à croire d'emblée les choses plutôt que de se donner le mal de les examiner. Ainsi s'est accru de jour en jour le nombre de ces adeptes paresseux et crédules.

Une fois que l'opinion eut pour elle un bon nombre de voix, les suivants ont pensé qu'elle n'avait pu les obtenir que grâce à la justesse de ses fondements. Les autres sont alors contraints de reconnaître ce qui était communément admis pour ne pas être considérés comme des esprits inquiets s'insurgeant contre des opinions universellement admises ou comme des impertinents se croyant plus malins que tout le monde. Adhérer devint alors un devoir. Désormais, le petit nombre de ceux qui sont capables de juger est obligé de se taire ; et ceux qui ont le droit de parler sont ceux qui sont absolument incapables de se forger une opinion et un jugement à eux, et qui ne sont donc que l'écho de l'opinion d'autrui. Ils en sont cependant des défenseurs d'autant plus ardents et plus intolérants.

Ce qu'ils détestent chez celui qui pense autrement, ce n'est pas tant l'opinion différente qu'il prône que l'outrecuidance qu'il y a à vouloir juger par soi-même — ce qu'ils ne font bien sûr jamais eux-mêmes, et dont ils ont conscience dans leur for intérieur.

Bref, très peu de gens savent réfléchir, mais tous ont des opinions ; que leur reste-t-il d'autre que de les adopter telles que les autres leur proposent au lieu de se les forger eux-mêmes ? Puisqu'il en est ainsi, que vaut l'opinion de cent millions d'hommes ? Autant que, par exemple, un fait historique attesté par cent historiens quand on prouve ensuite qu'ils ont tous copié les uns sur les autres et qu'il apparaît ainsi que tout repose sur les dires d'une seule personne.

Néanmoins, on peut, quand on se querelle avec des gens du commun, utiliser l'opinion universelle comme autorité.

D'une manière générale, on constatera que lorsque deux esprits ordinaires se querellent, ce sont des personnalités faisant autorité qu'ils choisissent l'un et l'autre comme armes dont ils se servent pour se disputer. Si une tête mieux faite a affaire à quelqu'un de ce genre, le mieux est qu'il accepte de recourir lui aussi à cette arme, en la choisissant en fonction des faiblesses de l'adversaire. Car, comparée à la raison, celle-ci est un Siegfried blindé, plongé dans les flots de l'incapacité de penser et juger.

Au tribunal, on ne se bat en fait que par autorités interposées, à savoir, l'autorité bien établie des lois. La tâche du pouvoir judiciaire est de découvrir la loi, c'est-à-dire l'autorité applicable dans le cas en question. Mais la dialectique a suffisamment de champ d'action, car si nécessaire, le cas traité et une loi, qui ne vont en réalité pas ensemble, peuvent être déformés jusqu'à ce qu'on les juge concordants ; ou l'inverse.

31. Se déclarer incompétent

Si l'on ne sait pas quoi opposer aux raisons exposées par l'adversaire, il faut, avec une subtile ironie, se déclarer incompétent. De cette façon, on insinue, face aux auditeurs qui vous apprécient, que ce sont des inepties.

Ex. : « Ce que vous dîtes-là dépasse mes faibles facultés de compréhension ; c'est peut-être tout à fait exact, mais je n'arrive pas à comprendre et je renonce à tout jugement. »
C'est ainsi qu'à la parution de la Critique de la raison pure de Kant, ou plutôt dès qu'elle commença à faire sensation, de nombreux professeurs de la vieille école éclectique déclarèrent : « nous n'y comprenons rien », croyant par là lui avoir réglé son compte. Mais quand certains adeptes de la nouvelle école leur prouvèrent qu'ils avaient raison, et qu'ils n'y comprenaient vraiment rien, cela les mit de très mauvaise humeur.

Il ne faut utiliser ce stratagème que lorsque l'on est sûr, auprès des auditeurs, d'une considération nettement supérieure à celle dont l'adversaire jouit.

