020119

Je crois en Dieu

par François Brooks

Une question revient toujours pour justifier notre absence de foi en Dieu : « Comment Dieu, s'il existait, aurait-il l'audace de laisser faire toutes les ignominies que les nouvelles nous rapportent chaque jour? De toute évidence, si Dieu était bon et bienveillant, il ferait en sorte que toutes les guerres cessent. »

 

Donc, Dieu n'existe pas! CQFD.

 

Dans le texte Pourquoi Dieu laisse-t-il faire le mal?, on personnifie Dieu. On y cite l'évangéliste Jane Clayson (fille de Billy Graham) qui nous explique que, comme on ne permet plus d'enseigner la religion dans les écoles, Dieu ne peut plus agir. Dieu, expulsé de l'école et de nos vies s'est simplement résigné. Il s'est retiré.

 

Dans un le film La vie est belle de Roberto Benigni, son personnage, Guido, apprenti serviteur se demandait jusqu'où il devait s'incliner pour saluer les clients. Son oncle juif lui a simplement répondu : « Servir, c'est l'art suprême ; Dieu est le premier serviteur. Dieu est au service des hommes mais il n'est pas l'esclave de l'humanité. ». Quelle surprise de penser que Dieu est notre serviteur à tous! Et si Dieu ne faisait que ce qu'on lui demande?

 

Il me semble que le problème de la foi ici se pose à l'envers. Nous pensons trop souvent que c'est à Dieu d'agir. Comme si c'était un personnage extérieur qui, à lui seul, un peu comme Superman, pouvait intervenir directement sur les événements qui se produisent. Pour moi, ce Dieu là, de toute évidence, ne peut pas exister. Si c'était le cas, nous ne serions pas libres, mais esclaves d'une autorité à laquelle nous serions forcés de nous conformer. Je pense plutôt que c'est à nous de faire « venir son règne ». Pour que Dieu existe, nous devons en avoir la volonté. Mais quel Dieu appelons-nous à exister? Si mes intentions sont bonnes, si je fais tous les efforts possibles pour être bienveillant, juste, honnête etc. alors peut-être, ce Dieu là prendra-t-il forme dans mes gestes et les événements qui s'en suivront.

 

Désormais, mon attitude ne sera plus de blâmer Dieu pour s'être absenté du monde et avoir laissé les ignominies se produire mais, chaque jour, je me demanderai : « Comment ai-je créé Dieu aujourd'hui ». Dieu étant, de toute évidence, impuissant sans ma détermination à le faire vivre, à le créer. C'est pourquoi la bienveillance divine est une responsabilité personnelle, une disposition intérieure, et non une action de force extérieure.

 

Bien entendu, en être humain que je suis, je faillirai. Et c'est là que j'aurai besoin de foi, d'opiniâtreté et de courage. Je devrai m'entêter à le créer bienveillant, sachant qu'il peut exister un peu plus si je m'y acharne.