020518

Religion Sado-Maso

par François Brooks

Bonjour Dan

 

J'ai revisité ton site « www.fetichequebec.com ». Il commence à s'étoffer. Bravo!

 

J'ai pris le temps d'explorer en profondeur le lien de Cortan : www.homestead.com/cortan .

 

Il cherche une maîtresse dominatrice. C'est bizarre mais, dans sa description des rôles, je n'ai pu m'empêcher de faire un lien entre ce qu'il recherche et ce que la religion Catholique m'a appris de Dieu. Son attitude me semble très dévotionnelle, religieuse. C'est comme s'il voulait donner libre cours à son sentiment religieux et, à défaut de connaître Dieu lui-même, il est prêt à se soumettre à une idole qu'il désire vénérer comme si elle était toute-puissante. Il la veut toute-puissante sur lui. Et il a la ferme intention de prendre les moyens nécessaires.

 

Il veut que quelqu'une prenne tous les pouvoirs sur lui... Même le sexe mis en scène ne sert pas tant à jouir qu'à être utilisé comme preuve de soumission totale. La nudité et la sexualité étant de profonds symboles d'intimité, d'intériorité, puisque toujours cachés. N'y a-t-il pas plus belle preuve de soumission que d'offrir (à Dieu) ce qu'on a de plus intime? Encore plus grande cette soumission, si l'esclave (le soumis, comme Cortan le dit) offre de souffrir dans sa chair. Mais, soumission ultime, il offre de souffrir dans son sexe. (perforation de l'urètre, « bondage » du sexe si serré qu'il est devenu violet-noir – comme prêt à se détacher du corps, etc.)

 

Tel que présenté par Cortan, le SM, je le vois comme du RSM (Religieux-Sado-Maso). Ça me fait drôle de penser que, à cette époque où on croit s'être affranchi d'un Maître Catholique, les mêmes sentiments religieux cherchent toujours à s'exprimer et qu'ils trouvent des voies non moins radicales de s'exprimer : souffrance, soumission, humiliation, détachement de soi, abandon, obéissance. Bref, le même vocabulaire utilisé jadis par l'Église pour décrire l'attitude que nous devions adopter envers Dieu. Ça me fait drôle de penser que, à une autre époque, Cortan aurait sans doute été un des plus fervents dévots de sa communauté religieuse, mais que, comme le « Paul Laliberté » de mon texte « Agression religieuse », (que tu peux lire à cet URL  :

  www.philo5.com/Meditations%20publiques/020414%20Agression%20religieuse.htm )

il s'en défendrait peut-être farouchement...

 

* * *

 

Léo Ferré, dans « L'opéra du pauvre », avait mis en scène une prostituée et une religieuse. La religieuse, dans son plaidoyer en faveur de la Dame Nuit, avait revendiqué très éloquemment le privilège de « prendre son pied » avec ses prières la nuit (en toute chasteté). Ce passage m'avait très ému. Aussi drôle que ça puisse paraître, en l'écoutant, je suis parti à pleurer comme une Madeleine. Le lien que Ferré établissait entre la prostituée et la religieuse me semblait si juste alors qu'il m'a toujours été présenté par mon éducation comme antinomique. L'une et l'autre ne cherchent-elles pas la félicitée suprême? L'une l'ayant trouvée par la prière, l'autre par l'orgasme. Ce qui m'a tant touché, je crois, ce n'est pas tellement son respect pour la prostituée (on connaît bien le penchant positif de Léo Ferré en faveur des prostituées) mais l'égal respect qu'il adressait à la religieuse. Dans son interprétation, il démontrait de l'amour autant pour l'une que pour l'autre dans le respect total de l'orientation de chacune. En reconnaissant le caractère sacré de la jouissance, il m'avait donné une leçon d'amour et de liberté... Liberté de laisser l'autre choisir sans le réprouver sur sa manière de jouir.

 

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Toute mon amitié à toi mon Dan.

 

François Brooks