Ex. : Lorsqu'un professeur s'oppose à un étudiant.

À vrai dire, cette méthode fait partie du stratagème précédent et consiste, de façon malicieuse, à mettre sa propre autorité en avant au lieu de fournir des raisons valables.

La contre-attaque consiste à dire : « Permettez, mais vu votre grande capacité de pénétration, il doit vous être facile de comprendre ; tout cela est dû à la mauvaise qualité de mon exposé », et de lui ressasser tellement la chose qu'il est bien obligé, bon gré mal gré, de la comprendre, et qu'il devient clair qu'il n'y comprenait effectivement rien auparavant. Ainsi on l'a coincé : il voulait insinuer que nous disions des « bêtises » ; nous avons montré sa « sottise ». Tout cela avec la plus parfaite des politesses.

32. Faire une association dégradante

Nous pouvons rapidement éliminer ou du moins rendre suspecte une affirmation de l'adversaire opposée à la nôtre en la rangeant dans une catégorie exécrable, pour peu qu'elle s'y rattache par similitude ou même très vaguement.

Ex. : — C'est du communisme ! de l'athéisme ! de la tyrannie ! du banditisme ! etc.
     La réplique suppose deux choses :
a) Que l'affirmation en question, « c'est bien connu », est réellement identique
     à cette catégorie, ou au moins contenue en elle.
b) Que cette catégorie est déjà totalement réfutée et ne peut contenir un seul
     mot valide.

33. Opposer théorie et pratique

« C'est peut-être vrai en théorie, mais en pratique c'est faux. »
Cette affirmation indique la nécessité de distinguer théorie et pratique. La théorie est fausse si l'on montre une divergence dans son application ; ce qui est presque toujours possible.

34. Insister sur le point qu'il détourne

Si l'adversaire évite la réponse directe, louvoie, ou pose une autre question, ou même essaie de détourner le débat, c'est la preuve évidente que nous avons touché un point faible. C'est une façon de se taire pour éviter la compromission. Il faut donc insister sur ce point ; ne pas laisser l'adversaire tranquille, même lorsque nous ne voyons pas encore en quoi consiste au juste sa faiblesse.

35. Faire voir qu'il se tire dans le pied

Si l'on peut montrer à l'adversaire que son opinion, même valable, lui causerait un tort considérable, il la laissera tomber aussi vite qu'un fer rouge dont il se serait imprudemment emparé.

Ex. : Si un ecclésiastique soutient un principe philosophique, lui faire remarquer que celui-ci est en contradiction directe avec un dogme fondamental de son Église.

En général, un gramme de volonté et de conviction pèse plus lourd qu'un kilo d'intelligence et de raisonnement. Ce qui nous est défavorable paraît généralement absurde à l'intellect. Ce stratagème pourrait s'intituler « attaquer l'arbre par la racine ».

36. Étourdir par la parole

Déconcerter, stupéfier l'adversaire par un flot insensé de paroles.

Ex. : Débiter d'un air très sérieux des bêtises qui ont un air savant et profond.

En contrepartie, celui qui ne s'y laisse pas prendre pourra puiser dans ce flot de paroles les confusions, et les dénoncer en démontrant en quoi ces arguments sont hors contextes et incohérents.

37. Réfuter en dénonçant la preuve

Si l'adversaire a raison et qu'il choisit une mauvaise preuve, le réfuter en prétendant invalider l'idée. Si aucune preuve plus exacte ne lui vient à l'esprit, nous avons gagné.

Ex. : Par exemple, si quelqu'un, pour prouver l'existence de Dieu, avance la preuve ontologique qui est parfaitement réfutable.

C'est le moyen par lequel de mauvais avocats perdent une juste cause : ils veulent la justifier par une loi qui n'est pas adéquate, et la loi adéquate ne leur vient pas à l'esprit.

