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Bon père Noël de famille ou père mesquin ?

par François Brooks

Donner des cadeaux, ça m'a toujours un peu embarrassé. D'abord, j'ai peur que mon récipiendaire se sente mal à l'aise de devenir mon obligé. Ensuite, j'ai souvent investi des fortunes d'ingéniosité et de recherche en temps pour trouver un cadeau qui n'est pas apprécié. Aussi, ça me coûte parfois beaucoup d'argent puisque je donne souvent ce que je voudrais recevoir. Et comme je me dis à chaque fois que, “Charité bien ordonnée...” ou “On ne peut donner que ce que l'on a.” , j'achète alors le cadeau en double : un pour moi et un pour donner.

 

Mais cette année, j'ai décidé d'être simplement “mesquin” avec mes enfants et les cousins : Chacun recevra une enveloppe qui contiendra un montant suffisant (égal pour tous avec une légère plus-value à mes enfants) à leur mettre un sourire dans le visage pour le temps que durera leur visite chez-moi.

 

Et du coup, j'ai l'impression de leur faire le cadeau le plus approprié : Une pierre deux coups. D'abord j'esquive les interminables recherches “du” cadeau approprié à chacun et de l'équilibre des coûts (la foutue justice). Ensuite j'évite les fastidieux emballages qui me  prennent à chaque fois une journée complète quand ce n'est pas plus. Et, pour eux, je leur donne ce qui est le plus rare dans toute économie : de l'argent ; ils auront l'illusion que je ne m'immisce pas dans leurs désirs privés et que je leur laisse la liberté du choix du cadeau.

 

Après tout, je veux bien recevoir mes enfants, les cousins et ma famille mais ils ne se manifestent que rarement. Je pense quand même qu'ils viendraient me voir une fois l'an, même si je ne leur faisais pas de cadeau. Mais si je dois les voir, je préfère qu'ils ne viennent pas avec leur humeur fortuite du moment. Et puisque j'en ai le pouvoir, aussi bien leur aider les endorphines avec un petit cadeau.

 

Non pas que je n'aime pas mes enfants ou les cousins, ou même mes frères, mais je me sens si peu d'affinités avec eux : nos rencontres m'apparaissent presque mondaines. Nos intérêts sont souvent opposés et une sorte de solitude s'en suit.