38. Ultime stratagème

Si l'on s'aperçoit que l'adversaire est supérieur et que l'on ne va pas gagner, il faut tenir des propos désobligeants, blessants et grossiers. Être désobligeant consiste à quitter l'objet de la querelle (puisqu'on a perdu la partie) pour passer à l'adversaire, et à l'attaquer d'une manière ou d'une autre dans ce qu'il est ; ad personam. Mais quand on passe aux attaques personnelles, on délaisse complètement l'objet, et l'on dirige ses attaques sur la personne de l'adversaire. On devient donc vexant, méchant, blessant, grossier. C'est un appel des facultés de l'esprit à celles du corps ou à l'animalité. Le stratagème est très apprécié, car chacun est capable de l'appliquer ; il est donc souvent utilisé.

La question est de savoir maintenant quelle parade utiliser. Car si l'on procède de la même façon, on débouche sur une bagarre, un duel ou un procès en diffamation.

Ce serait une grave erreur de penser qu'il suffit de ne pas être soi-même désobligeant. Car en démontrant tranquillement à quelqu'un qu'il a tort, et que par voie de conséquence, il juge et pense de travers — ce qui est le cas dans toute victoire dialectique — on l'ulcère encore plus que par des paroles grossières et blessantes. Pourquoi ? Parce que, comme dit Hobbes, « Toute volupté de l'esprit, toute bonne humeur, vient de ce qu'on a des gens en comparaison desquels on puisse avoir une haute estime de soi-même. » Rien n'égale pour l'homme le fait de satisfaire sa vanité, et aucune blessure n'est plus douloureuse que de la voir blessée. Cette satisfaction de la vanité naît principalement du fait que l'on se compare aux autres, à tout point de vue, mais surtout au point de vue des facultés intellectuelles. C'est justement ce qui se passe effectivement et très violemment dans toute controverse. D'où la colère du vaincu, sans qu'on lui ait fait tort, d'où son recours à ce dernier expédient, à ce dernier stratagème auquel il n'est pas possible d'échapper en restant soi-même poli.

Toutefois, le sang-froid est salutaire : il faut alors, dès que l'adversaire passe aux attaques personnelles, répondre tranquillement que cela n'a rien à voir avec l'objet du débat, y revenir immédiatement et continuer de lui prouver qu'il a tort sans prêter attention aux propos blessants, donc en quelque sorte, comme le dit Thémistocle à Eurybiade : « Frappe, mais écoute. » Mais ce n'est pas donné à tout le monde.

La seule parade sûre est donc celle qu'Aristote a indiquée dans le dernier chapitre des Topiques : ne pas débattre avec le premier venu, mais uniquement avec les gens que l'on connaît et dont on sait qu'ils sont suffisamment raisonnables pour ne pas débiter des absurdités et se couvrir de ridicule. Et dans le but de s'appuyer sur des arguments fondés, et non sur des sentences sans appel. Et pour écouter les raisons de l'autre et s'y rendre. Des gens dont on sait enfin qu'ils font grand cas de la vérité, qu'ils aiment entendre de bonnes raisons, même de la bouche de l'adversaire, et qu'ils ont suffisamment le sens de l'équité pour supporter d'avoir tort quand la vérité est dans l'autre camp. Il en résulte que, sur cent personnes, il s'en trouve à peine une qui soit digne qu'on discute avec elle. Quant aux autres, qu'on les laisse dire ce qu'elles veulent, car c'est un droit des gens que d'extravaguer. Que l'on songe aux paroles de Voltaire  : « La paix vaut encore mieux que la vérité. »

Toutefois, en tant que joute de deux esprits, la controverse est souvent bénéfique aux deux parties, car elle leur permet de rectifier leurs propres idées et de se faire aussi de nouvelles opinions. Seulement il faut que les deux adversaires soient à peu près du même niveau en savoir et en intelligence. Si le savoir manque à l'un, il ne comprend pas tout, et n'est pas au niveau. Si c'est l'intelligence qui lui manque, l'irritation qu'il en concevra l'incitera à recourir à la mauvaise foi, à la ruse et à la grossièreté.

[1] Arthur Schopenhauer, L'Art d'avoir toujours raison, Mille et une nuits © 1983.
[Les extraits publiés ici sont un condensé adapté du livre.]

* * *

S'installer sur les positions d'autrui, épouser le mouvement du raisonnement de la partie adverse pour en exploiter les faiblesses : l'art de la discussion, c'est l'art de la guerre. Schopenhauer sait que les mots et les arguments sont des poignards dont la pointe peut tuer ; il sait aussi que la seule réalité qui vaille est notre propre victoire, même si le vrai maître du jeu reste finalement le langage et ses ressources infinies.

[2] Distinguer entre les arguments :

ad hominem : Attaquer la cohérence de l'individu dans ses propos ou son comportement.
(Montrer qu'il est insensé.)

ad personam : Attaquer l'adversaire directement dans sa personne en lui opposant ses propres paroles, son statut, ses engagements ou ses propres actes.
(Dénigrer la personne, montrer qu'elle est nulle parce qu'elle a affirmé une opinion ; ou parce qu'elle est grosse, juive, handicapée, noire, etc. ; ou parce qu'elle a commis un geste réprouvé ; ou qu'elle a rompu ses engagements.)

ex concessis : Concéder un point pour y fonder une critique dévastatrice.
(Reconnaître l'intelligence de l'adversaire qui prouve sa méchanceté délibérée.)

[3] Pétition de principe : Faute logique par laquelle on considère comme admis ce qui doit être démontré. La pétition de principe s'apparente à un acte de foi étranger à la raison.
Ex. :

Descartes cherche à établir un socle rationnel solide et indéniable pour appuyer l'existence de toute chose. Il fait table rase de toute pensée non fondée (doute hyperbolique). La première préoccupation du philosophe est de prouver sa propre existence. Il commence par affirmer la primauté de la pensée en raisonnant comme ceci : Même si l'univers était néant, si rien n'existait, il me serait impossible de nier que je pense. La pensée n'est donc pas rien : elle prouve mon existence. Il formule ainsi son fameux cogito : Je pense, donc je suis. Pour Descartes, la pensée fonde l'existence (Discours de la méthode, 1637).

Mais cette démonstration n'a pas encore montré ce qui constitue cette chose pensante qu'il nomme « Je ». Les « Je » du cogito sont une pétition de principe. À savoir : Descartes postule l'existence du Je une première fois : Je pense... sur laquelle il s'appuie pour affirmer une seconde fois le même Je dans la même phrase : ... donc Je suis. Descartes amalgame la pensée, le Je et l'existence en une seule et unique entité ; ce postulat boucle donc sur lui-même. C'est ainsi une pétition de principe qui n'a pas encore montré ce qui constitue la chose pensante que le Je est. (On reconnaît ici l'influence du concept chrétien de Trinité sur la pensée du philosophe. Père, Fils et Saint-Esprit correspondant respectivement à l'être, au Je et à la pensée.)

L'existence solipsiste comporte cependant une lacune importante. Elle ne garantit pas l'existence des autres ni celle du monde. Plus tard, dans les Méditations métaphysiques (1641), Descartes formulera un laborieux exposé pour combler cette lacune. Il s'acharnera à prouver l'existence de Dieu pour garantir celle du monde. La preuve définitive se formule ainsi : Qui donc, à part Dieu lui-même — en tant que Créateur universel — aurait-il pu me mettre dans la tête, ou dans celle de ceux qui m'ont transmis l'idée, que Dieu existe ?

Mais là encore, la preuve apparemment rationnelle n'est qu'une pétition de principe, une autoréférence. En prouvant l'existence de Dieu, on n'a pas encore expliqué de quoi est constitué ce Dieu existant. La réflexion ultime se contente de conclure qu'il est nécessaire, sans satisfaire la rationalité qui refuse la foi et les pétitions de principe.

Philo5
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